Ingénieur de formation, Vincent Gaffard a rapidement choisi de faire de l’énergie son avenir en intégrant EDF dès la sortie de l’École des Mines, son doctorat dans les sciences et le génie des matériaux en poche. « Pour ma thèse, je devais mettre en place des modèles pour prédire la durée de vie des composants soudés pour des futures centrales thermiques et nucléaires », se souvient-il. Dans la région grenobloise, il officiera un moment en tant qu’expert technique, essentiellement dans l’hydraulique, avant de rejoindre Belfort en 2007.
« J’ai eu l’occasion d’intégrer l’atelier de fabrication des turbines d’Alstom en tant qu’ingénieur. D’ailleurs, pour l’anecdote, il se trouve qu’à l’époque nous travaillions à la fabrication des turbines pour Flamanville et il fallait absolument qu’on ne soit pas en retard par rapport aux autres phases du chantier. Finalement, l’EPR [Réacteur pressurisé européen, composante essentielle d’une centrale nucléaire, Ndlr] n’est toujours pas en service 12 ans plus tard... »
L’ingénierie, voie royale
Cette carrière d’ingénieur, celui qui a passé une partie de son enfance dans la banlieue de Nice ne l’envisageait pas forcément au moment de passer son baccalauréat. « À l’époque, on pouvait rentrer à Sciences Po Paris à condition d’avoir la mention très bien au bac et je l’ai ratée de peu... je me suis donc retrouvé à faire mon dossier pour intégrer une prépa scientifique et j’ai finalement choisi d’y rester, au grand dam de mon père, professeur de sciences économiques en université, qui aurait certainement bien aimé qu’un de ses enfants fasse de l’économie. » La suite semble pourtant toute tracée : à la sortie de son école d’ingénieur grenobloise, Vincent Gaffard a l’occasion de se faire financer une thèse par des énergéticiens.
« En Bourgogne Franche-Comté, nous nous développons beaucoup dans la mobilité décarbonnée, électrique ou hydrogène. »
« C’est un domaine qui m’a toujours intéressé ! L’énergie est un bien particulier... Ce n’est pas superflu, on en a besoin pour vivre », estime-t-il. C’est donc assez naturellement qu’après avoir quitté Belfort pour rejoindre Paris pour des raisons personnelles, le jeune marié a intégré TotalEnergies. « À la division technologie, exploration et production, j’avais en charge d’accompagner, sur l’angle technique, tous nos projets de développement à l’international, ainsi que de qualifier l’ensemble de nos fournisseurs. » Des années qui l’ont amené à beaucoup voyager. « Je suis allé dans des pays qui, quand j’étais jeune, étaient des “no go zone” ! Du fin fond de l’Afrique à l’Asie, en passant par la Roumanie ou encore la Russie... C’est extrêmement enrichissant. On devient, en quelque sorte, citoyen du monde et on raisonne davantage par rapport à ce multiculturalisme, avec une vision globale du monde, confie-t-il. J’incite les jeunes à faire l’expérience... Allez voir ce qu’il se passe à l’étranger, comment vivent les gens, comment ils perçoivent les choses ! ».
Il rejoindra par la suite la direction du développement régional pour s’occuper de la reconversion des sites industriels de TotalEnergies, d’abord en tant qu’ingénieur puis comme chef de département. « La transition énergétique et écologique fait que nous sommes évidemment confrontés à la transformation de nos sites industriels et historiques, qui sont essentiellement des plateformes chimiques et des raffineries. »
Une transition sans licenciement
Un seul mot d’ordre dans cette mission, aucun licenciement économique. Pour ce faire, TotalEnergies a pris le parti de réinvestir. Vincent Gaffard prendra trois exemples pour illustrer cette politique : « Sur la plateforme de Carling dans le Grand Est, nous avons tout un pan entier de projets de chimie verte portés par des start-up françaises. À chaque fois, on part de quelque 50 millions d’euros d’investissements pour la création près de 60 emplois directs par projets. Ces derniers venant apporter des solutions en substitution aux produits fossiles. Nous avons aussi travaillé à la conversion de la raffinerie de La Mède dans les Bouches-du-Rhône pour en faire une bioraffinerie pour produire des biocarburants, nous avons créé à côté un centre de formation dédié aux métiers de l’industrie et nous avons installé une ferme solaire sur une partie de foncier. Et en ce moment, nous sommes en train de convertir la raffinerie de Grandpuits en Seine-et-Marne. »
Alors que la direction du développement régional est devenue la direction France, c’est en tant que directeur régional que Vincent Gaffard représente à présent TotalEnergie sur le territoire. « Nous considérons que la transition énergétique et écologique est une période de bouleversement assez significative, notamment pour le tissu socio-économique, développe-t-il. Nous proposons donc des dispositifs de soutien à l’emploi, mais aussi des dispositifs d’accompagnement des entreprises dans leur développement à l’international, en nous appuyant sur notre présence dans pas moins de 130 pays. Plus localement, nous sommes actionnaire du fonds Fira 2 au côté de la région Bourgogne Franche-Comté pour investir en fonds propre et quasi fonds propre dans des PME innovantes, afin de les aider à se développer. »