Violences urbaines : « On ne peut pas occulter l’élément déclencheur »
Politique. Emmanuel Macron recevait le 4 juillet plus de 200 maires, dont les communes ont été touchées par des dégradations depuis la mort du jeune Nahel à Nanterre. L’édile de Besançon était du lot. Elle revient sur cette réunion.
« J’étais présente mardi à l’Elysée, avec un ensemble de maires, pour échanger avec le Président de la République », explique Anne Vignot, présidente de Grand Besançon Métropole et maire de la ville en évoquant la réunion proposée par le chef de l’État en lien avec les violences urbaines survenues suite à la mort de Nahel.
Le jeune homme de 17 ans a été tué le 27 juin lors d’un contrôle par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine). « Les annonces et les débats n’ont pas été à la hauteur du déchainement de colère et de violences qu’a traversé notre pays ». Dans le quartier de Planoise, une banque a été incendiée, un supermarché du secteur Ile-de-France pillé, des voitures brulées, les tirs de mortiers d’artifices ont été nombreux. À Besançon, la nuit du jeudi au vendredi 30 juin a été la plus violente. Des violences qui se sont poursuivies crescendo les nuits suivantes.
« Rien ne justifie les violences ! Rien ! Mais la réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. Le retour au calme est une nécessité mais si on le veut durable il est nécessaire de faire un travail d’analyse sur ce qui a conduit à cette explosion de violences – qui mérite le qualificatif d’émeute, n’en déplaise au gouvernement. On ne peut pas occulter l’élément déclencheur, Nahel, un adolescent de 17 ans a été tué par un policier pendant l’exercice de ses fonctions. Là encore une analyse s’impose : comment a-t-on pu en arriver là ? »
« Je refuse les analyses simplistes et binaires mais ce que je refuse encore plus c’est le refus de se poser les vraies questions, le déni ou encore la fuite en avant. Depuis des années nous assistons à la construction progressive d’une ségrégation spatiale, elle concerne la différenciation entre les quartiers mais aussi une ruralité qui se sent abandonnée. Les inégalités entre les territoires se creusent. Ce constat a entraîné des plans sectoriels successifs sans qu’aucun n’ait véritablement eu le temps de se déployer, reposant sur des temporalités courtes, des emplois précaires, des financements par appel à projet, ne permettant pas de pérenniser des actions au long cours auprès des habitants.
Quels moyens sont mis en face de la dégradation du pouvoir d’achat, de la précarité qui touche de plus en plus de familles, en particulier en situation monoparentale, de la crise du logement, de l’accès aux droits ? Ces actions sur le terrain ne peuvent être efficaces sans un engagement de tous les acteurs. Nous avons organisé vendredi 7 juillet, une rencontre à huis clos avec des acteurs associatifs qui préfigure notre plan d’actions pour la jeunesse et la parentalité. La réponse doit être systémique, et j’attends de l’État qu’il nous accompagne dans nos démarches, en reconnaissant le manque criant d’égalité - promesse républicaine - pour nombre de citoyens ».