« Génération 85 ! » sourit Julien Chauvenet, l’un des deux co-fondateurs de la chaine de restauration Foodies, derrière sa barbe et sous sa casquette au nom de l’entreprise. Lui et son associé, Charles Vinet, ont en commun leur année de naissance, leur ville d’origine, Dijon, ainsi qu’un parcours tourné vers la gastronomie. Petit-fils de boucher-charcutier, Julien Chauvenet a rejoint le CFA La Noue pour y suivre un cursus de pâtisserie qu’il a complété d’un diplôme de l’école nationale supérieur de pâtisserie. De son côté, Charles Vinet a entamé son parcours par des études hôtelières au lycée Saint-Bénigne avant de poursuivre par un BEP et un Bac technologique hôtelier. Ses diplômes en poche, il part à Reims dans un relais château tenu par le bras droit d’Alain Ducasse en tant que commis de cuisine. Pendant trois ans, il découvrira les différents postes de la cuisine et l’exigence des étoilés avant de rejoindre la brigade d’une autre étoilée, Anne-Sophie Pic à Valence en tant que chef de parti.
Pendant ce temps, Julien Chauvenet débute comme chef pâtissier remplaçant à la Cloche puis restera dans différents établissements du groupe Sofitel, notamment aux Antilles. « On s’est croisé » s’amuse Charles Vinet qui a choisi de faire escale à Saint-Barthélémy pendant que son futur associé était lui à Saint-Martin. Après différentes expériences respectives dans la restauration gastronomique, les deux hommes, tous deux de retour sur leur terre natale, se retrouvent à l’Auberge de la Charme à Prenois en 2012. « On faisait un bon binôme, on s’est bien entendu. On s’est dit pourquoi ne pas travailler pour nous » explique Julien Chauvenet. « On voulait rester dans la gastronomie mais ça demandait des moyens que nous n’avions pas. »
L’aventure Foodies
En 2014, ils montent un foodtruck avait l’idée première d’amonceler les euros nécessaires à leurs ambitions. « Au début, nous faisions des plats sortant de la gastronomie que nous connaissions et quelques burgers. Devant l’engouement, nous avons mis l’accent sur les burgers » se souvient Julien Chauvenet. Dès le début, les deux hommes s’appuient sur un laboratoire pour tout réaliser, à l’exception des pains et des frites. En 2015, ils engagent le premier d’une longue série de salariés. En 2016, ils mettent un deuxième foodtruck dans les rues de Dijon. La clientèle répond présente puisque chaque jour, chaque camion vend 150 burgers. En 2018, Foodies ouvre son premier restaurant rue François Rude.
« Cela fait dix ans que nous travaillons ensemble, c’est naturel et nous sommes complémentaires. »
« Nous avions des difficultés pour recruter du personnel pour les foodtrucks et nous avions l’envie de poser l’enseigne en centre-ville. L’opportunité s’est présentée, nous l’avons saisie. » Les deux associés conçoivent toutes les recettes, Julien Chauvenet mettant en particulier son savoir-faire au service des pâtisseries, mais élaborant ensemble notamment les incontournables hamburgers Foodies et Burgundy. « Nous avons élargi notre offre avec notre version de la poutine canadienne à laquelle nous avons apporté une connotation locale » précise Charles Vinet.
Un succès qui ne se dément pas
En 2020, confronté au Covid, Foodies propose ses recettes à emporter, pouvant une fois de plus se réjouir de la fidélité de ses clients. « On a profité de la période pour chercher un deuxième emplacement pour un autre restaurant. Nous avons trouvé cette coque vide face à la Cité de la Gastronomie » explique Charles Vinet alors que l’entreprise a débloqué 230 000 euros dans ce nouveau restaurant. La proximité de la nouvelle Cité, d’un nouveau quartier avec ses résidences étudiantes, ses logements, son cinéma contribuent à faire de l’adresse un succès. Chaque jour, entre 100 et 150 burgers y sont vendus. Désormais l’équipe de Foodies se porte à 30 salariés, l’entreprise affichant un chiffre d’affaires de 2,7 millions d’euros.
« Notre constance fait la réputation de Foodies ainsi que les produits frais que nous utilisons, au maximum locaux. » Le succès de Foodies se traduit aussi à l’échelle nationale puisque les équipes participent régulièrement à des concours. Dernier en date, Kevin Muin, l’un des collaborateurs, a fini à la seconde place du championnat de France du burger. « C’est important pour nous que nos équipes se challenge et développe leur créativité. Nous travaillons leur recette en équipe » détaille Julien Chauvenet qui n’exclue pas, pour sa part, de participer au prochain championnat du monde du burger.
Une complémentarité et des idées
Au quotidien, les deux associés, Charles le bosseur et Julien le créatif, ne cloisonnent pas les activités, préférant partager leur point de vue. « Cela fait dix ans que nous travaillons ensemble, c’est naturel et nous sommes complémentaires. On échange, on s’interroge sur chaque décision à prendre » insiste Charles Vinet. Dernière décision commune, celle de déménager le laboratoire pour passer d’un espace de 150 à 600 mètres carrés tant pour le confort des équipes que pour poursuivre le développement, les équipements actuels étant arrivés au maximum de leur capacité.