Mathis Meunier
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Mathis Meunier

Son affaire est dans le sac.

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Aujourd’hui, Mathis Meunier s’investit à 100% dans le développement de son entreprise qu’il n’envisage pas de délocaliser hors de Dijon. (Crédit : Atelier des Légendes)

Il avait le parcours tout tracé du sportif de haut niveau : fils d’une mère handballeuse professionnelle et d’un père qui a toujours baigné dans le sport - notamment ancien directeur exécutif de la JDA -, Mathis Meunier commence le basket dès son plus jeune âge. « Au collège, j’entre au pôle espoir, puis au lycée j’entre au centre de formation de la JDA en section sport-études, retrace-t-il. J’avais vraiment pour objectif de devenir pro ». Mais à 19 ans, après une succession de blessures, son corps ne suit plus. Le jeune homme au physique élancé doit abandonner son rêve et regagner les bancs de l’école. « Je commence un BTS SAM (Support à l’action managériale, Ndlr) puis on me propose rapidement de reprendre le basket dans le sud de la France. Je décide de refuser et de poursuivre les études. C’est sympa aussi d’avoir une vie normale, avec plus de stabilité. Et puis ça me permettait de rester proche de ma famille ». Diplômé sans difficulté durant la période Covid - « On m’a donné mon BTS », sourit-il -, Mathis intègre l’entreprise familiale, Planète Communication, fondée en 2015 par son père Olivier.

Parmi les plus grands

« On arrive fin 2022 : c’est à ce moment qu’on a l’idée de produire des sacs de sport à partir de maillots, témoigne Mathis Meunier. Mon père avait plein de maillots de sportifs qu’il avait connus au cours de sa carrière, alors ça nous faisait une base pour les premiers prototypes. Je me suis rapproché d’un copain couturier, et au début on s’est débrouillés pour tout mettre en place ». Les premières ébauches sont offertes aux sportifs concernés : Mathis souhaite ainsi tester sa proposition tout en commençant à se faire connaître. « Ça prend rapidement parce qu’on avait déjà quelques contacts, explique-t-il. Le milieu du sport est restreint donc on est vite connus : on reçoit des demandes de la part de Véronique Pecqueux-Rolland (handball), Julien Friet (rugby), et plus tard d’Éric Carrière (football) ».

En avril 2023, Mathis Meunier lance l’Atelier des Légendes, sa première société. « Le projet plaît tout de suite à notre cible de sportifs, et on reçoit même finalement des demandes de particuliers. » Le processus de production – « entièrement local et artisanal » - est affiné et professionnalisé. Les sacs sont produits à la demande et sur-mesure ; « en général le client fournit le maillot ; sinon, on travaille avec la société “Unbonmaillot” avec laquelle on a un accord pour récupérer les grandes tailles qu’ils n’arrivent pas à vendre. L’idée serait, à terme, de travailler directement avec les clubs ».

C’est en octobre que la jeune entreprise reçoit un premier grand coup de projecteur : « À l’occasion des “Festivités des Vins Coeur”, à Beaune, Zinédine Zidane nous offre un de ses maillots dédicacés pour que nous en fassions un sac, raconte Mathis Meunier. Il a ensuite été vendu aux enchères pour 16.000€ au profit de l’association “Le Repère d’Idézen” qui vise à soutenir les femmes touchées par le cancer ».

« Je veux garder l’idée que c’est un produit unique, fait de manière éthique, locale et artisanale. »

Un mois plus tard, c’est autour du club de football de l’Olympique de Marseille de s’intéresser aux créations de l’Atelier des Légendes. « Il faut savoir qu’on fait du contenu sur les réseaux sociaux à chaque sac que l’on fait, précise l’entrepreneur. Un jour, je reçois un message de l’OM qui me propose de republier ma vidéo où on produit un sac à partir d’un de leurs maillots. »

Avec plus de trois millions d’abonnés au compteur, le club permet à Mathis Meunier de toucher un public encore plus large : « À partir de là on commence à vendre pas mal à Marseille - même si notre cible est un peu plus âgée que les personnes qui ont vu notre vidéo. On a eu un petit boost, surtout que c’est tombé peu avant la période de Noël ». Mathis Meunier conclut sa première année d’entrepreneuriat avec un chiffre d’affaires de 60.000€ ; « on vendait 7 ou 8 sacs par mois (environ 450€ l’unité, Ndlr). Dans la vision du projet, il n’y a pas d’intérêt à ce que l’on en vende 800 : je veux garder l’idée que c’est un produit unique, fait de manière éthique, locale et artisanale », insiste-t-il.

Vers de nouveaux projets

Aujourd’hui, Mathis Meunier s’investit à 100% dans le développement de son entreprise qu’il n’envisage pas de délocaliser hors de Dijon. « Je me rends compte qu’on est pas si mal ici ! Au début, j’avais peur que le nombre de clients potentiels soit limité, avoue le chef d’entreprise. Mais en fait, on travaille sur tellement de sports - foot, basket, handball, rugby et même sport automobile -, que notre cible est plutôt large. On a certes des tarifs élevés pour les particuliers, mais pour un sportif qui souhaite s’offrir un souvenir unique, c’est relativement abordable. On voudrait pouvoir toucher le mec qui joue en cinquième division comme celui qui joue en Ligue 1 ».

Après un nouveau partenariat de renom avec le club des Chicago Bulls (NBA) – qui a notamment fourni un maillot dédicacé du basketteur français Joakim Noah, retraité depuis 2021 -, l’Atelier des Légendes enrichit son offre et propose désormais des sacs de voyage, des sacs à dos ou des trousses de toilettes, sur-mesure et à la demande. « On a de plus en plus de demandes d’entreprises qui souhaitent faire des cadeaux clients ou des cadeaux employés. C’est un vrai moyen de créer des pièces uniques. »

Celui qui s’occupe pour le moment du marketing, de la comptabilité et des relations clients de son entreprise envisage désormais de mettre la main à la pâte : « On nous a proposé de mettre en place un workshop sur Paris, mais je veux savoir monter un sac d’abord pour pouvoir l’animer. D’après ce qu’on m’a dit, cela devrait me prendre 50 heures pour apprendre à coudre : je pense que c’est bien de savoir tout faire, et je suis bien accompagné pour ça ».