Régionales 2021 : que pensent les candidats du développement économique ?
Élections. À quelques jours du premier tour des élections régionales qui se dérouleront les 20 et 27 juin à venir, six des sept candidats nous ont répondu pour évoquer l’économie régionale telle qu’elle est aujourd’hui et leurs projets en matière de développement économique.
Les dimanches 20 et 27 juin prochains auront lieu les deux tours des élections régionales. En Bourgogne Franche-Comté, la présidente sortante, Marie-Guite Dufay, remettra sa place en jeu et portera les couleurs du Parti socialiste pour ce nouveau scrutin. Cheffe de fil de la région franc-comtoise, cette dernière avait pris la tête de la Bourgogne Franche-Comté au moment de la fusion des régions en 2015 face à François Patriat, alors président de la région Bourgogne. Rien n’était pourtant gagné pour la candidate socialiste puisque le premier tour des dernières élections l’avait classée troisième avec 22,99 % des voix, derrière Sophie Montel du Front national (31,48 %) et François Sauvadet de l’UDI (24 %). C’était alors le second tour qui avait joué en sa faveur, reversant la vapeur et lui offrant 34,68 % des voix devant François Sauvadet (32,89 %) et Sophie Montel (32,44 %).
De nouveaux candidats à l’ancrage territorial
Cette année, sept candidats ont présenté leur liste. Si la présidente sortante se représente pour un nouveau mandat, elle affrontera Bastien Faudot et sa liste “Le temps des cerises” qui réunit neuf formations politiques de gauche, l’écologiste Stéphanie Modde, Julien Odoul du Rassemblement national, le républicain Gilles Platret, Claire Rocher de Lutte ouvrière et Denis Thuriot de la majorité présidentielle. Le dernier sondage, réalisé par Ipsos Sopra Steria pour France 3 Bourgogne Franche-Comté entre le 3 et le 7 juin auprès de 1.001 personnes inscrites sur les listes électorales de la région, laisse entrevoir un schéma relativement proche de ce qu’il s’est passé en 2015. En effet, avec 28 % des intentions de vote, le Rassemblement national arriverait en tête du premier tour, devant Gilles Platret et Marie-Guite Dufay (21 %). Si Stéphanie Modde, Bastien Faudot et Claire Rocher n’atteignent pas les 10 % (avec respectivement 8, 4 et 2 %), Denis Thuriot pourrait empocher le précieux sésame lui permettant d’accéder au second tour, avec 16 % des intentions de vote. Dans cette configuration, une quadrangulaire laisserait Marie-Guite Dufay vainqueur au second tour avec 32 %, devant Julien Odoul (29 %), Gilles Platret (21 %) et Denis Thuriot (18 %).
Le développement économique en Bourgogne Franche-Comté
Ce sondage met également en évidence un réel manque de popularité. Si la présidente sortante est connue d’une majorité des sondés (65 %), 40 % ont déjà entendu parler de Julien Odoul qui a pris la tête de son groupe en 2017 suite à la démission de Sophie Montel, 30 % de Gilles Platret et seulement 21 % de Denis Thuriot. Ces deux derniers sont d’autant plus nouveaux dans la course aux régionales. À droite, François Sauvadet a cédé sa place au maire de Chalon-sur-Saône, avant de lui retirer son soutien après que Gilles Platret s’est rallié au mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France. Quant à la majorité présidentielle, c’est le maire de Nevers qu’elle a choisi d’investir.
Pour l’occasion, nous avons contacté l’ensemble des sept candidats à la présidence du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté pour leur donner la parole. Seul Bastien Faudot n’a pas donné suite à notre demande d’entretien. À chacun nous leur avons posé les deux mêmes questions, à savoir ce qu’ils pensent de l’économie régionale actuelle et leurs projets en matière de développement économique. Quant à l’ordre d’apparition ci-dessous, nous nous sommes référés à celui de l’affichage public réalisé après tirage au sort en Préfecture.
Julien Odoul : Rassemblement National
« J’ai une vision de l’économie régionale peu reluisante et assez inquiétante. Elle l’était déjà avant la crise sanitaire mais elle s’est aggravée cette dernière année. On voit bien qu’on est, en Bourgogne Franche-Comté, miné par un certain nombre de facteurs. Déjà, nous sommes la région la moins attractive de France. Nous perdons des habitants et nous nous sommes désindustrialisés massivement ces dernières années, sans pour autant avoir su amorcer un certain nombre de transitions, mettant en évidence le gouffre entre les chiffres du budget de la collectivité régionale qui sont bien notés par les agences de notation et la réalité économique et sociale de la région. La Bourgogne Franche-Comté, c’est 245.000 chômeurs toutes catégories confondues, 400.000 pauvres et des territoires qui sont fracturés socialement avec un chômage de masse, un déclassement entre les métropoles et la ruralité… C’est tout cela qui m’amène aujourd’hui à me porter candidat, pour soigner et résorber ces fractures, mais aussi pour rendre de la justice territoriale et de l’égalité des chances entre tous les habitants de la région, quel que soit leur lieu de vie.
