Madame Nesquik
Invités / Entretiens

Madame Nesquik

Céline Coste. D’abord stagiaire, elle dirige, près de vingt ans plus tard, l’usine Nestlé où elle avait fait ses débuts sur ses terres natales, à Pontarlier. Dans l’usine qui fabrique la fameuse poudre au cacao du groupe, elle s’emploie à encourager la féminisation de l’industrie.

Lecture 7 min
Photo de Céline Coste directrice d'usine Nesquik
En poste depuis un peu plus d’un an, la directrice d’usine dresse un bilan positif de cette nouvelle expérience professionnelle. « C’est un métier intéressant qui se construit dans le parcours. J’apprécie le contact avec ce produit emblématique. J’aime aussi la gestion de cette équipe que j’ai à coeur d’emmener sur différents types de projet. On touche à tous les domaines. » (Crédit : JDP)

Saviez-vous que le Nesquik et son emblématique boîte jaune sont produits à Pontarlier depuis 1961 ? Céline Coste dirige cette usine dont sortent chaque jour 260 000 boîtes remplies de la célèbre poudre au cacao depuis mai 2023. À 46 ans, elle porte la responsabilité du site où elle a débuté en tant que stagiaire. Née à Pontarlier, son premier contact avec l’industrie s’est fait par l’intermédiaire de ses parents, l’un d’eux travaillant en usine. Après son bac, cette brune aux cheveux courts et au large sourire rejoint l’école d’ingénieur en agro-alimentaire de Nantes. « Dès le collège, je voulais faire carrière dans l’alimentaire, ça a été une ligne directrice pour moi. J’ai un goût pour la cuisine et j’ai toujours été intéressée par la filière, dans une région marquée par une industrie alimentaire forte avec de jolis produits. »

À l’issue de son parcours, plusieurs portes se sont ouvertes à elle pour réaliser son stage de fin d’études. Elle a choisi de rejoindre le service qualité de l’usine Nestlé à quelques encablures de sa maison d’enfance, à Pontarlier. Elle ne quittera plus le groupe. En 2002, elle a occupé ses premières fonctions en tant qu’ingénieur qualité à Dieppe. Elle a enchaîné avec différentes fonctions, passant de responsable de la supply chain à Pontarlier ou ailleurs, à responsable de production, responsable de l’amélioration continue, puis responsable de conditionnement en Suisse. En mai 2023, elle est revenue à Pontarlier pour prendre la direction de l’usine qui l’a accueillie pendant ses études. « Je suis relativement curieuse, donc j’ai vu d’autres aspects du métier, d’autres fonctions de l’agro-alimentaire. J’ai été formée et accompagnée dans ces parcours riches. Je souhaite, à mon tour, mettre en place cette façon de faire. » Sur les 14 usines de Nestlé en France, un quart est dirigé par une femme.

La place des femmes

À la tête d’une équipe de 225 personnes, Céline Coste s’emploie à créer des passerelles entre les différentes fonctions. Avec seulement 33 % d’effectif féminin, elle s’engage à relever le défi de la féminisation de l’industrie. « Il faut des rôles modèles pour les jeunes filles, c’est un point intéressant à travailler. Je veux partager mon expérience, mais aussi des profils au sein de mes équipes. J’ai à cœur de mettre l’accent sur la mixité et la diversité. »

« Dès le collège, je voulais faire carrière dans l’alimentaire, ça a été une ligne directrice pour moi. »

Alors que l’usine Nestlé de Pontarlier fabrique aussi bien la poudre cacao qui a marqué de nombreuses enfances que les boîtes jaunes en plastique qui la contiennent, la directrice de site se réjouit de la diversité des postes proposés, de la technique à la maintenance, de la production à la qualité, de la logistique aux fonctions support. « Nous avons des femmes aussi bien dans l’opérationnel que parmi les cadres. »

Pour valoriser ces parcours, Nestlé France participait récemment, pour la deuxième année, à l’initiative de l’association « Elles Bougent » afin de sensibiliser des jeunes filles aux métiers de l’industrie. En novembre 2024, Céline Coste et ses collaboratrices ont donc accueilli 25 collégiennes afin de leur présenter les métiers du site, mais aussi différents profils. « Nous voulons donner de la visibilité sur ces parcours pour qu’elles fassent leur choix d’orientation en les connaissant. Nous voulons déconstruire les stéréotypes de l’industrie. » Nestlé recrute en France 120 stagiaires et alternants en moyenne chaque année dans ses usines. « On travaille à développer l’alternance », insiste Céline Coste. Le groupe s’engage à atteindre 30 % de femmes dans les postes de direction de la filière opérations en 2025 contre 14 % en 2020. « L’an dernier, pour la première édition à Dieppe, sur 20 lycéennes reçues, quatre ont fait le choix de l’industrie. Nous ne sommes pas seuls à avoir motivé ce choix, mais nous espérons y avoir un peu contribué », sourit la directrice.

Entre raison et passion

En poste depuis un peu plus d’un an, Céline Coste dresse un bilan positif de cette nouvelle expérience professionnelle. « C’est un métier intéressant qui se construit dans le parcours. J’apprécie le contact avec ce produit emblématique. J’aime aussi la gestion de cette équipe que j’ai à cœur d’emmener sur différents types de projets. On touche à tous les domaines. » À l’écoute de ses collaborateurs, la directrice d’usine s’appuie sur sa connaissance du terrain grâce aux différents postes qu’elle a occupés pour répondre à leurs besoins, en constante évolution. « Le propre d’une équipe, c’est d’échanger avec les experts des différents domaines pour s’enrichir. Je sais que j’ai encore des choses à découvrir sur mon poste et que j’ai encore à grandir. » Derrière l’image de la femme posée, pragmatique et sereine, se cache une passionnée. « J’aime la cuisine. Ma curiosité m’emmène aussi bien dans le traditionnel que dans la découverte de choses plus hétéroclites. Je ne m’enferme pas. » Au-delà du plaisir gustatif, Céline Coste trouve son appétence pour la cuisine dans les moments de convivialité qui en découlent. Une relation à l’autre qu’elle applique dans son management au quotidien.