Arrivé à la présidence de l’Agence économique régionale depuis quelques semaines maintenant, Jean-Claude Lagrange fait partie de ses élus discrets mais non moins actifs et engagés pour leur territoire. Une carrière politique somme toute longue - il vient d’entamer son cinquième mandat de maire - et consacrée en partie au développement économique qui cache une première carrière d’ingénieur territorial dans la fonction publique. Originaire du bassin minier, c’est à Montceau-les-Mines qu’il a grandi avant de partir pour ses études supérieures.
« Après un baccalauréat plutôt axé industrie, j’ai rejoint l’institut universitaire de technologie de Bourges pour passer un DUT Génie civil, avant d’intégrer une formation d’ingénieur territorial à Dijon », développe-t-il. À l’issue de ses études, Jean-Claude Lagrange rejoint la Communauté urbaine du Creusot-Montceau en tant qu’ingénieur subdivisionnaire. « J’ai beaucoup travaillé, notamment durant la période où ça n’allait encore pas trop mal, sur le développement des zones d’activités de la communauté urbaine. De l’opérationnel qui m’a amené à nouer des liens avec les chefs d’entreprise et à être au plus proche des projets. »
Au coeur de l’action et des décisions
C’est finalement en pleine crise du charbon que Jean-Claude Lagrange, alors membre du Parti socialiste depuis quelques années, prend la décision d’abandonner son statut de fonctionnaire pour s’engager en politique. « J’étais dans un bassin industriel où les luttes sociales, on savait ce que ça voulait dire. J’avais adhéré au Parti socialiste en 1988 par idéologie personnelle. Certes, ce n’était pas le Parti socialiste d’aujourd’hui, mais je suis toujours resté au PS. Je ne fais pas de politique politicienne et je ne me serais jamais vu changer de famille simplement par opportunisme, confie-t-il. À un moment donné, je me suis retrouvé face à un choix : soit je quittais le bassin parce qu’il était en perdition, soit avec d’autres élus, nous essayions de nous impliquer et de trouver des sujets pour redonner une nouvelle image et réindustrialiser le bassin ».
« Dans le domaine économique, les élus doivent être des partenaires, mais ce ne sont pas eux qui créent les usines ni les emplois. »
Une décision qui n’a pas été sans sacrifices : « Il ne faut pas croire, mais même en étant maire et vice-président de la Communauté urbaine, j’ai perdu 30 % de mes revenus, c’était loin du salaire d’ingénieur. Avec mes deux enfants qui faisaient leurs études, heureusement que mon épouse travaillait. » Élu maire de Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire), commune de 4.500 âmes au coeur du bassin minier, Jean-Claude Lagrange s’est rapidement investi en mettant à profit son expérience et ses compétences en matière d’économie.
Redresser une ville sinistrée
« Lorsque j’ai été élu, il y avait tous les problèmes liés à l’après-mines... À l’arrêt de l’exploitation minière, la ville était sinistrée. Nous avons pu rapidement travailler, avec la Communauté urbaine et la ville, sur les questions d’habitat, mais aussi d’urbanisme, des équipements publics à la reconstruction de nouvelles zones d’habitats, par exemple », développe-t-il. Dans cette dynamique, Jean-Claude Lagrange a réintégré la collectivité qui l’employait, mais cette fois en étant successivement élu vice-président en charge du développement économique puis président de la Communauté urbaine du Creusot-Montceau.
« Certains diront peut-être que je n’ai pas assez voyagé, même si aujourd’hui, dans le cadre des fonctions que j’exerce, je bouge beaucoup... J’étais originaire de ce bassin. J’en ai connu les difficultés. Je me sentais non pas redevable, mais, à mon niveau et modestement, j’avais envie de me battre pour mon territoire, témoigne l’élu. Bien sûr, tout cela ne se fait pas seul. Dans le domaine économique, les élus doivent être des partenaires, mais ce ne sont pas eux qui créent les usines ni les emplois ! Si je prends l’exemple, aujourd’hui, du cluster Mecateam. Ce dernier est né d’une rencontre avec un chef d’entreprise, Didier Stainmesse, des enseignants et des élus. L’envie a toujours été la même, travailler pour ce bassin, et plus largement, pour la région ».
Au service de l’économie régionale
Pour répondre à cette envie d’agir pour le développement économique de la région, Jean-Claude Lagrange s’est investi au sein du Conseil régional. D’abord vice-président en charge du développement économique de la région Bourgogne, sous le dernier mandat de François Patriat, au départ de Philippe Baumel, le nouvel élu régional a retrouvé son poste à la fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté sous la première mandature de Marie-Guite Dufay, au départ de Denis Sommer.
« Aujourd’hui, je continue à mettre mes compétences et mon expérience au service de la région »
« Je trouve que l’économie est un sujet aussi exaltant que complexe, argue-t-il. Pendant les cinq dernières années, j’ai eu l’occasion de travailler sur le dossier de la fusion, afin d’établir une cohérence entre les deux régions... La loi Notre (portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République et promulguée le 7 août 2015, Ndlr) a fait qu’il a fallu travailler plus particulièrement avec le territoire. Sans oublier la crise sanitaire de ces deux dernières années, période durant laquelle il a fallu mettre en place des dispositifs de secours, de relance et d’accélération ».
Présidence de l’Agence économique régionale
C’est donc assez naturellement qu’à la réélection de Marie-Guite Dufay en juillet dernier et alors que la vice-présidence à l’économie a été confiée à Nicolas Soret, Jean-Claude Lagrange a accepté de prendre la présidence de l’Agence économique régionale : « L’agence est un véritable outil au service de la région. C’était une opportunité de continuer à travailler ensemble sur des thématiques très opérationnelles. Aujourd’hui, je continue à mettre mes compétences et mon expérience au service de la région, en bonne intelligence avec le nouveau vice-président. »
De quoi assumer de front la mairie, la Communauté urbaine et l’économie régionale avec un certain équilibre et non sans une petite pensée pour la retraite méritée qu’il pourrait bien prendre d’ici quelques années : « Je ne devrais pas, beaucoup me le déconseillent, mais je l’affirme, ce sera mon dernier mandat. Il faut savoir s’arrêter... J’aurai quand même fait cinq mandats de maire et à la fin de mon dernier mandat, j’aurai 70 ans. »