

« Qu’est-ce qu’on va faire du petit Romain ? » Personne, de l’entourage de Romain Pascal, n’aurait répondu : « président d’une holding » ; et pourtant... En effet, le petit Romain boude l’école. Mais derrière ses airs de cancre se dissimule un grand rêve. C’est à 14 ans, pendant son apprentissage en CAP plomberie, qu’il le confie enfin à son patron : plus tard, il sera à son compte. Le trentenaire s’en rappelle encore : « c’était le seul qui me disait : “oui tu verras, tu seras à ton compte !” » Après trois contrats en tant que salarié, Romain Pascal se lance à 23 ans : il monte ADPR (Assistance Dépannage Pascal Romain). Accompagné par sa femme, le couple décide de faire une distribution de flyers : « On avait imprimé un plan et on stabilotait là où on était passé pour éviter de saouler les gens », explique-t-il en mimant le tracé du feutre sur la feuille, attendri par le charme de ce souvenir.
Du chantier à la gestion
Toutefois, le plus dur est à venir. Le jour, il est sur les chantiers ; le soir, il s’occupe de l’administratif. Mais ce n’est pas assez à son goût. Déterminé à prouver de quoi il est capable, le jeune chef d’entreprise sort des sentiers battus, contacte les pompiers et la police, et leur propose de faire des réparations provisoires de nuit s’ils sont appelés pour des inondations. « J’avais tellement envie de boulot, partage Romain Pascal, et en même temps peur de ne pas réussir à faire ma première année que j’ai tenté ça ». Avec un capital de départ de 10.000 € accordé avec (grande) difficulté par la banque, il dresse un prévisionnel de 78.000 €, « pour-être au point mort, précise le chef d’entreprise, à zéro euro de bénéfice ». L’année finie, le bilan tombe : 178.000 € de chiffre d’affaires. « Au moment où je boucle ce premier bilan, c’est un gros soulagement », avoue Romain Pascal. Il explique cette fulgurance par le fruit de son travail : « Je n’avais plus de journées, plus de samedis, plus de dimanches ni de nuits, sourit-il, surpris lui-même par son rythme d’alors. Je ne savais même plus où j’en étais à la fin ». Ce résultat, c’est surtout un déclic pour le dirigeant : « J’ai allez embaucher, tant pis, il fallait prendre le risque. Alors, je n’avais pas de la visibilité comme j’en ai aujourd’hui, tempère-t-il, mais il fallait qu’on saisisse l’opportunité des demandes : à partir de maintenant, on n’en refuse plus aucune », décrète le président d’ADPR.
« On est une famille et je veux que ça le reste, peu importe le nombre qu’on sera. »
Au un an de l’entreprise, le premier recrutement prend corps. « Cette première embauche est marquante pour moi, confie Romain Pascal, j’ai un gars et il mange grâce à la boutique, il ne faut pas qu’on se loupe ». En effet, l’arrivée de son premier employé témoigne aussi l’entame d’une deuxième année d’ADPR plus difficile mentalement, toujours très soucieux du bien-être de tout le monde. Le salon de Romain Pascal fait office de garage : « C’était ADPR à la maison », plaisante-t-il. Mais le salon se fait étroit. Il loue son premier petit dépôt à Plombière-lès-Dijon et achète sa première étagère. Il la monte et pose une cartouche de silicone dessus avant de prendre une photo qu’il s’empresse d’envoyer à sa femme. Avec humour et une pointe de fierté, il lance : « Ça y est, on a du stock ! » Très vite, le lieu ne fait plus l’affaire… Nouveau déménagement. Finalement, Romain Pascal trouve son bonheur, et celui de ses employés, à Gevrey-Chambertin.
En 2014, l’activité commence à exploser. Et cela devient difficile à gérer. 24 heures dans une journée ne sont pas suffisantes : « Le bureau, les chantiers, la gestion… Je courrais dans tous les sens, concède-t-il, et je commençais à atteindre mes limites ». En effet, le chef d’entreprise décroche des chantiers qui montent en gamme ; il lui faut donc monter en compétences. « Je ne savais pas calculer une vitesse de fluide, ni faire un dimensionnement de puissance ». À mille lieux de ses rêves de grandeur, il n’ambitionne que de répondre à la demande. Or, il fait face à un mur qu’il ne peut gravir seul. C’est ainsi que Romain Pascal embauche Jérémy, son actuel associé.
Raclette l’hiver, barbecue l’été
À 25 ans, le patron d’ADPR positionne son entreprise sur l’appel d’offre publique, et essuie refus sur refus, pendant un an, par manque de mémoires techniques. Mais la nature persévérante de Romain Pascal finit par payer : « c’était un chantier à 6.000 €, mais la satisfaction était immense » livre le chef d’entreprise. La machine est lancée. Les chantiers pleuvent. Le chiffre d’affaires augmente drastiquement d’année en années, et ADPR devient le groupe de 63 salariés que l’on connaît aujourd’hui.
Car Romain Pascal est intimement convaincu que derrière les chiffres, il y a des personnes : « Je sais ce que c’est d’aller au travail à reculons et je ne veux pas que les salariés le connaissent, dicte-t-il, du moins pas chez moi ». Années après années, le président d’ADPR s’assure du constant bien-être de ses salariés au travail : « Chose toute bête, on prend des options pour les camions. On peut abaisser l’arrière du camion, qu’ils n’aient pas à monter trop haut la marche. On fait toujours la raclette d’hiver, le barbecue d’été », le tout dans un cadre professionnel incluant terrain de pétanque, repas méridiens offerts pour instaurer un temps de convivialité et une salle de sport est en cours de construction. Il ne se contente pas uniquement de créer un cadre de travail « sympa » mais aussi respectueux des normes environnementales RSE avec notamment une cuve de récupération d’eau pluviale de 50 m3. Pour Romain Pascal, le plus important, c’est qu’il puisse dormir sur ses deux oreilles. Sans surprise, cet homme dicté par le besoin irrépressible de répondre à la demande déborde d’idées. C’est pourquoi il s’est lancé dans la création d’un showroom : « Aujourd’hui, on répond vraiment à tous les aménagements d’une maison complète ou des bureaux, achève le trentenaire, désormais, on aimerait pouvoir faire choisir nos clients en interne et ne pas les envoyer chez nos fournisseurs ». Le secret de la réussite de Romain Pascal : ne jamais dire non à la demande.