Virginie et Nicolas Bongay
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Virginie et Nicolas Bongay

Un petit coin de Paradis.

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Photo de Virginie Bongay
Virginie Bongay. Avec son mari Nicolas, ils élèvent 65 vaches laitières dans le Doubs et participent à la production de Comté et de Mont d’or. (Crédit : GAEC Bongay)

En couple depuis 2004, s’occuper ensemble d’un élevage de 65 vaches n’était pas l’ambition initiale de Virginie et Nicolas Bongay. Né à Pontarlier, l’éleveur de 40 ans alors collégien, hésitait entre une carrière dans le transport routier comme ses parents ou l’agriculture. « J’ai grandi à côté d’une ferme où je trainais souvent pour donner un coup de main. J’ai aimé travailler avec les animaux, la variété du métier », se souvient Nicolas Bongay.

Il choisit finalement de poursuivre ses études dans un lycée agricole avec un bac pro conduite et gestion de l’entreprise agricole à Dannemarie-sur-Crète. Diplômé en 2004, il ne tarde pas à s’installer avec un associé. « Il était déjà en place, je suis venu remplacer ses oncles partis en retraite. » L’exploitation comptait alors 65 vaches laitières et autant de jeunes bêtes.

Un projet de bâtiment qui n’aboutira pas en 2008 met un point final à cette association. Préférant travailler à deux, Nicolas part avec la moitié des bêtes pour rejoindre une autre exploitation. Cette nouvelle association s’achèvera en 2012, l’année de son mariage avec Virginie. Nicolas Bongay décidera finalement de mener seul son exploitation, le GAEC Bongay « Le petit paradis » avec 40 vaches laitières.

Un virage agricole

Également née à Pontarlier, Virginie Bongay a pris l’option d’un bac en sciences médico-sociales avec l’ambition de travailler avec des personnes porteuses de handicap ou âgées. « J’ai poursuivi avec un BTS économie sociale et familiale puis une année complémentaire afin d’être aide médico-psychologique. » En 2005, cette souriante trentenaire devient aide-soignante en maison de retraite. Après une première expérience professionnelle de trois ans, elle saisit une opportunité et passe 11 ans dans un établissement similaire en Suisse.

« En 2021, j’ai eu envie de changer d’orientation et je voulais travailler dans l’élevage. » À en croire son épouse, l’idée que Virginie le rejoigne sur l’exploitation n’a pas tout de suite séduit Nicolas Bongay. « Il a fallu le convaincre ! », sourit-elle. Virginie intègre la maison familiale et rurale de Vercel où elle obtient le diplôme de technicienne agricole. Finalement, l’éleveur accepte de faire une place à sa moitié dans le GAEC du Petit paradis. Virginie le rejoint en 2023. « Les conditions ont changé, le prix du lait n’était plus le même et on arrivait à une rémunération correcte. Il y avait de la place et de la rémunération pour deux. »

« Nous appliquons le cahier des charges le plus contraignant mais l’essentiel est commun au Comté et au Mont d’Or et nos vaches passent tout l’été en pâturage. »

Nicolas Bongay précise notamment que les mille litres de lait sont passés de 340 à 700 €. Avec leurs animaux, Virginie et Nicolas Bongay produisent 320.000 litres de lait par an. Une fois dans les citernes, le fruit de leur travail se destine à devenir du Comté et du Mont d’or. « Le cahier des charges définit une zone géographique dans laquelle nous nous situons. En parallèle, nous appliquons le cahier des charges le plus contraignant mais l’essentiel est commun aux deux fromages et nos vaches passent tout l’été en pâturage », précise Nicolas Bongay.

Toutefois, les éleveurs bio reconnaissent qu’ils ont dû faire face à une année complexe en raison de la météo. « Une vache sous la pluie n’est pas heureuse donc elle fait moins de lait. Et une herbe qui pousse avec la pluie, est une herbe pauvre même s’il y a la quantité. » Le couple d’éleveurs montre un attachement à ses vaches, qui ont chacune leur petit nom et profitent de 60 hectares de pâturage sur les 85 que compte l’exploitation.

Jour après jour depuis un peu plus d’un an, les deux éleveurs ont construit leur association, se répartissant les rôles. « Je m’occupe de la traite et Nicolas gère l’alimentation, le paillage, la surveillance du troupeau »,explique Virginie qui prête main forte aussi au nettoyage. « On va autant l’un que l’autre réaliser les travaux des champs. C’est plutôt agréable de travailler ensemble et on gère tous les deux la famille », résume l’éleveuse. En parallèle, Nicolas occupe depuis quatre ans la fonction de président de la coordination rurale du Doubs et du Territoire de Belfort. « Il y a des choses à défendre sur le métier donc il faut en passer par là. »

Un métier prenant

Avec ses 65 vaches, le couple se dit satisfait et ne veut pas voir plus grand. « On espère transmettre à l’un de nos quatre enfants un jour, donc il faut qu’il puisse gérer seul. L’aîné de 16 ans se montre intéressé, il est mordu du métier », se réjouit le père. S’ils ne veulent pas élever de nouvelles bêtes dans un souci d’organisation, les agriculteurs mettent aussi en avant les difficultés de leur profession : « Il faut faire tenir le projet sur le long terme avec des règles et des normes qui changent sans arrêt. Le métier en lui-même n’est pas le plus dur. Par contre, on passe plus de temps dans les papiers et les démarches qu’à s’occuper des vaches. » Pour s’assurer des revenus complémentaires, le couple Bongay envisage de créer un gîte à la ferme pour « montrer aux gens notre travail, expliquer comment on fait et pourquoi on le fait. » Le projet pourrait aboutir en 2026. Entre leur élevage, leur projet et leur famille nombreuse, les deux éleveurs arrivent toutefois à préserver des moments de loisirs et de repos à deux ou six. « On essaie de prendre trois ou quatre jours au moins trois fois par an », conclut le couple humblement.