L’urgence, avant de réparer, c’est de protéger. Il est impératif de lutter contre l’hémorragie et d’éviter que la région devienne un désert industriel et un cimetière social. Les plans sociaux qu’on nous a annoncés depuis un an et qui ont été prétextés par la crise sanitaire étaient bien évidemment dans les cartons depuis longtemps. La région a été totalement passive alors qu’elle a des leviers importants et qu’elle pourrait avec, ne serait-ce qu’un volontarisme auprès des grandes entreprises et des sociétés, être aux avant-postes pour exiger que l’emploi et que la production soient maintenus. Cela pourrait notamment passer par des critères extrêmement clairs en termes de maintien de l’emploi, mais aussi en matière d’embauche des jeunes de la région, de formation, et tout simplement de maintien de la production dans la région, à l’obtention d’une aide publique.
« Remettre de la proximité »
Ensuite, évidemment qu’il faut cibler et déterminer quels sont les secteurs et les filières d’avenir pour la relance économique. Elles sont nombreuses. On est une région industrielle, il faut maintenir cet atout mais il faut aussi investir. Il faut aller plus loin sur les microtechniques et les nanotechnologies, mais aussi sur la filière bois. Il faut aussi allez plus loin sur la formation des jeunes en l’adaptant aux secteurs clés pour la relance économique. Et il y a aussi un secteur qui me tient à cœur parce qu’il est au cœur des atouts de la région, c’est le tourisme. Je souhaite créer une marque BFC qui serait à la fois une marque touristique, industrielle avec la valorisation des savoir-faire… En sommes une marque avec des incitations à l’installation pour celles et ceux qui ont envie de participer du projet et de venir s’installer chez nous pour créer une entreprise, reprendre une exploitation agricole. Une marque globale qui permettrait de faire rayonner la région et ses savoir-faire. Il faut se servir de ce patrimoine pour créer de l’emploi non délocalisable.
Enfin, je souhaite réserver les marchés publics aux entreprises de la région. On a une collectivité qui pèse deux milliards d’euros, qui a des leviers importants et qui doit soutenir l’emploi et la production au niveau régional. »
Stéphanie Modde : Europe écologie les verts
« Nous avons un grand passé industriel en Bourgogne Franche-Comté. C’est une richesse puisque ce tissu industriel est animé par des compétences réelles. Mais c’est aussi une fragilité. Nous l’avions déjà constaté lors de la crise financière de 2008. Encore aujourd’hui, avec la crise sanitaire, l’industrie souffre de fermetures, même si le tissu économique résiste pour le moment, avec des différences selon les bassins d’emploi. Il est donc nécessaire d’anticiper les mutations économiques et plus spécifiquement celles liées à la transition écologique.
En termes de développement économique, nous souhaiterions amplifier le développement des énergies renouvelables en région. Cela passera bien évidemment par le développement de la filière énergie, avec l’éolien mais pas n’importe comment. Ce développement doit être fait en concertation avec les territoires et au regard de l’intérêt de l’implantation des éoliennes. Concernant le photovoltaïque, il est important de ne pas plus artificialiser les sols, donc en toiture en priorité. Sur tout ce qui est énergie bois, il faudra la laisser aux petites unités et à condition de faire attention à la provenance du bois et de s’assurer qu’il y a bien une recherche systématique de reboisement. La question de l’hydrogène est aussi intéressante parce que c’est déjà une volonté forte de la collectivité. En revanche, pour nous, le développement de l’hydrogène doit être vraiment lié au développement des énergies renouvelables. Enfin, sur le nucléaire, nous souhaiterions orienter les métiers liés à la filière nucléaire vers les chantiers de démantèlement des centrales nucléaires existantes, tout en continuant à soutenir les projets de recherche sur la neutralisation des déchets radioactifs.
Notre programme ne s’arrête pas au secteur de l’énergie. Dans l’automobile, il semblerait intéressant de convertir une partie des usines de production au retrofit, notamment pour les véhicules utilitaires. Nous réfléchissons aussi aux pistes de diversification, vers le ferroviaire ou le cycle, par exemple. Enfin, Il nous faut vraiment arriver à faire évoluer la filière du plastique. Cela passera par le soutien à la recherche pour la transformation de matériaux bio-sourcés à faibles impacts environnementaux, mais aussi en démocratisant l’utilisation du chanvre dans le bâtiment et le textile, ou encore en améliorant la filière du recyclage et du réemploi et bien évidemment en accompagnant la filière dans la recherche d’alternatives au tout jetable.
