Humeur

Bestiaire politique

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Emmanuelle de Jesus.

Mon mari, être exquis par ailleurs, a un jour dit à mon propos que je possédais « une mentalité de spectatrice ». Lui qui adore passer son temps libre à traîner avec des chanteurs, acteurs et autres chansonniers dont le plus jeune a depuis longtemps dépassé la DLUO, ne comprend pas que je ne cherche pas à faire ami-ami avec ceux-là même que l’on admire dans l’exercice de leur art respectif. J’avoue : je n’ai pas envie de connaître le quotidien, sûrement banal, de ces artistes, tout comme je n’ai pas la moindre envie de traîner en cuisine voir le chef goûter quatre fois le fond de sauce et passer le petit coup de linge pour essuyer le bord de l’assiette avant qu’elle n’arrive sur ma table.

J’aime assez l’émerveillement de la chose accomplie, et surtout, surtout, juger les gens sur pièce plutôt que sur leur blabla. Car, comme dit le dicton : « C’est au pied du mur que l’on voit le maçon ». Voilà pourquoi j’aime assez le punch des élections américaines 2024, dont les primaires dans les deux camps ont été expédiées, coup de théâtre démocrate y compris, pour laisser place au combat qui s’annonce savoureux entre le représentant des éléphants républicains Donald Trump et la championne des ânes démocrates Kamala Harris.

J’apprécie d’autant plus que, chez nous, les candidats à Matignon passent, à l’heure où j’écris ces lignes, leur grand oral devant un Emmanuel Macron dont on imagine la jubilation. On voit d’ici les petites fiches, les notes de synthèse apprises par coeur et les hurlements au « déni démocratique » si jamais le (la) gagnant(e) ne fait pas partie de la short-list - rappelons qu’Emmanuel Macron a toute latitude pour nommer qui il veut, ce n’est pas moi qui le dit mais l’article 8 de notre Constitution. Ce cirque hexagonal m’éloigne du bestiaire US mais me fait furieusement penser aux pauvres belette et petit lapin de la fable, venus devant Raminagrobis, « un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, arbitre expert sur tous les cas » pour régler un différend. Que fit le chat ? « Il mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre ». Macron est-il un chat ? Réponse ce lundi 26 août. Normalement...