Camille Cuny et Virginie Roux
Invités / Entretiens

Camille Cuny et Virginie Roux

Palmes d’or

Lecture 8 min
Photo de Camille Cuny, Emmanuel Duschesne et Virginie Roux
Camille Cuny, Emmanuel Duschesne (sélectionneur de l’Équipe de France) et Virginie Roux sont les trois Dijonnais représentant la France aux championnats du monde de PSP. (Crédits : Camille Cuny.)

C’est à Vila Franca de Xira, près de Lisbonne au Portugal, fin novembre 2024, que les équipes de France junior et senior de plongée sportive en piscine (PSP) se sont illustrées lors des championnats du monde de la discipline, remportant 41 médailles. Parmi les vainqueurs, deux Dijonnaises : Camille Cuny et Virginie Roux, toutes deux plongeuses depuis plus de dix ans. « C’est mon papa qui m’y emmenait », témoigne la plus jeune. « À l’époque, on pouvait passer son niveau 1 de plongée à 12 ans mais on devait attendre d’avoir 16 ou 17 ans pour pouvoir passer son niveau 2 qu’on ne pouvait réellement avoir qu’à 18 ans. Ça fait un trou de quelques années où on n’a rien à faire… ». Pour Virginie, le parcours est différent : « Moi j’avais personne dans ma famille qui en faisait, mais j’ai toujours été attirée par l’eau ! ». Elle découvre alors la plongée en Corse, puis valide ses niveaux 1 et 2 en Thaïlande puis en République Dominicaine. C’est à Clermont-Ferrand qu’elle en fait une réelle passion. « L’aspect compétition est arrivé au fur et à mesure, avec la volonté de mettre un peu de ludique dans les entraînements qui sont plutôt physiques ». Naturellement, les deux sportives se tournent vers la PSP : « Multiplier les longueurs à la piscine sans but, c’est pas très intéressant, explique Camille. Quand la PSP est arrivée dans le club (Moby-Dick, à Chenôve, Ndlr), j’ai fait ça en loisir sans trop d’assiduité mais j’ai bien accroché jusqu’à commencer la compétition en 2020 ». Virginie débute, elle, la compétition en 2016 à Clermont-Ferrand, avant de s’installer à Dijon. « Je suis venue ici pour mon amoureux, Emmanuel Duchesne, que j’ai rencontré en compétition et qui se trouve être le coach de l’équipe de France de PSP », sourit-elle. C’est au sein du club « Dijon Plongée », « le club dijonnais le plus compétitif », que les plongeuses se rencontrent en 2022.

Sur le toit du monde

Rapidement, Camille et Virginie se côtoient et apprennent à concourir ensemble. « En France, il y a cinq épreuves principales : deux individuelles, deux en binôme – dont une mixte – et une épreuve en relais à quatre », précise Camille. « C’est surtout un sport d’équipe parce qu’on s’entraîne ensemble ». « Même si on est parfois concurrentes, on s’entraide », complète Virginie. « Il y a un vrai côté cohésion d’équipe ». Et cette bonne entente porte ses fruits : début novembre, à l’occasion de l’Open de France (championnat des régions), les plongeuses font carton plein : « La première fois qu’on fait l’épreuve ensemble en binôme, on fait un record de France ! C’était de bon augure pour la suite (les championnats du monde étant organisés trois semaines plus tard, Ndlr) et ça a confirmé qu’on était en forme », se félicitent Camille et Virginie. Logiquement sélectionnées en équipe de France après des performances indiscutables, les compétitrices rejoignent un groupe soudé, composé de huit sportifs seniors et quatre juniors venus des quatre coins du pays, âgés de 17 à 43 ans. « Il y a un peu tous types de physiques, et les vieux sont coriaces ! », rit Virginie. Au Portugal, les compétitrices poursuivent sur leur lancée : sur quatorze épreuves disputées à elles deux, les Dijonnaises remportent neuf médailles – dont une médaille d’or commune sur l’épreuve « 4x100 mètres trial », en relais avec Arnaud France et Loïc Paffoni, respectivement originaires du Puy-de-Dôme et des Bouches-du-Rhône. Tout juste championnes du monde, les sportives voient encore plus loin : « Maintenant, il y a les autres records à aller chercher », ambitionne déjà Camille. « Le sport évolue très vite, alors il faut suivre ! ».

« Maintenant, il y a les autres records à aller chercher. Le sport évolue très vite, alors il faut suivre ! »
Camille Cuny

Développer la discipline

Si la PSP a été créée en 1998 en Espagne par « des plongeurs qui s’ennuyaient un peu en piscine », il faut attendre 2015 pour la voir émerger en France. « Ça apporte quelque chose de nouveau pour les plongeurs », explique Virginie. « On va travailler plein de choses qui sont déjà utiles pour la plongée classique : les lâcher/reprise d’embout ; les vidages de masque ; enlever et remettre son équipement ; gérer sa profondeur à l’aide de ses poumons ; le palmage… Mais la vraie différence, c’est le côté très sportif, avoir une bonne forme physique pour être capable de faire tout ça rapidement ». Si la pratique reste un loisir nécessitant tout de même trois à quatre séances d’entraînement par semaine pour les plus assidus, elle tend à se professionnaliser et attire de plus en plus de plongeurs. « La France et la Russie sont les pays où la PSP est la plus développée », assure Virginie. « Ici, on compte 5 000 pratiquants, et parmi eux, 1 600 ont déjà participé à au moins une compétition. De manière générale à Dijon, la plongée, l’apnée et tous les sports avec palmes sont assez développés : le club Moby-Dick compte près de 200 personnes, tout comme Dijon Plongée, et c’est sans compter les autres petits clubs de la région. Tout ça tourne majoritairement avec des bénévoles ». Pour la préparation aux championnats du monde, les plongeuses ont notamment pu compter sur le soutien de la ville, qui leur a offert une flexibilité supplémentaire par rapport aux créneaux d’entraînement en piscine. Malgré ces signaux positifs, Camille insiste : « Il nous faudrait plus de visibilité ! Ouvrir plus de piscines et sensibiliser davantage aux sports aquatiques. ». Pour l’heure, les compétitions de PSP sont retransmises par la CMAS (Confédération mondiale des activités subaquatiques) ou la FFSEM (Fédération française d’études et de sports sous-marins), « ça motive à participer à ces événements », témoigne Camile. De son côté, Virginie entrevoit déjà la fin de sa carrière sportive. « Je pense me reconvertir à fond dans l’enseignement pour développer la discipline et assurer la relève auprès des jeunes. »