

Plus discret que d’autres opérateurs, l’Institut de cancérologie de Bourgogne (ICB) est pourtant le premier centre d’oncologie radiothérapie de Bourgogne Franche-Comté, avec un tiers des patients de la région qui y sont suivis. Fondé par des médecins, l’ICB a à sa tête depuis 2022 Virginie Blanchard, une native de Fontaine-les-Dijon dont la formation (prépa HEC et école de commerce) ne la destinait pas exactement au secteur de la santé. Après cinq années dans l’audit au sein du cabinet Deloitte à Neuilly-sur-Seine, elle souhaite rentrer à Dijon pour raisons personnelles.
Et là... « J’ai découvert que trouver un emploi à Dijon, c’est un peu plus compliqué qu’à Paris ». Une opportunité se présente finalement à l’Agence régionale d’hospitalisation de Bourgogne, au moment où le secteur sanitaire est en pleine restructuration. « Quand j’ai intégré l’ARH en 2006, une de mes premières missions a été de travailler sur l’optimisation de l’utilisation des blocs opératoires, c’est-à-dire à quel moment je fais arriver les équipes pour en optimiser le temps de présence, optimiser le temps disponible pour opérer les patients et finalement peut-être, passer d’une situation où avec les mêmes effectifs j’opère cinq patients à davantage parce que j’ai optimisé mes process. Ces réflexions pouvaient paraître un peu singulières dans le secteur de la santé, mais on essayait d’expliquer que l’optimisation des process ce n’est pas du tout incompatible, et au contraire, avec la qualité et la sécurité des soins. » Lorsqu’en 2010 les Agences régionales de santé (ARS) sont créées, Virginie Blanchard rejoint naturellement la nouvelle entité et prend la responsabilité d’un département ayant en charge tout le suivi des établissements de santé public et privé dans les différentes dimensions de régulation, les autorisations et le financement sur l’ensemble de la Bourgogne. « Nous suivions plus particulièrement les établissements de santé qui rencontraient des difficultés financières pour les accompagner dans des réflexions autour du retour à l’équilibre », précise-t-elle.
Profil atypique
L’envie de travailler « au plus près du terrain » se fait jour et Virginie Blanchard se met en veille de postes, avec en tête un impératif : « Il y avait des réflexions éthiques à avoir car si je partais en établissement de santé, ce n’était pas du tout pour occuper des fonctions type direction financière. Occuper des responsabilités au niveau de la régulation sur ces sujets-là en venant de l’ARS... je ne me serais pas sentie éthiquement en phase avec ça. » Un autre écueil est qu’elle n’a pas le parcours typique du cadre de santé, haut-fonctionnaire formé à l’École des hautes études en santé publique à Rennes.
Pourtant, une opportunité se présente, qu’elle saisit au bond : « un poste qui a été ouvert aux hospices civils de Beaune, en tant que directrice des ressources humaines et des affaires médicales. J’ai rencontré le directeur, Antoine Jacquet, qui m’a fait confiance lorqu’en toute transparence, j’ai évoqué mon parcours et je lui en suis très reconnaissante ». À peine recrutée, Virginie Blanchard subit comme l’ensemble des équipes l’annonce du décès brutal d’Antoine Jacquet (lors d’un voyage en Chine en octobre 2016 dans le cadre de la promotion de la vente des vins, Ndlr). « Ça a été un exercice particulier de la profession d’adjoint d’un établissement public de santé mais qui a été très formateur », reconnaît-elle aujourd’hui.
À bord du paquebot CHU
Assez vite, Virginie Blanchard est recrutée par le vaisseau-amiral de la santé en région, le CHU Dijon-Bourgogne, plus de 8.000 salariés à l’époque. « La directrice générale m’avait informée de la disponibilité de postes et elle m’a fait confiance pour occuper un poste d’adjointe. Je suis restée cinq ans au CHU de Dijon et le poste que j’occupais à la fin était celui de la direction de la stratégie des coopérations. Et comme son nom l’indique, c’était l’animation de toutes les coopérations du CHU avec l’ensemble des acteurs. L’objectif était toujours d’améliorer la qualité des prises en charge des patients à l’échelle du territoire car le CHU, de par ses missions, à une vocation régionale. Je gardais donc cette dimension régionale qui me tient à coeur. » C’est durant cette période que Virginie Blanchard, plutôt discrète, aura en charge une mission brûlante : assurer la communication du CHU durant la pandémie de la Covid. « Ma directrice générale m’a dit : “ Virginie, tu vas faire l’intérim de la direction de la communication, il y a pas de problème ”. Évidemment, on ne peut pas dire non mais c’est un moment dont on se souvient ! »
Parfois, il y a de belles histoires mais parfois elles sont plus tristes et j’admire cette capacité qu’ont les équipes à être toujours là, toujours à l’écoute, pour accompagner les patients. »
Au cours de ses missions au CHU, Virginie Blanchard échange avec un des médecins de l’ICB qui lui fait part de l’intention de créer un poste de direction générale, à profil plus administratif, dans cet organisme jusque-là dirigé par ses médecins-fondateurs. En février 2022, elle rejoint donc l’ICB, depuis labellisé Établissement de santé, « à taille humaine » après le gigantisme du CHU, déployé sur trois sites : Dijon, Chalon-sur-Saône et Auxerre.
Engagement et enthousiasme
Après une période d’adaptation, « ce poste n’existait pas donc il a fallu effectivement lui donner une place, l’articuler avec le collectif de médecins-dirigeants et l’expliquer aux équipes. Cela demande du temps parce que c’est un changement de culture, y compris pour moi car je suis arrivée dans un environnement très différent de ce que j’avais connu », Virginie Blanchard va accompagner les innovations portées par l’ICB dont les plus récentes : acquisition de matériels de très haute technicité (accélérateurs de particules) et surtout de nouveaux locaux dijonnais, qui devraient accueillir leurs premiers patients en octobre prochain, intégrant une machine « unique en Bourgogne ». Ou encore la naissance d’un département de santé intégrative pour une prise en charge globale y compris de bien-être des patients et davantage de recherche... Et si ces projets emballants la portent, ce n’est presque rien à côté de l’enthousiasme qui l’anime lorsqu’elle évoque le travail déployé par le personnel de l’ICB au contact des patients : « En termes d’engagement, je soulignerais l’engagement des équipes qui font un travail formidable. Parfois, il y a de belles histoires mais parfois elles sont plus tristes et j’admire cette capacité qu’ont les équipes à être toujours là, toujours à l’écoute, pour accompagner les patients... Oui, je suis franchement admirative des secrétaires, des manipulateurs, des médecins, de tout le monde vraiment ! »