Lorsqu’on lui demande d’où elle vient, Valérie Renet répond très spontanément : « Je ne sais pas trop d’où je suis originaire », avant d’expliquer avoir été amenée à changer souvent de région dans le cadre de son parcours professionnel. Originaire de Bordeaux, Valérie Renet passe une partie de son enfance et de ses études à Lyon. « Mais, finalement, dès mes études supérieures, je suis rapidement partie à l’étranger. Je suis quelqu’un qui aime bien bouger, découvrir des choses nouvelles », confie-t-elle. Étudiante en lettres et en langues, elle pose ses bagages au Royaume-Uni où elle travaillera deux années dans des écoles et des universités. À son retour, elle entame une carrière dans l’enseignement, en région parisienne pendant un an avant de s’installer en Savoie.
« J’ai une attitude consciente d’avoir volontairement envie de bousculer mes habitudes et de sortir de ma zone de confort. » Si bien que l’envie de voyager lui reprend et se présente l’occasion de postuler aux affaires étrangères. « Je devais avoir environ 25 ans et j’ai eu envie de découvrir autre chose. Il y avait cette possibilité offerte aux personnels de l’éducation nationale de postuler aux affaires étrangères, j’ai simplement saisi l’opportunité », détaille Valérie Renet. Détachée aux affaires étrangères, elle s’envole pour l’Ukraine où elle travaillera deux ans en tant qu’attachée de coopération linguistique dans les ambassades avant de reprendre la route pour la Russie pour travailler, pendant quatre ans, à la coopération entre les établissements d’enseignements français pour développer le Français à l’étranger.
Des ambassades aux chambres régionales des comptes
À son retour, Valérie Renet passe le concours d’entrée à l’École nationale d’administration (Ena). Elle en ressort avec une nomination dans la juridiction des Chambres régionales des comptes. « Ce parcours m’a finalement apporté différentes choses que j’utilise encore aujourd’hui, estime-t-elle. Le côté pédagogique acquis avec l’enseignement me sert aujourd’hui dans l’instruction et les rapports. Sortir du rôle de gendarme qu’on nous fait porter assez souvent et apporter une forme de bienveillance à notre métier... Il faut montrer qu’il y a de bonnes choses faites et susciter de l’émulation plutôt que d’avoir systématiquement un regard négatif, aussi important soit-il lorsqu’on s’occupe de la bonne gestion publique. Enfin, l’aspect diplomatie, acquis aux affaires étrangères, est tout aussi important pour la bonne gestion de la chambre, ainsi que pour travailler à sa visibilité, être le plus possible utile aux citoyens et nouer des relations avec les élus et les partenaires ».
Une carrière au service des autres
Aînée d’une fratrie de trois, Valérie Renet a grandi dans une famille « très proche et très unie ». « Mes parents étaient dans l’éducation nationale. S’ils ont tous les deux commencé comme enseignants, mon père est très rapidement devenu chef d’établissement et ma mère a quant à elle terminé sa carrière comme inspectrice de l’éducation nationale », dévoile-t-elle. Aujourd’hui, Valérie Renet ne pense pas avoir eu une carrière au service de l’État, sinon plus au service des autres.
« Je ne suis jamais restée très longtemps au même endroit. J’aime bien l’idée de faire bouger les choses, de ne pas toujours rester dans ce qui est fait. »
« Plus jeune, j’étais partagée entre devenir professeur ou médecin. L’intérêt général est bien sûr présent et toujours au service des autres. L’écoute... on doit forcément l’avoir quand on est enseignant et on l’a aussi évidemment lorsqu’on fait de la diplomatie. C’est aujourd’hui ce qui m’intéresse dans mon métier actuel et que je pouvais peut-être moins facilement mettre en oeuvre lorsque j’étais magistrate. »
Vers une simplification pour plus d’efficacité
Tout au long de son parcours, Valérie Renet sera finalement allée dans plusieurs régions, notamment en Occitanie et même en Outre-mer où elle a travaillé à la Chambre territoriale des comptes en Polynésie. Une étape qui l’a d’ailleurs particulièrement marquée : « C’est à mon retour de Polynésie, en 2017, que j’ai pris conscience du lien entre le parcours personnel et professionnel. Et depuis cette date, les deux ne sont plus dissociés chez moi. Je me suis rendue compte, peut-être tardivement, que le développement personnel me fait aussi avancer sur le chemin professionnel ». Depuis l’été dernier, Valérie Renet a rejoint Dijon pour prendre la présidence de la Chambre régionale des comptes de Bourgogne Franche-Comté. « Ce n’était pas une région dans laquelle j’imaginais vivre mais en même temps, je ne me projette jamais », s’amuse-t-elle, sourire aux lèvres.
Encore partagée personnellement entre la région lyonnaise et l’Occitanie, la nouvelle présidente n’a pas encore eu l’occasion de faire du tourisme en Bourgogne Franche-Comté. « Dès mon arrivée, je suis allée dans chacun des huit départements de la région pour rencontrer mes différents partenaires, mais j’ai surtout visité les villes centres. » Que ce soit la Cour des comptes ou encore la Chambre régionale des comptes, les juridictions vivent actuellement une période de mutation entamée sous la première présidence de Pierre Moscovici.
Travailler sur des thématiques
« Ces mutations nous obligent à prioriser, estime Valérie Renet. Très concrètement, si on ne le fait pas à la Chambre régionale des comptes, cela nous amènerait à choisir notre programmation en fonction d’un certain nombre de critères qui seraient saupoudrés. Nous donnerions une série de contrôles ponctuels sur une collectivité qui n’auraient pas forcément de sens et de portée, en tout cas qui en auraient moins que si le travail de la mission était vue dans un ensemble. Cette vision d’ensemble, on va la mettre en oeuvre à partir de cette année, par un travail sur des thématiques. C’est-à-dire qu’on va essayer d’évaluer davantage ce qui est fait au niveau du territoire en déterminant des priorités relatives aux enjeux du territoire ». Une autre priorité consistera dans le fait de rendre les rapports établis plus accessible. « Il faut que nos rapports soient très lisibles, courts, le plus simple possible à lire pour un lecteur non initié. L’objectif est quand même de toucher l’opinion publique. »
Un aspect dont la nouvelle présidente de la Chambre régionale des comptes a pris conscience au moment du premier confinement où, alors qu’elle était magistrate dans l’Hérault, Valérie Renet a été mise à disposition de la préfecture. « Ça a duré le temps du confinement, pendant six semaines et en télétravail, en audio-conférence, le préfet m’avait confié la mission d’anticiper la sortie de crise et de confinement pour mettre en place des mesures de relance dès la sortie du confinement, détaille-t-elle. Je savais que j’avais un temps très court et pendant ce temps, je m’étais fixée mes priorités et je voulais m’y tenir ».