Nadia Yousfi Steiner
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Nadia Yousfi Steiner

Hydrogénie.

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Photo de Nadia Yousfi Steiner
Nadia Yousfi Steiner au Fab Lab de Belfort devant un banc d’essai de pile à combustible à hydrogène conçu in-situ. (Crédit : JDP)

Enfant, ce qui passionne Nadia Yousfi Steiner ce sont les mathématiques pour leur côté pragmatique. Ainsi, elle obtient tout naturellement un master dans cette discipline à l’université Louis Pasteur à Strasbourg. Avide d’élargir son champ de compétence, elle complète ce premier diplôme par second master en thermique et énergie à l’université de Franche-Comté.

« C’est à ce moment-là que j’ai décroché un stage à Karlsruhe en Allemagne sur les moteurs Stirling. Ce sont des moteurs à combustion externe fonctionnant avec du gaz (air, hydrogène ou hélium) et qui ont permis de grandes avancées en thermodynamique. J’ai été impressionnée par leur capacité à générer électricité et chaleur à partir d’hydrogène et oxygène en ne rejetant que de l’eau ».

Une découverte qui l’invite à poursuivre son séjour en Allemagne pour obtenir une thèse de doctorat en génie électrique sur les piles à combustible et l’hydrogène, « sujet que j’avais approché sous forme d’échanges “informels” lors d’un autre stage effectué chez Framatome/Areva ». Elle travaille ensuite comme chef de projets ‘hydrogène’ chez Eifer (institut de recherche d’EDF en Allemagne) en lien avec le KIT (université technique de Karlsruhe). « Au cours de mon séjour Outre-Rhin, j’ai organisé une conférence franco-allemande sur l’hydrogène réunissant plus de 300 participants ».

En 2014, elle rejoint l’université de Franche-Comté, dans le cadre d’une chaire d’excellence sur la thématique de l’hydrogène. « J’ai eu la charge de développer une thématique de recherche et de construire une équipe autour de la “résilience des systèmes piles à combustible”. Par ma triple formation, cette orientation semblait toute tracée pour moi. Avec mon regard de mathématicienne, j’ai appliqué des approches de traitement de l’information à ces systèmes classiquement caractérisés par des méthodes électrochimiques. J’ai ainsi pu en faire des systèmes experts capables d’apprendre à s’auto-diagnostiquer et à s‘autoréparer pour maximiser leur durabilité, un des grands enjeux des systèmes hydrogène », précise la scientifique.

« Par ma triple formation, la recherche sur les piles à combustible et hydrogène semblait une voie toute tracée pour moi. »

En 2018, elle obtient son Habilitation à diriger des recherches (HDR), puis un an plus tard, elle prend le poste de directrice du master CMI H3E « hydrogène énergie et efficacité énergétique », premier master en France sur l’hydrogène. « Dans ce cursus les étudiants sont acculturés aux technologies de l’hydrogène, mais - et c’est la force cette formation - nous les engageons à quitter le labo pour s’exercer à la vulgarisation auprès du grand public, mais aussi des écoliers, collégiens et lycéens, défend Nadia Yousfi Steiner.

Nous organisons par exemple des journées au sein d’écoles primaires ou nos étudiants se déplacent pour expliquer l’énergie et l’hydrogène aux élèves et répondre à leurs questions. Nous organisons également chaque année, le “Hyckathlon” un parcours initiatique et pédagogique sur l’hydrogène à destination d’élèves et du grand public avec divers partenaires tels que Engie ou le Pavillon des sciences de Montbéliard. L’année dernière, Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort nous a fait l’honneur de nous prêter les jardins de la préfecture pour organiser sur deux jours notre Hyckathlon. Ce genre d’initiative est un vrai plus pour nos étudiants, cela les aide notamment à structurer leurs idées, à peaufiner leur recherche quand ils butent par exemple sur une question du public : c’est très formateur... Cette démarche est d’ailleurs reconnue au-delà de nos murs, puisque notre master a été lauréat national du Trophée des hydrogènies à l’assemblée nationale en mars 2022 en tant que meilleur projet de formation, éducation et sensibilisation ».

Enseignante-chercheuse en génie électrique à Belfort à l’Institut Femto-ST, au sein de l’équipe Sharpac/Énergie, Nadia Yousfi Steiner a été lauréate de la médaille de bronze du CNRS en 2019. Depuis 2022, elle est en délégation de l’université de Franche Comté auprès de l’université internationale de Rabat afin de développer des projets collaboratifs sur l’hydrogène.

« Le Maroc a un positionnement stratégique sur l’hydrogène. C’est un pays clé au niveau africain sur cette filière. Mon rôle consiste à développer des programmes de formations sur l’hydrogène et encourager les mobilités d’étudiants et d’enseignants entre les deux pays, tout comme les projets collaboratifs de recherche ». En 2023, la brillante chercheuse a été lauréate de la médaille blondel de la Société de l’électricité, de l’électronique et des technologies de l’information et de la communication (SEE) pour l’ensemble de ses travaux d’exception.