Michel Guijo
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Michel Guijo

Autunois passionné.

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« Malgré mon trac, j’ai joué toute la saison. Et j’ai adoré ça ! Cette expérience a contribué à développer mon intérêt pour ma ville natale. » (Crédit : JDP)

Écouter Michael Guijo évoquer sa passion pour l’histoire en général et pour celle d’Autun en particulier, c’est comprendre des années d’engagement sans faille au sein d’une des plus importantes associations culturelles de la cité éduenne, l’Association du spectacle historique d’Autun (ASHA). Rien ne le prédestinait à cela ! « J’avais 14 ans ! J’étais timide et introverti. J’ai cédé aux pressions familiales ! »

Il poursuit : « Je suis Autunois. Dans ma famille on appréciait Augustodunum. Mon frère, Stéphane, avait intégré la troupe. Je l’ai rejoint. » En 1988, le jeune Michael un costume de centurion pour le spectacle Il était une fois Augustodunum. C’est le déclic. L’ambiance, la convivialité le séduisent. Le cadre magique du théâtre antique fera le reste : « J’étais au coeur de quelque chose d’inédit. Malgré mon trac, j’ai joué toute la saison. Et j’ai adoré ça ! Cette expérience a contribué à développer mon intérêt pour ma ville natale. »

« M’investir a été une évidence »

Michael Guijo l’avoue : « Je n’aurais jamais imaginé devenir un jour président d’une telle structure. J’en suis très fier. On a vraiment soulevé des montagnes ! Quelle aventure collégiale avant tout. » Après une première saison, en 1998, il s’engage activement dans l’entreprise. « M’investir a été une évidence. Cela s’est fait étape par étape. »

Outre la scène qui l’amuse et où il retrouve des camarades de jeu entre fin juillet et début août, il entre dans les coulisses du spectacle. L’équipe devient sa seconde famille. Tout le fascine : la fabrication des centaines de costumes, la création de A à Z des dizaines de décors somptueux, les répétitions, le choix des différents effets spéciaux grandioses ou l’art de la pyrotechnie. Et viennent les questions : Comment créé-t-on un événement aussi féerique ? Comment puis-je aider plus activement ?

Des rencontres enrichissantes

L’engagement humain que représente Augusto le touche tout autant : les hommes et les femmes qui s’investissent dans l’ombre, l’implication des nombreux partenaires qui défendent ou financent un tel spectacle… Il rencontre les élus, les acteurs de l’évènement. Il s’intéresse au travail d’écriture et à celui de la mise en scène. Il tisse des liens indéfectibles avec Florence Heuillard, scénariste, historienne agrégée, femme politique qui s’est engagée dès le départ, en 1985, dans la création de ce pari fou.

Il se rapproche aussi de Jean-Claude Baudoin, célèbre metteur en scène de spectacles historiques, natif de Nice, si éperdument tombé amoureux d’Autun qu’il a travaillé sur tous les spectacles : Il étaitune fois Augustodunum, La Quête de la Paix, Jules César, Entre Ombre et Lumière et Les Portes du Temps… « Ce sont deux personnalités qui m’ont tellement enrichi, tellement appris. Je cite leurs noms mais en réalité, je pourrais citer le nom de tous ceux que j’ai croisés. Ils m’ont tous donné envie d’être à leurs côtés. Pour ne citer qu’un exemple, je suis tellement séduit par le travail d’écriture de Florence, érudit et précis. J’aime sa manière particulière d’aborder deux mille ans d’Histoire et Jean-Claude parvient à chaque fois à magnifier son talent par ses mises en scène successives. Je l’avoue, je suis tombé dans le chaudron ! Et c’était magique ! »

En 2005, Michael Guijo enfile le costume de responsable de la communication. « J’avais des idées et parfois un autre point de vue. »

« Je voulais que l’évènement grandisse, que les spectateurs affluent bien au-delà des frontières locales. »

« Même si tout n’a pas été facile, s’il y a eu du stress, des hauts et des bas, on m’a fait confiance. » Président de l’ASHA de 2008 à 2020, il va contribuer à porter le spectacle à son sommet : 13.000 spectateurs en 2022 pour un budget de 150.000 euros.

Ne rien lâcher

Désormais, à 39 ans, il exerce en tant qu’assistant d’éducation pédagogique au collège de La Châtaigneraie et vacataire au sein de l’Université de Bourgogne et cumule cet emploi avec des responsabilités d’élu à Autun et au Grand-Autunois Morvan, où il est délégué à la culture et les loisirs…

En 2020, il quitte la présidence de l’ASHA, mais reste au sein de l’association et attaché au bénévolat. Cet été, il deviendra garde barrière. La boucle est bouclée : « Être président de l’ASHA est un travail à temps plein. Il fallait du sang neuf, d’autres idées. »