Zacharie et Thobias Bouhier sont jumeaux. Leur passion, c’est le cinéma. Alors, à 14 ans, ils ont fondé leur propre festival de courts-métrages, le Festi’ Jeunes Talents, devenu aujourd’hui le Photophore Film Festival. Le duo a grandi dans un environnement familial à l’écoute de ses besoins : les parents, Cynthia Lesignac et Laurent Bouhier, ont fait le choix de scolariser leurs fils à la maison. École le matin et activités extra-scolaires l’après-midi, c’est le quotidien idéal pour ces jumeaux débordants d’énergie : « Ce qui est bien c’est qu’on a pu faire beaucoup d’activités, entame Thobias, du breakdance, de la danse contemporaine classique, en parallèle j’ai pu faire du karaté en compétition, ça nous a permis de nous enrichir sur pas mal de points ». Une richesse que Zacharie a notamment investie dans la réalisation de stop motion, à 13 ans « avec des Lego Star Wars, se remémore-t-il, on a fait plus de 1.500 photos, le tournage a duré des jours et des jours ». Il consomme d’ailleurs toujours beaucoup de films réalisés en stop motion, par amour pour cette technique qui a bercé son enfance. Thobias aime rappeler que cette passion pour le cinéma leur est venue avant tout de leurs parents. Il se souvient du jour où son frère verbalise pour la première fois sa volonté de faire un film : « Notre mère lui a dit : si tu veux je t’achète une caméra à 25 €, tu fais tes photos et je te fais le montage ».
Réaliser leur rêve…
Stop motion après stop motion, les jumeaux tombent amoureux de la réalisation et souhaitent partager leur art avec d’autres jeunes : « Le problème, c’est que la plupart des festivals de courts-métrages étaient payants à l’inscription sans avoir la garantie d’être projeté, déplore Zacharie Bouhier, on trouvait ça un peu aberrant ». Alors après le Covid, les frères imaginent en famille un espace, dans lequel les réalisateurs, dès l’âge de 14 ans, pourraient partager leurs courts-métrages, échanger entre passionnés et se créer un réseau. C’est ainsi qu’est née l’idée du Festi’Jeunes Talents, impulsée par Cynthia Lesignac. « À ce moment-là, on ne se pose pas de questions, contextualise Thobias. On a envie de faire un projet et on pense que c’est totalement atteignable, poursuit-il. Nos parents nous ont toujours dit de faire ce qu’on avait envie, souligne le karatéka. Même si c’est dur : créez ! ». Une problématique persiste : « à 14 ans, tu ne vas pas demander à la mairie de Chenôve des subventions, sourit Zacharie, donc on a demandé à nos parents de le faire à notre place et ils sont allés chercher les financements ». Relecture des mails, création d’association et communication : Cynthia Lesignac et Laurent Bouhier sont d’un soutien inestimable pour les deux jeunes garçons.
« Nos parents nous ont toujours dit de faire ce qu’on avait envie. Même si c’est dur : créez. »
C’est à la MJC de Chenôve que la magie opère : « c’est une toute petite salle de cinéma mais ça fait le taff ». Une quinzaine de courts-métrages sont projetés et six jurés sont présents, dont Jamel Blissat, cascadeur professionnel originaire de Chenôve, « c’est quelqu’un qu’on respecte énormément, encore maintenant il nous suit ». Le Festi’ Jeunes Talents (ancêtre du PFF) fait un carton dès la première édition. Ce soir-là, les belles rencontres fleurissent. Ravis et fiers de ce qu’ils ont déjà accompli, l’aventure des deux frères aurait pu s’arrêter là. Zacharie admet que l’idée d’une 2e édition a mis plusieurs mois pour mûrir dans leurs esprits. Mais elle marque aussi le début de l’émancipation pour les jumeaux et leur volonté d’en faire un rendez-vous annuel. À 17 ans, Thobias et Zacharie Bouhier voient plus grand pour la 3e édition, en 2024. Mais leur ambition s’accompagne de « beaucoup de pression ». À deux semaines du jour J, les jumeaux passent six heures consécutives tous les jours devant leurs ordinateurs, avec une seule phrase en tête : « Le festival deviendra plus grand ». Pour la première fois il a lieu à l’Eldorado : « C’était une année test, l’Eldorado nous accueillera chaque année si c’est une réussite et tout s’est passé comme prévu, se félicitent les jumeaux, il y avait plus de monde qu’on ne l’attendait, alors c’est acté. »
… Exaucer ceux des autres
Le 17 octobre 2025 aura lieu la 4e édition du Festi’Jeunes Talents, devenu Photophore Film Festival (PFF) ; il sera davantage à l’image du duo. Comme le festival grandit, l’équipe aussi. Baptiste Barcelere a intégré l’équipe en tant que chargé de communication et de production pour le PFF, afin de continuer de proposer une soirée à la hauteur des attentes des jeunes. Et notamment, une réelle volonté de parité : « Nous sommes tous égaux et tout le monde peut faire du cinéma », estime Zacharie Bouhier qui trouve regrettable qu’en 80 ans, seulement trois femmes aient remporté la Palme d’or au festival de Cannes.
L’écologie aussi occupe une place centrale dans le festival des jumeaux, avec un buffet 100 % végétarien et beaucoup de productions traitant de cette thématique. Naturellement, le Photophore Film Festival possède un ancrage territorial fort, grâce à une dizaine de partenaires dijonnais. Au total, 25 courts-métrages sont sélectionnés : 15 dans la catégorie 18-25 ans et 10 dans la catégorie -18 ans. Le Festival se déroule sur deux soirées : la première, c’est le visionnage des courts-métrages et la remise des prix. Le duo a réservé une belle surprise pour les gagnants de leur catégorie : « Cette année, ceux qui remportent le prix du meilleur film obtiendront un pass pour accéder à toutes les projections gratuitement du festival de courts-métrages, Fenêtres sur Courts et rencontrer tous les jurés ». La deuxième soirée est une masterclass privée pour créer la rencontre entre les jurés et les jeunes : « Pour un gamin de 14 ans, parler à quelqu’un qui a de la notoriété dans le cinéma, c’est quelque chose, appuie Thobias Bouhier, et un jeune qui viens nous dire “vous avez changé ma vie”, même si on n’est pas persuadé que ça soit le cas, tempère-t-il humblement, c’est l’essence même de notre motivation ». Le PFF évoluera au rythme de la fratrie… et les jumeaux Bouhier n’ont pas fini de grandir !