« Plus d’industrie, moins de carbone »
Sur l’ensemble de ces secteurs, nous avons un réseau de TPE-PME dense et fragile. Nous privilégierons l’aide au bénéfice de ces entreprises avec notamment tout ce qui est lié à la relocalisation de l’économie et pour une économie de proximité. Nous n’exclurons pas de soutenir les grandes entreprises quand ce sera vraiment nécessaire avec de l’écoconditionnalité forte pour s’assurer que les emplois promis seront bien tenus et dans le temps. Et bien évidemment, nous aiderons les entreprises qui joueront le jeu et qui souhaitent vraiment œuvrer dans la transition écologique de leur processus de fabrication. Nous mettrons d’ailleurs en place toutes les conditions pour s’assurer d’avoir une commande publique exemplaire qui pousse les entreprises locales à s’engager dans ce sens. »
Denis Thuriot : La République en Marche
« Nous sommes dans une région qui est à la fois industrielle et agricole. Cela en fait d’ailleurs l’identité de la Bourgogne Franche-Comté et sa reconnaissance à l’international. C’est une force mais aussi une faiblesse, parce qu’au niveau industriel, ce sont des secteurs fragiles. Et cette fragilité s’est accentuée au travers de la crise. On le voit notamment dans le secteur automobile très présent dans la région, mais aussi dans l’aéronautique. Plusieurs dizaines de milliers d’emploi pourraient disparaître dans les années qui viennent et il faut donc qu’on se calque sur le plan de relance.
L’agriculture est une véritable force, lorsqu’on observe toutes les productions que nous avons sur le territoire. Aujourd’hui, il y a un besoin de consommation de proximité de nos concitoyens. Je souhaite aller plus loin concernant les fameuses filières courtes, j’ai par exemple proposé une seule filière de restauration scolaire qui irait des maternelles jusqu’à l’enseignement supérieur, qui nous permettrait d’augmenter les besoins de volumes, plutôt que de démultiplier les services et de couper les circuits.
Nous allons décliner notre programme, notamment économique, en mode relance. Cette relance économique nous permettra d’accélérer la relance sociale mais aussi la transition écologique, vertueuse. Nous sommes une des rares régions qui perd en économie, en emploi et en démographie, il faut donc le combattre. Sur la partie emploi, il faut un axe de travail prioritaire pour les filières régionales et leur identification. Nous allons aussi déployer le fonds d’accompagnement et de reconversion des salariés en l’abondant à l’échelle régionale, notamment au travers des PRIC.
« Une relance économique et sociale »
Je souhaite créer très vite un organe qui associe le secteur de l’entreprise de façon représentative des filières et des territoires pour définir la politique économique de la région ensemble. En complément du projet de créer une cellule de décision de la politique économique de la région avec les acteurs économiques, je souhaite aussi mettre en place un comité régional de veille et d’accompagnement des entreprises pour être vraiment attentifs à ce qu’il se passe dans nos entreprises et être dans l’anticipation de difficultés qui peuvent poindre plutôt que dans le constat. Ce qui permettrait aussi de mieux accompagner le “fabriqué en BFC” et d’avoir une politique économique vraiment partagée dans sa définition jusqu’à l’évaluation des résultats et son application. Sur la question de la formation, aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous tromper. Il faut arrêter de fabriquer des chômeurs et de financer des formations qui ne valent rien, mais plutôt des formations dont on a besoin en proximité. Je compte aussi développer le capital jeune, une allocation de 10.000 euros pour mener un projet avec une possibilité de le rembourser sans intérêt sur 30 ans, à partir du moment où la personne, lorsqu’elle sera recrutée, percevra 1.800 euros par mois. Enfin, je souhaite proposer l’équivalent d’un plan Marshall pour sensibiliser nos acteurs économiques aux technologies de demain et de rupture, à la fois dans le développement durable, dans des modes de production plus économes… »
Claire Rocher : Lutte Ouvrière
« Je ne vois pas comment on peut parler de l’économie régionale. Non seulement l’économie fonctionne a minima à un niveau national, mais nous sommes en plus en pleine crise économique mondiale. Il n’y a pas un pays qui peut y échapper, encore moins une région. On peut faire des choses au niveau d’une région... on peut surtout aider les entreprises, et c’est d’ailleurs ce que fait le Conseil régional, il distribue ses moyens et il en a. Il ne le distribue jamais aux plus pauvres, il le distribue à la classe privilégiée et c’est bien ça que je dénonce. Je ne raisonne donc pas à l’échelle de la région.
