Politique

Jean-Pierre Soisson s’est éteint à l’âge de 89 ans

Politique. L’ancien ministre, député de l’Yonne et président du conseil régional de Bourgogne a marqué de son empreinte la ville d’Auxerre dont il a été le maire pendant 27 ans.

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Photo de Jean-Pierre Soisson
L’ancien ministre et maire d’Auxerre, Jean-Pierre Soisson, a été, malgré certaines controverses, l’une des personnalités politiques bourguignonnes les plus influentes de la Ve République. (Crédits : Ville d’Auxerre)

C’est une figure emblématique du paysage politique qui s’en est allé. Jean-Pierre Soisson est décédé « des suites d’une longue maladie », hier, dans sa demeure familiale auxerroise, ont annoncé ses proches à l’Agence France Presse (AFP). L’ancien énarque et auditeur de la Cour des comptes a été le maire du chef-lieu de l’Yonne de 1971 à 1998, ville dans laquelle il a conduit de nombreux, et parfois décriés, travaux de rénovation urbaine tels que la construction du marché couvert de l’Arquebuse, du gymnase des Hauts d’Auxerre ou du parc des expositions Auxerrexpo. Ardent défenseur des vins de Chablis et de l’AJ Auxerre, il était apprécié tant pour ses talents d’orateur que pour sa proximité naturelle avec les habitants.

Dès le début des années 1970, il fait ses premières armes à Paris dans les différents cabinets ministériels d’Edgar Faure, l’un de ses modèles en politique. Il devient successivement secrétaire d’État aux Universités (1974), secrétaire d’État à la Formation professionnelle (1976) et ministre de la Jeunesse, des sports et des Loisirs (1978) sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. En 1988, il fait partie des « ministres d’ouverture » de François Mitterrand, dans les gouvernements de Michel Rocard (ministre du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle en 1988), d’Édith Cresson (ministre d’État de la Fonction publique et de la modernisation administrative en 1991) et de Pierre Bérégovoy (ministre d’État de l’Agriculture et du développement rural en 1992).

La controverse FN

Député de la première circonscription de l’Yonne de 1968 à 2012, il compte, notamment, sur son indéfectible popularité en Puisaye-Forterre pour être réélu malgré ses différentes étiquettes politiques. En 1992, son élection à la présidence du conseil régional de Bourgogne avec les voix du Front National (FN), du Parti socialiste et des Verts face au candidat de la droite, Dominique Perben, créé la polémique et l’oblige à présenter sa démission.

Il est réélu, en 1998, dans des conditions similaires, cette fois, avec le soutien des centristes, du RPR, des représentants des chasseurs et une partie du FN. Sa liste est battue en 2004 à la faveur du socialiste d’alors, François Patriat. À partir de 2012, il se retire peu à peu de la politique mais « Jean-Pierre », comme l’appelle affectueusement ses soutiens, reste une voix influente du département de l’Yonne.

Pluie d’hommages

Dès l’annonce de sa disparition, alliés, adversaires politiques et anonymes ont salué unanimement l’engagement du dernier « Duc de Bourgogne » pour sa terre natale. « Au-delà de son parcours politique exceptionnel, Jean-Pierre Soisson était aussi un érudit et un passionné d’histoire qui a su, par de nombreuses publications reconnues, mettre en lumière nombre de personnages dont certains illustres dans l’histoire de sa chère Bourgogne.

Il restera dans les mémoires comme un homme engagé pour son pays et attaché à son territoire. Jean-Pierre se définissait d’ailleurs toujours comme le député de l’Auxerrois et de la Puisaye », a notamment écrit l’actuel maire d’Auxerre, Crescent Marault. Le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, « salue la mémoire d’un homme d’État qui a consacré sa vie et son énergie à la France, à ses concitoyens et a œuvré sans relâche au service de son territoire pour faire rayonner Auxerre, l’Yonne et la Bourgogne ».

Son successeur dans l’hémicycle, Guillaume Larrivé, n’a pas manqué, quant à lui, de rappeler la longue carrière de son mentor. « Pendant plus d’un demi-siècle, il a servi l’État avec panache. Des combats menés en Algérie jusqu’aux débats de l’Assemblée nationale, en passant par l’École nationale d’administration, la Cour des comptes et les ministères, il était une figure de la Ve République, respectée par ses pairs. » La ville d’Auxerre a mis à disposition un registre de condoléances à l’hôtel de ville pour recueillir les hommages des habitants.