Féminine, souriante et dynamique, Karine Perraud, 55 ans, reconnaît avoir l’âme d’une entrepreneuse, se sentant plus à l’aise dans ce rôle que dans celui d’une salariée. Née à Chenôve, elle s’oriente deux ans en technique de laboratoire mais ne s’épanouit pas dans les univers de la physique, la chimie ou encore la biologie, préférant prendre la direction du commerce.
Après son bac, elle intègre le centre des praticiens de la commercialisation, une filière de l’école de commerce de Dijon.
« J’ai réalisé mon stage de fin d’études comme commerciale dans une entreprise de vente de photocopieurs » se souvient la dirigeante de Perrbal. Très vite le rôle de salariée ne la satisfait pas.
À 23 ans, elle rejoint une pépinière d’entreprises et se lance dans une première aventure entrepreneuriale, s’appuyant sur l’expérience acquise dans le domaine de la vente de photocopieurs.
Après trois ans, elle cède ses parts à son associé. « L’activité de commerciale n’était plus en adéquation avec mon rôle de mère. »
Avec l’ambition d’aider son époux Éric Perraud dans le développement de sa structure, elle reprend des cours du soir au CNAM pour acquérir des compétences en droit. En 2002, elle intègre l’entreprise de transport de son époux pour l’épauler comme responsable des ressources humaines.
La société proposant de la location de matériel avec chauffeur pour les professionnels comptait alors une dizaine de salariés, contre 45 aujourd’hui, avec en plus une activité de terrassement.
Vers le balayage
En 2017, le couple rachète l’entreprise de balayage BLS avec l’idée de diversifier encore ses activités à destination des professionnels et des collectivités. « Nous nous sommes répartis les missions. Éric s’occupe de son entreprise historique, je m’emploie pour ma part à développer Perrbal depuis 2020. »
Peu à peu l’entreprise s’est développée pour compter désormais cinq salariés. Alors qu’elle n’avait que trois balayeuses au moment de la reprise, Perrbal a investi près d’un million d’euros pour disposer désormais d’une flotte de six.
Au quotidien, Perrbal offre une activité de nettoyage. Les entreprises des travaux publics font appel à Karine Perraud et son équipe pour intervenir sur les chantiers avant, pendant et après les opérations de rabotage ou d’enrobés.
« On travaille avec les grands acteurs locaux, régionaux mais aussi les filiales des acteurs nationaux. »
Auprès des collectivités, l’entreprise participe de la propreté de la voirie. Elle a ainsi obtenu le marché du territoire de Dijon Métropole en renfort de ses services mais oeuvre auprès d’une centaine de communes en Côte-d’Or et dans les départements voisins.
En effet, de moins en moins de collectivités peuvent s’appuyer sur les services d’un cantonnier ou d’un service propreté que ce soit par manque de budget ou de personnel. « Le bouche-à-oreille et les recommandations nous ont permis d’intervenir dans plusieurs communes. » Doucement mais sûrement, Perrbal est devenu un partenaire privilégié des territoires.
« Ce n’est pas toujours évident de se faire une place en tant que femme dans un univers passionnant mais encore très masculin que sont les travaux publics. Mais je vois que les mentalités évoluent grâce à certains chefs d’entreprise qui respectent le travail que je réalise avec Perrbal. »
Envisager l’avenir
En développant cette activité de nettoyage, notamment dans les communes, Perrbal s’est retrouvée confrontée à une problématique de tri. « Un déchet en contact avec les réseaux routiers ne peut plus suivre la même filière de tri », précise la professionnelle du secteur.
Au gré des interventions, Perrbal cumule les mégots, papiers ou encore des feuilles qui sont alors tous considérés comme pollués aux hydrocarbures. Cette voie spécifique empruntée représente un enjeu à la fois environnemental et financier tant pour les élus que la filière du nettoyage.
Pour la cheffe d’entreprise, la pédagogie reste une première étape indispensable. « L’idéal serait que les gens prennent conscience du coût et de leur impact afin qu’ils ne jettent plus sur les voies. La nature est l’affaire de tous, entreprises et particuliers. »
Consciente que cela ne suffit pas à éradiquer cette problématique récurrente, elle réfléchit à une plateforme de tri dédiée à ces déchets spécifiques. Pour donner vie à son idée, elle espère réunir les partenaires financiers nécessaires. « J’ai des idées pour faire avancer les choses mais je ne peux pas le faire seule ! » sourit Karine Perraud.
Une fierté personnelle
Depuis qu’elle dirige Perrbal, Karine Perraud s’implique, ne comptant pas ses heures, son fidèle husky couché à ses pieds. Cette brune au caractère bien trempé n’en reste pas moins humble quant à la réussite de l’entreprise, insistant sur le rôle des équipes et agissant souvent dans l’ombre du travail des hommes qu’elle emploie.
« Cette entreprise, c’est ma fierté, j’aimerais la voir grandir et continuer à se développer. » Quand elle n’est pas derrière son bureau ou accrochée à son téléphone, elle partage avec ses deux filles une passion pour l’équitation.