
En préambule, je sais bien, chers amoureux de la langue française, que « battre en retraite » ne s’emploie qu’à la forme active et au singulier... mais reconnaissons que c’était trop tentant (et puis forme active en parlant de François Bayrou qu’au sommet de l’État on surnomme « le roi fainéant », comment dire, c’est un peu antithétique). Mais bref.
Un peu de rétro-politique : alerté par le passage éclair de Michel Barnier à Matignon, forcé au pas de deux avec le RN pour espérer garder son siège éjectable (pari perdu), François Bayrou avait réussi un joli coup avec le PS : échanger la promesse de négociations sur le devenir des retraites contre l’abstention des socialistes en cas de motion de censure sur les budgets. Oh ben oui tiens, a fait le Parti à la rose qui a depuis longtemps perdu ses épines et pas mal des illusions de ses électeurs, faisant du même coup voler en éclat le Nouveau front populaire. Ouf, a fait le Béarnais, ça nous fait quelques mois de gagné.
Ils auraient dû se méfier, les socialistes. Un type qui en 2025, soit 120 ans après la loi sur la séparation de l’église et de l’État, appelle une négociation entre partenaires sociaux un « conclave », ça ne sentait pas trop bon pour les autoproclamés héritiers des bouffeurs de curé. On connaît la suite : les syndicats de salariés ont accusé le patronat d’avoir saboté les discussions, le patronat a expliqué que le jeu était pipé dès le début et François Bayrou, malgré les prolongations et les tirs au but, a dû sortir du déni et reconnaître que le conclave, il n’y a qu’au Vatican que ça marche. Et ce n’est pas la conférence de presse donnée jeudi 26 juin qui va nous convaincre du contraire...
Et maintenant, comme chantait Gilbert Bécaud ? Et maintenant, fort marris, les socialistes ont déposé une motion de censure qui a aucune chance de passer puisque le RN, encore lui, ne la votera pas, réservant ses forces pour l’automne, le vote du budget et le 49.3 qui ira avec. Dans la foulée, nos ministres vont faire boum comme le coeur de Charles Trenet (très chanson fraaaançaise, cette chronique décidément). Heureusement, pour ceux qui ont peur de s’ennuyer, il y a les élections municipales en mars 2026, les Sénatoriales en septembre pour les plus capés d’entre eux (on en a, en local). Quant à François Bayrou, 74 ans cette année, expert-ès gadins, il nous fera bien une ultime sortie en 2027, pour la présidentielle ?