Humeur

Brexit : plus cinq milliards de livres en passant par la case départ

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Frédéric Chevalier

Jeudi 21 juillet, la Banque centrale européenne (BCE) sonnait la fin de la récré. Après 11 ans de baisse continue du taux principal de refinancement (Refi) - le plus important des taux directeurs de la BCE - l’institution basée à Francfort vient de remonter massivement ce dernier 0,5 % pour lutter contre l’inflation. Si hier, cette variable économique s’affichait en négatif pour doter la relance, elle connaît aujourd’hui une remontée positive aussi attendue que spectaculaire. Objectifs combattre coûte que coûte la si délétère inflation, qui a battu un nouveau record en juin, à 8,6% sur un an, pour les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, selon les chiffres d’Eurostat. Un relèvement jugé nécessaire par les économistes mais qui ne sera pas exempt de répercussions majeures sur les économies des différents pays de l’Union. Y compris chez un ancien membre toujours débiteur de l’Europe malgré son désir d’émancipation. Dans cet Escape Game, le Royaume-Uni pourrait voir son passage par la case départ réévalué à la hausse. D’après le bureau du Trésor du gouvernement de sa majesté, l’augmentation des taux d’intérêt européen pourrait faire bondir le coût du Brexit de cinq milliards de livres. Les Britanniques avaient tablé sur une facture oscillant entre 35 et 39 milliards de livres. Aujourd’hui, les estimations font état d’un montant de 42,5 milliards de livres, soit plus de 50 milliards d’euros. Six ans après le vote en faveur du Brexit, cette nouvelle hausse annoncée du divorce risque d’accentuer l’effritement de l’économie anglaise, qui si elle ne s’est pas effondrée a bien du mal tirer du positif de cette sortie de l’union, au point que le tout récent démissionnaire premier ministre, Boris Johnson, avait jugé de bon aloi de nommer au printemps un « ministre des opportunités du Brexit », preuve s’il en fallait qu’à ses yeux ces dernières ne brillaient pas dans le brouillard londonien.