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Opéra : pleins feux sur l’ouverture

Culture. La programmation de l’Opéra de Dijon pour la saison 2021-2022 a été dévoilée le 10 juin dernier. Son directeur général et artistique le garantit : « il y en aura pour tous les goûts ».

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Dominique Pitoiset Mirco Magliocca

Le 10 juin dernier, Dominique Pitoiset, nouveau directeur général et artistique de l’Opéra de Dijon, a présenté le programme de la saison 2021-2022. Après une année particulièrement difficile, les retrouvailles s’annoncent grandioses avec une programmation riche et variée.
Pour son premier discours dans ses fonctions de directeur général et artistique, Dominique Pitoiset a parlé d’ouverture. « Ouverture... ainsi se nomment les premières pages musicales d’un opéra. Le compositeur y donne un avant-goût des thèmes que l’oeuvre va déployer. Elle est à la fois un signe de la musique future, et déjà le début de sa présence. Une promesse qui commence à se tenir à l’instant même où elle se formule. Elle est inaugurale  : avec elle et en elle, le temps présent se laisse happer, aimanter, orienter par l’avenir. Ouverture...l’Opéra de Dijon, comme tout lieu d’art et de création, a pour vocation d’être ouvert : curieux du monde, attentif, hospitalier. Prêt à se réinventer. L’art n’est jamais un acquis une fois pour toutes, un capital placé dont on encaisse la rente sans plus y penser. Cela, c’est ce qu’il risque de devenir quand il devient une habitude, quand il se fige », a-t-il énoncé en préambule.

Éprouvé par les longs mois de fermeture forcée, l’Opéra espère donc enfin renouer avec le « face-à-face » entre ses artistes et son public « dans ce qu’il offre d’irremplaçable ». N’étant pas un « homme de streaming  », Dominique Pitoiset insite sur l’importance de l’instant, en présentiel : « il génère de la vie, de l’existence, il fait sens, communauté ». Selon lui, ces temps de fermeture ont véritablement permis d’élaborer une saison consacrée à l’ouverture à tous les genres. 

« Les arts se nourrissent les uns des autres »

« Cette saison 2021-2022 est ma première à la tête de l’Opéra de Dijon. Je voudrais qu’on l’entende comme une ouverture annonciatrice de celles qui suivront. En tous cas, il y en aura pour tous les goûts. Une maison ne se dirige, et une saison ne se compose, qu’avec un certain goût. Le mien me porte vers l’équilibre, la diversité et vers l’ouverture. En matière d’opéra, par exemple, nous allons voyager entre les siècles, de Monteverdi jusqu’à aujourd’hui. Et quand je dis "nous", je parle bien de tout le monde, notamment des enfants.  L’opéra n’est qu’un exemple. L’ouverture, telle que je la conçois consiste aussi à ne pas se laisser enfermer dans son cercle enchanté. Les arts se nourrissent les uns des autres, du franchissement de leurs frontières respectives qui sont parfois, très relatives. L’opéra, art total, est aussi comme un carrefour. Si tous les arts s’y rejoignent et s’y croisent, tous peuvent aussi y puiser des forces nouvelles. Je veux concevoir l’Opéra de Dijon comme un lieu de rencontres, d’échanges, de ressources, où les arts du son, du geste et de l’espace se déploient l’un dans l’autre, l’un par l’autre. S’il y a un cercle, je rêve qu’il se multiplie, et qu’au pluriel, ces cercles s’élargissent et débordent, interfèrent et vibrent ensemble, captivant les sens, exaltant les coeurs, inspirant les pensées. Un Opéra ouvert, ce sera donc une maison en mouvement vers les autres et pourquoi pas, jusque dans l’espace urbain pour mieux appartenir aux habitants. »

