Son père, directeur d’usine Renault, a transmis à son fils, Jean-Luc Perot, son goût pour l’automobile. « J’ai grandi dans les usines et j’ai aimé les machines, l’activité industrielle, la fabrication, l’apport d’une valeur ajoutée et le savoir-faire français qui a d’ailleurs marqué ma carrière » se souvient l’homme de 63 ans. Né à Paris, il passe son enfance dans la Creuse avant de revenir à la capitale pour étudier.
Il intègre l’ESTACA, école supérieure des technologies aéronautiques et de la construction automobile. En 1985, il obtient son diplôme d’ingénieur et, comme son père, entre chez Renault. Responsable d’atelier de montage dans la division poids lourds, il a la charge de s’assurer de l’assemblage de 40 camions chaque jour.
Après quatre ans, il change de voie en rejoignant Thomson comme responsable de montage d’appareils électroménagers. Après différentes évolutions de carrière, du montage au bureau d’étude, il prend la direction générale d’une usine en Vendée spécialisée dans la fabrication de micro-onde. « C’était ma première expérience à la direction d’un site, une véritable business unit avec du marketing, des achats, de la R&D… »
Quelques années plus tard, il retourne dans le monde de l’automobile en rejoignant Faurecia, alors équipementier de PSA. « Nous sommes partis dans le Loiret, au grand dam de mon épouse Frédérique » sourit Jean-Luc Perot qui n’y restera finalement que trois ans.
L’entreprise idéale
A 44 ans, le cadre supérieur s’interroge sur sa carrière et envisage de reprendre une entreprise. « Mon ancien patron, alors associé chez Adventys, m’invite à Seurre pour discuter de mon avenir. » C’était en 2004. Il découvre alors une entreprise tournée vers la fabrication de cartes électroniques, créée en 1999 par un autre ancien salarié de chez Thomson. « Adventys avait tout ce que je cherchais : une marque propre, des produits finis qui me rapprochait de l’électroménager, un outil industriel, un bureau d’étude et une technologie qui ne m’étais pas inconnue. Il faut maitriser son domaine d’activité pour réussir sa reprise. »
En 2005, il rachète l’entreprise qui comptait alors 12 salariés. Majoritaire, il reste toutefois associé aux deux anciens dirigeants, plusieurs années durant. Au-delà des cartes électroniques, l’entreprise se diversifie grâce à sa technologie et les plaques à induction en proposant des produits de cuisson et de maintien au chaud pour les professionnels de la restauration.
Les restaurants, les hôtels mais aussi les snacks, foodtrucks figurent au panel des clients de la société. « Nous fabriquons des produits finis sous notre propre marque mais aussi en marque blanche pour la grande distribution avec des kits intégrant notre technologie à induction pour les fabricants d’appareils à induction. »
Trois lettres pour une démarche
Adventys appuie son concept sur la notion de trois i. « I comme intégration car nous fabriquons tout de A à Z, nous ne sommes que deux en Europe à le faire. Cela comprend nos cartes électroniques, nos bobines à induction en cuivre, notre tôlerie et nos câbles. » Mais aussi i comme international puisqu’Adventys peut se féliciter d’être présente dans 75 pays. En 2022, 40% du chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros étaient ainsi réalisé à l’export.
Enfin, i comme innovation. « Notre bureau d’étude en électronique et mécanique a notamment développé l’induc-stone, brevetée. » Ce système à induction repose sur une pierre qui maintient les plats au chaud sans risque de brûlure.
« Nous ne sommes que deux au monde à proposer cette technologie, c’est notre première vente » se réjouit Jean-Luc Pérot qui vient de signer un contrat avec le stade des Clippers à Los Angeles, se destinant à être un stade à « écologie positive. Cette technologie est bonne pour l’environnement car elle n’utilise pas de gaz, consomme peu d’électricité et ne génère pas de gaz de combustion. »
A l’occasion du salon Sirha, Salon International de la Restauration, de l’Hôtellerie et de l’Alimentation, en janvier 2023, Adventys a profité d’une vitrine mondiale pour exposer ses produits et bénéficier de la renommée du Made in France.
Des projets dans toutes les directions
Devant le succès rencontré, Adventys multiplie les projets. Grâce à France Relance, l’entreprise a investi environ un million d’euros dans un nouveau laser de découpe pour son unité tôlerie et dans l’installation d’une nouvelle ligne mécanisée pour insérer des composants traversants sur les cartes électroniques et assister les opérateurs dans leur tâche.
« Nous réfléchissons aussi à créer une nouvelle usine car nous commençons à être à l’étroit. » En parallèle, de nouveaux concepts sortent de l’esprit du bureau R&D. A côté d’un produit dédié au chocolatier pour assembler les différents aliments d’une pièce, Adventys a imaginé une solution dédiée aux particuliers, Octopus, son barbecue à induction.
« Nous avons également un nouveau produit pour les professionnels, un module de 650 mm de profondeur pour optimiser les surfaces en cuisine. » Pour accompagner le développement de l’entreprise qui compte désormais près de 50 salariés, Jean-Luc Pérot peut compter sur deux de ses trois filles. Depuis dix ans, Mathilde le seconde sur la partie commerciale tandis que Jeanne a rejoint l’équipe il y a trois ans pour gérer l’activité de production mais touche aussi à la comptabilité et aux ressources humaines. La relève semble se profiler.