
Je vous demande, le temps de la lecture de ce billet, de bien garder en tête que, délai d’impression oblige, il a été écrit AVANT le défilé du 14 juillet. Donc si un déséquilibré tente un truc ou un légionnaire se rase la barbe en direct, voire si Rachida Dati sourit sans avoir l’air de mordre, je ne peux pas en faire état. En plus, pour écrire ce billet, je me suis plongée dans la tête d’Emmanuel Macron, et dedans c’est, comment dire ? Bad mood.
Bad mood car ben oui, ce défilé 2025 est l’avant-dernier pour lui comme Président de la République. Encore un l’année prochaine et ce sera fini, les tapis rouges, le Falcon, Mes-chers-compatriotes, les ministres qui valsent comme à Vienne un 1er janvier et de manière générale la déférence (ou la servilité selon le degré de l’angle de pliage de l’échine) due à la fonction, le papier à en-tête et l’Élysée comme adresse postale...
L’Élysée, le lieu, selon les Antiques, où après leur mort, se reposaient pour l’éternité les héros. « Stop aux carabistouilles !, tonne le Président depuis sa tête (et ça fait un sacré écho), héros je veux bien, mais mort ça non, par Jupiter ! » Ben si, monsieur le Président, partir de l’Élysée sous la cinquième, c’est mourir un peu. Et même s’il goûte cette référence au poète Haraucourt, le voilà tout mélancolique, notre premier de cordée. Finir comme Sarkozy, à faire la tournée des Fnac pour monnayer ses souvenirs ou encore pire, redevenir député comme Hollande histoire de ne pas lâcher la gamelle républicaine, ça manque un peu de souffle pour un type qui prétend descendre tout droit de l’Olympe...
Je le vois bien, les mâchoires serrées, à se dévisser le cou pour voir les sillages tricolore de la Patrouille de France en ruminant comme une vache qui ne rit plus à l’idée que cet avant-dernier Défilé n’est que le prélude du dernier conseil des Ministres lui-même préambule de la dernière visite officielle avant de faire ses premiers cartons...
Sauf que sauf que... mais le voilà qu’il s’illumine de l’intérieur, le bougre ! Kesskisspass ? Une bonne blague de Brigitte, histoire de faire fumer les réseaux sociaux ? Gérard Larcher qui n’arrive pas à faire rentrer son vaste séant dans son siège ? Attal qui vient de se souiller la Berlutti dans le crottin d’un Bucéphale de la Garde républicaine ? Que nenni. S’il se réjouit autant, notre meilleur d’entre nous, c’est que la Constitution est formelle : en France, un Président ne peut pas exercer plus de deux mandats consécutifs. Con-sé-cu-tifs, hé hé. D’ailleurs, invité-surprise des jeunes macronistes, il l’a laissé entendre : pour lui, l’aventure est loin d’être finie ! « J’aurais besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans, parce que vous serez là ! », leur a-t-il lancé, la voix presque aussi éraillée que le soir du « Projeeeeet » de 2017. 10 ans ?! Mais mazette, dix ans ça nous fait un quinquennat et des brouettes, ça, largement de quoi se représenter, avec un Projeeeet tout neuf, en 2032 ! « Après tout, Trump l’a bien fait », grommelle Macron in petto. Conclusion : si on le voit sourire façon Raminagrobis en ce jour de Défilé, on saura pourquoi. Sur ce je vais me prendre du paracétamol, tous ces acouphènes dans la boîte crânienne présidentielle, ça m’a filé un sacré mal de crâne...