En revanche, je raisonne au niveau des classes sociales. Et les salariés, les travailleurs, ceux qu’on a vu faire tout fonctionner durant cette crise sanitaire, c’est à eux que je m’adresse et c’est eux que je veux représenter. J’ai pour eux un programme avec des objectifs de lutte que je souhaite populariser pendant ces élections. Il faut notamment répartir le travail entre tous les bras disponibles afin que personne ne soit laissé de côté et prendre sur les profits et les fortunes accumulées - les milliardaires ont quand même augmenté leur fortune de 50 % cette année en pleine crise sanitaire - pour augmenter les salaires, les pensions, et pour les garantir en imposant qu’ils suivent la hausse des prix.
« Un programme pour les travailleurs »
Ces objectifs sont communs à l’ensemble du monde du travail, tout le monde peut s’y retrouver et ça doit devenir un programme pour les travailleurs, c’est un programme pour des luttes.
Il ne faut pas que les travailleurs raisonnent dans le même cadre que le patronat. Les patrons raisonnent à un niveau régional parce qu’ils veulent des aides, parce qu’ils voient leur compétitivité par rapport à leurs concurrents, des marchés publics à obtenir… De la même façon, je pense que tous les partis politiques et même les organisations syndicales qui veulent des solutions compatibles avec le capitalisme nous mènent dans l’impasse. Je n’ai pas de conseils à donner aux capitalistes sur comment s’en tirer avec leur crise. En deux siècle d’existence, le système économique n’a pas réussi à fonctionner sans aller de crise en crise avec des hauts et des bas. Et à chaque fois qu’on est en bas comme actuellement, il y a des capitalistes qui s’en sortent, mais ça se fait au prix de millions de chômeurs, de masse de gens qui sont enfoncés dans la misère et c’est à ceux-là que je m’adresse en leur disant qu’en tant que travailleurs, nous devons nous battre pour notre peau et celle de notre famille. Les travailleurs sont capables de mettre des moyens au service de l’intérêt général, de se répartir le travail et de faire fonctionner l’économie pour qu’elle réponde enfin aux besoins et qu’elle ne serve pas uniquement au profit d’une minorité.
Dans cette année de pandémie, on a vu qu’il y avait les travailleurs, ceux qu’on envoyait au front et sans armes, ceux qui ont continué à travailler aux caisses des supermarchés, à livrer les marchandises, à faire fonctionner les hôpitaux ou les écoles, ce sont eux qui ont permis que les choses fonctionnent. Au contraire, ce qu’on a vu des dirigeants, c’est qu’ils étaient absolument incapables de répondre au niveau de ce que la pandémie exigeait. »
Marie-Guite Dufay : PS Social-Écologie
« Nous avons une région très industrielle, très agricole et en pleine mutation. Très industrielle, avec une industrie liée à l’automobile, à l’énergie, la métallurgie… Des industries lourdes, anciennes, qui sont dans des phases de restructuration importante. Et quand on entend régulièrement dire que notre région est une des régions qui perd le plus d’emploi, oui, notre industrie perd des emplois et elle n’en crée pas encore autant qu’elle n’en perd. Je pense que le mouvement s’amorce et s’amplifiera mais nous faisons partie de ces régions qui sont encore lourdement impactées par les restructurations industrielles que ne connaissent pas d’autres régions de la France plutôt tournées vers des industries plus légères, vers le numérique, les services, et qui ne sont pas dans la même situation. Concernant notre agriculture, elle est double en Bourgogne Franche-Comté parce qu’il y a une agriculture qui s’en sort bien c’est la filière Comté qui est organisée et puissante et qui fait le lien entre les éleveurs, les transformateurs et les commerçants. Pour le reste, que ce soit l’élevage, les cultures céréalières ou encore la polyculture élevage, il y a beaucoup de souffrance, notamment dû à un problème de prix à l’export des produits. Il y a aussi une question d’adaptation au changement climatique puisque les sécheresses se font de plus en plus nombreuses et de plus en plus violentes et viennent renforcer les perturbations que connaît ce secteur de l’agriculture… Donc la région est là pour favoriser le meilleur environnement qui soit pour que l’agriculture se transforme, s’adapte au changement climatique. Nous sommes là pour nous battre aussi dans le cadre de la politique agricole européenne et ainsi obtenir le maximum pour nos agriculteurs. Et il y a une composante qui se fait jour c’est la production locale. C’est pour toutes ces raisons que je propose dans mon programme de travailler à une marque régionale de produits pas simplement estampillés locaux mais aussi justes, c’est-à-dire qu’il y a eu une relation directe entre la grande surface et le producteur sans intermédiaire et avec un prix correct payé au producteur.
