Humeur

Bonnet d’âne

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Antonin Tabard

Alors que le Président de la République a prédit, lors de son premier conseil des ministres, la fin de l’abondance, des évidences et d’une forme d’insouciance, son nouveau ministre de l’Éducation nationale fait sa rentrée avec un premier dossier pour le moins épineux, celui du manque de professeurs. En effet, cette année, plus de 4.000 postes n’ont pas été pourvus au concours, un taux historiquement bas. D’après les données du ministère de l’Éducation nationale, le taux de postes pourvus est de 83,1% dans le premier degré public, contre 94,7% l’an dernier, et de 83,4% pour les collèges et lycées, contre 94,1% en 2021.

En conférence de presse, vendredi 26 août, Pap Ndiaye l’a pourtant réaffirmé : « Notre premier défi est d’assurer une rentrée dans un contexte de tension inédite pour le recrutement des professeurs [...] Nous devons faire face à nos besoins en recrutant des contractuels - 80 à 90% d’entre eux ont déjà une expérience d’enseignement ». Autrement dit, à la rentrée de septembre, 10 à 20% des contractuels recrutés pour combler le manque d’enseignants pourraient bien ne jamais avoir mis les pieds dans une salle de classe... Plutôt rassurant quand on sait qu’on demande aujourd’hui à un professeur titulaire d’avoir fait cinq années d’études, dont deux à trois années en stage immersif aux côtés d’autres enseignants.

Ironie de la situation, pourquoi, alors qu’on médit trop souvent des profs et de leur “quatre mois” de vacances, ce métier n’attire pas plus que cela ? Ne serait-ce pas enfin le moment d’ouvrir les yeux sur les réelles conditions de travail et salariales du « plus beau métier du monde » ? Auditionné début août par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Pap Ndiaye promettait une revalorisation salariale des enseignants et une rémunération mensuelle de 2.000 euros nets dès leur première année d’expérience. Jusqu’à présent, pour prétendre à cette rémunération, ces fonctionnaires de catégorie A devaient avoir déjà travaillé entre cinq et dix ans, selon les niveaux d’enseignement...