Humeur

Avec ou sans voiles

Lecture 3 min

Ils le répètent sur toutes les longueurs d’onde, en vidéo, en conférences de presse… Ils ont changé. Les talibans de 2021 ne sont pas ceux de 2001. Rien à voir, on vous dit : le pardon est promis aux opposants, les femmes seront respectées et les filles pourront aller à l’école jusqu’à l’université… Quant au voile, s’il ne doit plus être intégral, le flou demeure sur la taille effective de tissus autorisée. Il ne faudrait tout de même pas tout dévoiler, question de crédibilité ! Et puis, il y a plus important que de parler chiffons… Ne vous voilez pas la face toutefois, ce discours policé, tout en trompe l’œil, est du pain béni pour nos vieilles démocraties européennes et pour l’Oncle Sam. Certes, les vingt années de guerre, de présence militaire et d’entraînement des forces afghanes n’auront servi à rien et sonnent comme un patent et bien coûteux échec, mais l’honneur est sauf si les loups d’hier, revenus au pouvoir, sont devenus de doux agneaux. Au-delà de ces timorés démocrates, d’autres, plus cupides profitent aussi de l’hypocrite discours des vainqueurs. À l’image de la Chine et de la Russie qui ont déjà entamé le dialogue avec les talibans et font partie des rares pays à ne pas avoir retiré leurs ambassades. Le fait que l’Afghanistan possède d’importants gisements de bauxite, de cuivre, de fer, de lithium et de terres rares, essentiels aux marchés industriels d’avenir que sont l’éolien ou la voiture électrique, n’y est sans doute pas étranger. Le potentiel de toutes les ressources souterraines du pays a ainsi été estimé à mille milliards de dollars par un rapport commun de l’Onu et de l’Union européenne datant de 2013. La Chine, qui produit déjà 40 % du cuivre mondial, près de 60 % du lithium, et plus de 80 % des terres rares auraient même soutenu un certain nombre de factions talibanes afin de s’assurer l’accès à des gisements plus que prometteurs. Une bonne raison de mettre un voile pudique sur les droits humains.