Lionel Vuittenez
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Lionel Vuittenez

Des routes aux voies navigables

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Nouveau directeur territorial Centre-Bourgogne de VNF, Lionel Vuittenez a la mission de moderniser le patrimoine hydraulique du territoire. (Crédit : JDP)

Anneau noir à l’oreille droite, lunettes rondes voyantes sur le nez, Lionel Vuittenez dénote de l’image que l’inconscient collectif pourrait se faire d’un responsable de la fonction publique. Vosgien d’origine, il y a pourtant consacré toute sa carrière. Attiré par la matière scientifique, la physique en particulier, et l’envie de résoudre les problèmes, ce bricoleur averti opte pour une prépa scientifique de deux ans à Nancy. Il passe ensuite les concours d’école d’ingénieur et intègre l’école nationale des travaux publics de l’Etat. « À l’époque, elle dépendait du ministère de l’Equipement et relève désormais de celui de l’Écologie », précise Lionel Vuittenez. L’établissement de Vaulx-en-Velin forme aussi bien les ingénieurs du secteur privé que ceux de la fonction publique désireux de travailler dans la voirie, l’aménagement du territoire, l’environnement, l’assainissement ou encore la ressource hydraulique. Son diplôme en poche, en 1997, il passe par la case service militaire où il s’adonne à sa passion pour les sports de montagne en formant les militaires à l’escalade et l’alpinisme.

L’heure de bosser

« À un moment, il faut se lancer dans la vie active. » Il rejoint alors la direction départementale de l’équipement, DDE, de Haute-Marne en 1998. « Je m’occupais de la subdivision de Chaumont. J’étais en charge des questions de route, d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de navigation. » À la tête d’une équipe de 90 personnes, il découvre le management. « Je ne savais pas si ça me plairait, ni si je saurais faire mais j’aime les gens et ça a bien marché. Le management a d’ailleurs orienté une grande partie de ma carrière. » En 2003, avec son épouse qui a suivi la même formation, ils cherchent de nouveaux challenges professionnels. « Nous étions plutôt guidés par les postes que par les territoires même si dans les territoires plus ruraux nous sentions plus notre utilité. » Le couple s’installe alors en Saône-et-Loire et Lionel Vuittenez devient responsable du bureau d’études et travaux neufs de la DDE. « J’ai notamment travaillé sur la branche sud de la RCEA avec les acquisitions foncières qui servent de support aux travaux actuels. » À ce poste jusqu’en 2006, il prend plaisir à approfondir les sujets avec une équipe plus restreinte. « On pouvait prendre le temps de poser les études, de faire les meilleurs choix. »

Évolution continue

Il se voit ensuite proposer le poste de directeur de cabinet du directeur de la DDE. « J’étais en relation avec les élus, le corps préfectoral mais j’ai surtout travaillé sur la fusion entre la DDE et la direction départementale de l’agriculture et de la forêt, DDAF, prévue à partir de 2009. » Friand de l’aspect opérationnel, il accompagnera le processus jusqu’à son terme en 2010 avant de repartir en Haute-Marne où son plan de carrière évolue quand il devient chef de service à la direction départementale des territoires, DDT. « J’avais en charge la gestion de crise, du risque, la sécurité et l’éducation routière, le parc de l’équipement et la navigation. » En 2013, il gagne encore un échelon en tant que directeur des subdivisions à la direction territoriale de voies navigables de France, VNF Rhône-Saône.

« Il faut rester assez pour agir mais pas trop pour ne pas se scléroser. »

Depuis Lyon, il a la responsabilité d’un périmètre qui s’étend de Vesoul à Sète. Sa carrière continue à progresser en 2018 quand il devient directeur adjoint de la direction interdépartementale des routes Centre-Est. « J’associais la gestion d’équipe qui m’intéressait à la dimension opérationnelle. » De l’Aube à la Drôme et de la Savoie à l’Allier, avec son équipe de 750 personnes il gère près de 1.100 kilomètres de route. Son parcours l’aura amené à alterner des postes liés à la navigation et aux routes. « Dans les deux cas, il s’agit de gérer des infrastructures, les travaux, le risque, le patrimoine et l’organisation des équipes. » Avec la loi de décentralisation de 2022, ce poste le plonge dans les dossiers de l’A38 entre Dijon et Pouilly-en-Auxois qui repasse sous la responsabilité du Département et de la RN 274, la rocade entourant Dijon Métropole que la collectivité a également repris.

L’eau, une priorité

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Lionel Vuittenez(Crédits : JDP)

Une nouvelle promotion s’offre à lui et le conduit à devenir directeur territorial Centre-Bourgogne de VNF le 1er septembre 2025. « J’avais envie de changer de sujet. Je crois que c’est important qu’il y ait du mouvement dans les directions. Il faut rester assez pour agir mais pas trop pour ne pas se scléroser. » Soucieux de la question de l’eau, il a rencontré des équipes passionnées et attachées à ce bien commun. « Ma carrière a été guidée par l’opérationnel et la gestion d’équipe mais aussi le développement durable. Il y avait des choses à faire sur les routes mais aussi dans la navigation. » Lionel Vuittenez rappelle que la rareté de l’eau s’impose peu à peu à chacun, interrogeant les pratiques et le partage de la ressource entre les différentes activités. Face aux changements climatiques et à leurs conséquences, les ouvrages de VNF ont un rôle à jouer. « Les voies d’eau et les barrages soutiennent l’étiage des rivières en période de sécheresse tandis qu’en cas d’inondation, nos systèmes absorbent une partie de la crue et réduisent son impact. » Pour le nouveau responsable, la gestion de l’eau et des phénomènes climatiques s’impose comme une priorité. « Cela passe par la réduction des fuites sur les ouvrages et leur réparation. Nous avons 1 200 kilomètres de voies d’eau de 200 ans de moyenne d’âge, 450 écluses et 53 barrages. Nous devons ensuite moderniser et instrumenter l’ensemble pour affiner notre gestion. » VNF consacrera 25 M€ par an sur dix ans à cette modernisation tandis que les barrages profiteront d’enveloppes complémentaires comme celui de Panthier qui bénéficiera de 15 M€ de travaux dès 2026. Lionel Vuittenez insiste également sur le travail de partenariat à mener avec les collectivités dans un intérêt commun, celui de la valorisation du territoire et de son patrimoine hydraulique.