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« Opération place nette XXL » à l’heure du bilan

Sécurité. Trois semaines après le lancement de ce vaste dispositif de lutte contre les trafics, État, Justice, forces de l’ordre et douanes estiment leurs premiers objectifs atteints.

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Photo de David Cugnetti, Général Sylvain Daniel, Olivier Caracotch, Franck Robine et Bruno Gallot
De gauche à droite : David Cugnetti, directeur régional des Douanes, Général Sylvain Daniel, commandant de la région de gendarmerie de BFC et commandant du groupement de gendarmerie départementale de la Côte-d’Or, le procureur de la République Olivier Caracotch, le préfet de la Côte-d’Or et préfet de la région BFC Franck Robine et le commissaire divisionnaire Bruno Gallot, directeur interdépartemental de la police nationale de la Côte-d’Or. (Crédit : JDP)

Déploiement d’ampleur inédite (près de 1.000 policiers, gendarmes, douaniers déployés en plus des forces de l’ordre stationnées localement), l’opération Place nette XXL voulue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est à l’heure du bilan trois semaines après son lancement le 25 mars dernier avec « des résultats extrêmement satisfaisants de notre point de vue », affirme le préfet Franck Robine, entouré par les représentants des douanes, de la gendarmerie, de la police nationale et du procureur de la République Olivier Caracotch (voir légende).

Initié par l’identification de cibles judiciaires « œuvrant », si l’on peut dire, dans les trafics de drogue où impliqués dans des violences entre bandes, des fraudes, ou du blanchiment d’argent, le dispositif avait donné lieu vendredi 12 avril au soir à 213 interpellations, 27.000 personnes contrôlées, six placements en centre de rétention administrative, 203 amendes forfaitaires délictuelles contre des consommateurs de stupéfiants.

« Les opérations contre la drogue vont continuer, et elles cibleront de façon particulièrement renforcée les stupéfiants », prévient d’ailleurs le préfet pour qui « un consommateur a au même titre que les trafiquants, du sang sur les mains » et balaie tout débat sur la légalisation : « Le ministre de l’Intérieur lorsqu’il est venu à Dijon, a d’ailleurs rappelé combien les pays qui avaient cru bon de légaliser s’en mordaient les doigts aujourd’hui au vu des résultats. »

Des armes (47), 8,5 kg de stupéfiants, essentiellement du cannabis et 50.000 euros saisis, plusieurs commerces soupçonnés de servir à faire du blanchiment d’argent contrôlés. « Ces renforts que nous avions eus étaient très intéressants pour frapper très fort mais l’activité de police reste de toute façon très élevée puisque l’année dernière, pas moins de 500 personnes ont été remises à la justice pour des affaires liées aux stupéfiants. » Les opérations continueront donc, et cibleront, prévient encore le préfet, les consommateurs au même niveau que les trafiquants : « C’est un enseignement très fort que je retiens de cette opération ».

Objectif judiciaire atteint

Sur le plan judiciaire, le lundi 15 avril, 161 gardes à vue avaient été effectuées sur les 213 personnes interpellées. « Une bonne partie d’entre-elles non placées en garde à vue l’ont été parce qu’elles étaient inscrites au fichier des personnes recherchées, précise Olivier Caracotch. L’intérêt d’une présence massive de forces de sécurité intérieure sur la voie publique ou dans les contrôles de flux est qu’il permet de contrôler hors commission d’une infraction des personnes dont il s’avère qu’elles sont recherchées pour se voir notifier une décision de justice, pour exécuter une peine parfois ».

L’objectif judiciaire de 65 personnes cibles « a été rempli dans sa quasi-totalité », précise encore le procureur de la République qui reconnaît que les chefs de réseau, en fuite, ont échappé aux opérations. Les gardés à vue sont impliqués pour un tiers dans des trafics de stupéfiants ou leur détention ; un tiers pour des atteintes aux personnes et le dernier pour d’autres faits (atteintes aux biens, à l’autorité, quelques délits routiers). 18,6% de ces gardés à vue étaient mineurs, ce qui correspond peu ou prou aux chiffres habituels lorsqu’on examine la délinquance. 56 personnes (35%) ont été présentées au tribunal, jugées en comparution immédiate (19 personnes), jugés hors audience sur reconnaissance préalable de culpabilité sur déferrement dans un délai allant d’une heure à un week-end suivant la présentation au tribunal. 24 personnes ont été condamnées à de la prison ferme ou à des peines mixtes et sept interdictions de paraître ont été prononcées.

Le point de deal de Quetigny démantelé

Le général Sylvain Daniel, commandant la gendarmerie en Côte-d’Or, se réjouit du « démantèlement du point de deal de Quetigny » et l’interpellation d’une personne transportant dans le train venant de Montbard, porteur de stupéfiants destinés à la prison de Dijon. De son côté, le patron interdépartemental de la police nationale Bruno Gallot se félicite que l’opération ait pu avoir l’effet « d’accélérateur pour mettre un grand coup de balai dans les affaires » et d’avoir permis de « mettre hors d’état de nuire des gens réputés pour polluer la vie des gens », grâce à des interpellations dans d’autres domaines que les trafics : rixes entre bandes notamment. Ainsi des affaires d’agression violente fin 2003, ou de séquestration sous la menace d’un couteau place Darcy ont connu des développements majeurs.

Photo du discours dans l'enceinte de l'hôtel de la police national à Dijon
Juste avant le lancement de l’opération Place nette XXL, le 25 mars dernier, dans l’enceinte de l’hôtel de la police nationale à Dijon. (Crédit : Archives JDP)

« Nous avons eu des retours par plusieurs sources que cette occupations massive des quartiers a vraiment gêné les délinquants qui ont perdu beaucoup d’argent, affirme par ailleurs Bruno Gallot. Je ne suis pas naïf, ils se sont réadaptés plus ou moins, mais on les a beaucoup dérangé. On a pu enfin enregistré une chute de la délinquance générale pendant cette période ».

« Place nette aura un effet durable sur la délinquance à Dijon, assure le préfet Franck Robine. D’abord parce que des individus ont été mis hors circuit. Il y a bien d’autres enseignements à tirer. C’est la première fois que l’on avait une clé d’entrée judiciaire pour aller chercher les voyous. On a pris l’habitude de se voir de façon informelle avec le procureur de la République, dans le respect le plus strict des enseignements de chacun » et donc, conclut le préfet, à l’avenir, « rien n’empêche que nous montions de telles opérations ».