L’auditorium de Dijon Gilles Abegg - Opéra de Dijon

Dans le détail, neuf opéras seront proposés dont trois accessibles dès l’âge de six ans. Une programmation riche avec, 27 concerts, huit spectacles de danse, quatre spectacles de cirque, deux spectacles de théâtre et de musique et, au total, 82 levers de rideaux prévus. 
Côté opéra, les réjouissances débuteront le 2 novembre avec le tant attendu Macbeth de Verdi avec, à la direction musicale de l’Orchestre Dijon Bourgogne, Sébastien Rolli et l’allemande, Nicola Raab à la mise en scène.
« Un très beau projet sur lequel toute la maison a travaillé et qui a malheureusement été torpillé par la crise sanitaire. Macbeth sera un projet encore plus pertinant demain qu’il ne l’est aujourd’hui », souligne-t-il. 

« Tout le monde, notamment les enfants »

Pour les fêtes de fin d’année, Le Petit Chaperon rouge, spectacle également prévu dans l’ancienne saison, ravira, le 8 décembre, petits (dès huit ans) et grands. Une représentation est également prévue la veille à destination des publics scolaires. Nouvelle production de l’Opéra de Dijon, Hänsel et Gretel projettera le public, du 19 au 22 décembre, dans un univers enchanté grâce à la mise en scène de Stephen Taylor, responsable des castings et de la programmation de l’établissement depuis peu. « Il s’agira d’une version réduite avec cinq musiciens », commente Dominique Pitoiset. Enfin, le spectacle de marionnettes Petite balade aux enfers d’après Orphée et Eurydice de Gluck ( les 3 et 4 mars 2022) permettra une initiation aux plaisirs de l’art lyrique auprès des tous petits. Parmi les incontournables de l’opéra, Cosi fan tutte de Mozart, en février 2022, sur une mise en scène de Dominique Pitoiset. La direction musicale, elle, sera assurée par Guillaume Tourniaire. Puis, début mai, Don Pasquale de Donizetti.
En musique, de nombreuses têtes d’affiche dont Renaud Capuçon et l’Orchestre de chambre de Lausanne autour d’un programme consacré à Bach et à Mendelssohn, en octobre, puis avec le pianiste Guillaume Bellon pour jouer Fauré, Saint-Saëns et Ravel. Le pianiste Bertrand Chamayou jouera quant à lui les années de pèlerinage de Liszt en novembre et en mai, en duo avec la violoncelliste Sol Gabetta. 

La partie danse s’ouvrira dès septembre avec Vertikal de Mourad Merzouki qui donnera à voir des flottements de corps. « Danser sans poids. Flotter sans contrainte... », telle est la promesse de ce spectacle. Le 8 janvier, l’Espagne sera à l’honneur à travers un spectacle déjanté, ¡Viva !, de Manuel Liñán. Ce concentré de flamenco a reçu le Prix de la Critique en 2020 au 24e festival de Jerez et comme, son titre le proclame, tout y est en vie. La particularité de ce spectacle tient dans le fait que ce sont exclusivement des hommes qui dansent sur scène. Deux spectacles de théâtre et musique seront également proposés lors de cette saison : Amore dirigé par le jeune artiste italien Pippo Delbono et Aucune idée de Christoph Marhaler. Enfin, l’Opéra fera son cirque avec le spectacle d’équilibriste, L’Oiseau-Lignes de Chloé Moglia et Marielle Chatain le 15 décembre, Mobius de la compagnie XY avec la collaboration artistique de Rachine Ouramdane ou encore, Celui qui tombe, les 9 et 10 mars, du chorégraphe Yoann Bourgeois du centre chorégraphique national (CCN) de Grenoble. Danse macabre de Martin Zimmermann est un spectacle qui mettra quant à lui en scène trois naufragés de la société ayant échoué sur une île de détritus à l’écart du monde et tentant de résister à l’adversité. Pour corser le tout, un quatrième larron s’amuse à tirer les ficelles de leurs destins. Pour se défendre, les trois héros n’ont qu’une seule arme, mais de taille : l’humour. Une œuvre tragicomique à savourer en famille. 

Plus d’informations sur : opéra-dijon.fr