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Le PLF 2025, finalement adopté après un 49.3 dont on commence à prendre l’habitude, n’en finit pas de receler des surprises. Des divines, tel cet aménagement de l’exonération de la fiscalité sur la transmission des terres viticoles (lire page 21) et d’autres moins attendues comme l’abaissement au 1er mars 2025 du seuil d’exemption de la TVA pour les autoentrepreneurs à 25.000 € de chiffres d’affaires pour tous, contre 37.500 € pour les prestations de services et 85.000 € pour la vente de marchandises actuellement. Entre 200.000 et 250.000 structures étaient visées par la loi équivalant à une rentrée d’argent de plusieurs centaines de millions d’euros pour l’État. La mesure aurait également permis de restreindre la distorsion de concurrence que ne cessent de dénoncer par exemple la CPME, les artisans, les professions libérales, certaines professions de prestations de services etc etc. Une lecture attentive par les députés (ou leurs petites mains) ont débusqué le lièvre et là : tollé ! Le président de l’Union des autoentrepreneurs François Hurel, proteste fort logiquement contre une « ineptie de complexité prise sans aucune concertation qui va pénaliser les travailleurs les plus pauvres ». Même son de cloche chez l’ancien député et ancien secrétaire d’État chargé du Commerce de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services et de la Consommation sous Nicolas Sarkozy Hervé Novelli, qui a inventé en 2008 le dispositif et s’alarme contre le risque de voir revenir au grand galop le travail dissimulé tandis que des légions de « travailleurs pauvres » vont se retrouver démunis... Toute la journée du 6 février, les médias ont vu défiler les contempteurs de la mesure tant et si bien que, dans une mise en scène assez mal jouée de part et d’autre, le ministre de l’Économie Éric Lombard n’annonce finalement sur le plateau d’Anne-Sophie Lapix que ben finalement, on allait suspendre et lancer une concertation (un machin que l’on fait normalement avant de prendre une décision) et que d’ici là doucement les basses, coucouche panier papattes en rond... Une chose m’interpelle tout de même : pourquoi s’acharner à sauver un dispositif qui fabrique, certes, des « travailleurs »,mais des « travailleurs pauvres » ? Faut-il être hypocrites pour ne pas voir que ce statut, censé permettre de tester une idée d’entrepreneuriat, a largement été devoyé pour permettre à des margoulins d’exploiter, par exemple, des livreurs à vélo, non salariés et donc mis dans l’impossibilité d’avoir des conditions décentes de travail, condamnés à faire tourner leurs roues avec la même obstination qu’un hamster ? Dès 2012, Ligne 15, un groupe de hauts fonctionnaires et cadres du privé s’alarmait dans les colonnes du Monde de ce statut bâtard qui « s’apparente en réalité à une réforme déguisée du marché du travail [ayant] surtout contribué à la création d’emplois précaires au prix de fortes subventions. » 13 ans plus tard, le constat est toujours valide.