Kalina Raskin, directrice générale du Ceebios, dédié au biomimétisme
Dossier spécial égalité.
Elle dirige depuis 10 ans le Centre d’études et d’expertises dédié au déploiement du biomimétisme en France (Ceebios) et mène de front sa carrière professionnelle et sa vie personnelle avec une énergie débordante et une volonté farouche d’ouvrir en grand le champ des possibles. Preuve en est, depuis 18 mois, elle « expérimente » en famille le projet d’habitat groupé de l’écodomaine des Gilats, près de Toucy.
« Ce mode de vie en milieu rural nous correspond parfaitement », précise simplement Kalina Raskin. Ingénieure physico-chimiste diplômée de l’ESPCI-Paristech - longtemps dirigé par le prix Nobel de physique Pierre-Gilles De Gennes « grand défenseur de l’interdisciplinarité dans le monde scientifique » - et docteur en neurosciences à l’université de la Sorbonne, la quadragénaire s’est fixé pour ambition de porter la France au rang des pionniers dans la recherche et le développement du biomimétisme comme outil de la transition écologique. « Le rôle du Ceebios est de promouvoir une innovation technologique et industrielle responsable en s’inspirant du vivant et en tenant compte des grands enjeux climatiques de notre temps. »
« Il faut avoir l’audace de sortir de sa zone de confort et de se challenger malgré les conséquences qui peuvent parfois en découler. Il n’y a qu’en tombant qu’on apprend à marcher ! »
Dans un univers longtemps chasse gardée de la gent masculine, Kalina Raskin a su se tracer un itinéraire singulier à force de travail, mais aussi de caractère, n’hésitant pas à emprunter des « bifurcations » dans les différentes disciplines fondamentales. « Mon parcours reflète les statistiques nationales », concède-t-elle. « Au-delà du petit machisme ordinaire, j’ai eu la chance que, dans le monde de la recherche scientifique, être une femme n’ait pas beaucoup d’importance puisqu’il faut sans cesse se justifier sur son expertise. Le monde académique force de fait à l’humilité et à travailler sur l’ego. » Au sein du Ceebios, sa grande complémentarité lui permet aujourd’hui de dialoguer aisément avec une grande diversité d’interlocuteurs issus de la recherche, bien évidemment, mais aussi de l’industrie et des pouvoirs publics. Si les travaux sur le biomimétisme et l’écoconception l’amènent régulièrement à s’éloigner de son nouveau port d’attache, Kalina Raskin ambitionne de développer plusieurs projets en Puisaye-Forterre, et plus loin en Bourgogne. Sa brillante carrière universitaire et ses responsabilités au sein d’une organisation inédite pourraient avoir valeur d’exemple au pays de Colett.