La muse, la nymphe, la déesse et la fauve… Les parfums de la collection Virevolte veulent montrer toutes les facettes de la femme. Avec sa marque, Julie Desoomer, 38 ans, souhaite revenir à des essences naturelles. Cette dijonnaise d’origine a d’abord fait ses gammes chez un leader des produits lavants. « Après un BTS commerce international aux Arcades et une spécialisation marketing à l’école de commerce BSB, j’ai réalisé un stage au Petit Marseillais en 2007. J’y suis restée dix ans. » D’abord chef de produit international, en charge du développement de la marque à l’étranger, elle rejoint l’équipe France en 2011 pour développer des nouveaux produits et des campagnes de communication.
Alors que l’entreprise, rachetée en 2009 par le groupe américain Johnson & Johnson, profite d’un budget marketing de 15 millions d’euros, elle ne manque pas de moyens pour repositionner la gamme, développer de nouvelles formules, de nouveaux concepts mais aussi développer des campagnes média. À ce poste, elle est également à l’origine de la gamme douche et soin hypoallergénique Le Petit Marseillais.
« Malgré la dimension internationale, je garde le souvenir d’un esprit de PME familiale avec un vrai travail collectif. » Malheureusement, en 2017, le groupe américain décide de fermer le site dijonnais, encourageant Julie Desoomer à chercher une autre voie. « Je savais que j’aurais du mal à trouver le même type de poste. Enceinte de mon second enfant, j’ai eu l’envie d’entreprendre. J’ai opté pour le secteur de l’hygiène et la beauté puisque j’y avais les connaissances, le réseau et surtout l’appétence. »
Entreprendre au naturel
La jeune femme tient toutefois à évoluer dans un environnement intégrant ses valeurs : le végétal, le bio, le naturel mais aussi le made in France et l’écoconception. « Passionnée par la nature, j’ai acheté un jardin avant même d’acheter une maison pour faire pousser des arbres et des fleurs, pour contempler, se ressourcer, observer… ». Constatant la richesse de l’offre de cosmétiques reposant sur le végétal, elle ne peut que voir qu’il n’a pas encore pénétré l’univers du parfum. « Il reste dominé par les grandes marques et elles n’ont pas encore sauté le pas. »
« Et si le vrai luxe reposait sur les belles matières premières, la noblesse du végétal, les savoir-faire locaux... »
Julie Desoomer entend également dépasser certains clichés véhiculés par les publicités du secteur. « La femme est souvent enfermée dans le stéréotype de la femme enfant ou est sexualisée alors qu’elle peut avoir plusieurs facettes et donc plusieurs parfums. » Accompagnée par les incubateurs Les Premières et Deca BFC, elle formalise son projet et donne naissance à Virevolte en 2019 avec le soutien financier de Côte-d’Or Initiative, BPI, France Active et le Conseil régional. En partenariat avec un parfumeur installé à côté de Grasse, elle imagine les quatre parfums qui composent sa gamme.
« Nous avons fait une sélection d’ingrédients qui nous permet de proposer des parfums naturels à 99,9 %, seul un ingrédient imposé pour la sécurité des consommateurs empêche d’atteindre la totalité. » Alors que la parfumerie conventionnelle peut choisir parmi 5.000 ingrédients, en incluant les produits de synthèse, la parfumerie naturelle ne peut compter que sur 500 matières premières. En septembre 2020, elle lance enfin les préventes sur Ulule et dépasse l’objectif fixé, confirmant le potentiel de la marque.
Une gamme, quatre profils
Chacune des fragrances Virevolte reflète ainsi quatre facettes de la femme avec quatre univers olfactifs marqués. « Les envies varient selon l’humeur. Le parfum relève autant d’une identité que des émotions. » Le noir délit évoque la muse avec son chocolat et ses ingrédients gourmands, le rose métamorphose apporte le pétillant des agrumes pour rendre hommage à la nymphe, l’orée dorée se veut plus floral pour la déesse tandis que le parfum vert désert fait appel à des senteurs boisés pour la femme fauve qui sommeille en chacune.
En attendant que d’autres ne s’ajoutent, aujourd’hui, 70 magasins partout en France, de la boutique de cosmétiques naturels au fleuriste en passant par les concepts stores, et les spas, vendent ces produits. Les Galeries Lafayette de Dijon tout comme les boutiques Chouette France et Jeanine Shop s’inscrivent dans la liste. « Le chiffre d’affaires de 100.000 euros est en hausse régulière. »
Virevolte propose deux formats pour ses contenants et mise sur des prix plus accessibles que ses concurrents célèbres. « Nos parfums s’adressent à ceux qui veulent donner du sens à leur consommation, qui optent pour du naturel et du local et veulent soutenir les petits commerçants. » Par ailleurs, Julie Desoomer prévoit de créer d’autres produits pour enrichir sa gamme : parfum pour homme, soin hydratant sont ainsi en réflexion. « La cosmétique de luxe se paie au prix fort. Et si le vrai luxe reposait sur les belles matières premières, la noblesse du végétal, les savoir-faire locaux ancestraux associés aux nouvelles technologies green et clean : un luxe à la fois respectueux et durable. »