« Accompagner les jeunes dans la création d’entreprises »
Nous avons un des programmes les plus conséquents en France en matière de formation. Nous sommes là pour pousser l’emploi et le protéger. Et pour le protéger, notre grand levier, c’est la formation. Effectivement, ces formations, nous les mettons en place en concertation avec les chefs d’entreprise pour qu’elles soient adaptées à l’évolution des besoins. C’est vrai qu’il y a beaucoup de difficultés à trouver les compétences adaptées aux besoins. Nos formations bougent sans arrêt en fonction des évolutions des besoins, vers les métiers du numérique, de la transformation énergétique. Pour résumer, c’est la vigilance pour sortir de la crise. Tout faire ensuite pour que les mutations énergétiques, écologiques, numériques, soient vraiment pleinement appréhendées par toutes les entreprises qu’elles soient artisanales, commerçantes, industrielles. Et là, il faudra aussi aller dans les bassins d’emploi avec des politiques différenciées parce qu’il y a des bassins d’emploi qui souffrent plus que d’autres. Et j’insiste sur la création d’entreprise par les jeunes. On va notamment regarder comment mettre en place un fonds spécifique d’aide à la création d’entreprise par des jeunes. »
Gilles Platret : Les Républicains
« Finalement, les deux dominantes qui tranchent par rapport au territoire national, c’est la force de l’industrie qui est une partie très importante de notre PIB, mais également la force du secteur primaire en particulier de l’agriculture et de la viticulture. Nous voyons bien finalement que nous sommes restés à pas mal d’égard une économie encore traditionnelle. C’est une chance et un défi. C’est une chance parce que je crois que nous avons des valeurs à défendre et qu’il y a des traditions, qu’elles soient agricoles ou viticoles, hyper structurantes, mais aussi industrielles. Toutefois, le point faible et le revers de la médaille, c’est que nous avons un besoin énorme d’adaptation de l’économie et que notre défi est comment arriver à opérer demain les mutations et les transitions pour que les nouveaux métiers qui vont être surabondants remplacent petit à petit les anciens métiers et pour qu’on ne se retrouve pas demain victime d’un certain déclassement.
Ce que je sens et entends des chefs d’entreprises de la région c’est qu’il y a un souhait que la région soit plus présente encore pour aider à ces adaptations. Je crois aujourd’hui, qu’il nous appartient à nous, puissance régionale avec la force de frappe budgétaire et financière que nous représentons, de mettre un énorme investissement sur la recherche. Il faut que nous entraînons les chefs d’entreprises dans une réflexion sur la mutation de leurs métiers. Ce que je propose aujourd’hui aux chefs d’entreprise c’est qu’on arrive à créer une conférence des secteurs d’activité de la région, une espèce de super parlement économique. Pour moi, une région qui réussit, c’est une région qui a épaulé l’économie dans sa mutation en se faisant oublier.
« À l’écoute des besoins de l’économie »
Il faut absolument qu’on travaille sur le principe du guichet unique pour améliorer l’AER. On a de beaux exemples de développements exogènes grâce à l’AER. Mais je pense qu’on peut être encore plus dans l’anticipation du besoin des entreprises qui chercheraient à s’installer. Il faut par exemple qu’on prépare le terrain avant même de savoir qui veut venir s’y installer. En clair, il faut que l’entrepreneur sache qu’il y a du foncier disponible avec des terrains purgés des prescriptions archéologiques, mais aussi des études environnementales. On peut même aller sur de la pré-instruction de permis de construire.
La Covid nous a amené à augmenter les fonds consacrés au développement économique. Mais si on prend la situation en 2020, juste au début de la crise, notre région avait consacré, dans son budget primitif 2020, à peine plus de 7 % de son budget général dans le développement économique, là où Auvergne-Rhône-Alpes était à 8,7%, la Normandie à 9% et les Pays de la Loire à 14,5%. Si on veut vraiment se mettre à niveau et inscrire une ambition de développement économique, il faut qu’on flèche 40 millions d’euros supplémentaires chaque année sur le développement économique. Sans augmenter les impôts, nous pouvons dégager des marges de fonctionnement et surtout investir sur le développement économique. Enfin, nous voulons créer deux outils : un prêt jeune entrepreneur et un passe entrepreneur qui offrira à chaque jeune entrepreneur une formation accélérée clé en main de tout l’écosystème économique. »