Vous l’aurez sans doute remarqué, 2025 n’est ni une année bissextile, ni une année palindrome. Alors me direz-vous, pourquoi insister ici sur une telle vacuité ? Et bien parce que, si cette nouvelle année s’était trouvée pourvue de tels attributs, j’aurais eu matière à saupoudrer mes idées noires post Saint-Sylvestre d’un bienvenu éclairage léger et un brin dérideur de zygomatiques si cher au prolixe professeur Rollin, personnage farfelu du comédien François Rollin. Or, vous en conviendrez, quel que soit le sens (économique, politique, international…) dans lequel l’on s’évertue à prendre cette année, le résultat reste le même : elle s’acoquine ouvertement avec le mot de Cambronne. Plus grave, les capitaines des puissances mondiales à la barre de ce 25e vaisseau annuel du troisième millénaire ont tout de cousins germains de celui à l’œuvre sur le Titanic. La preuve en deux exemples récents. Outre-Atlantique, Donald Trump, toujours prompt à sortir son étendard raciste et protectionniste, qui, dans un crac-boum-hu dutronesque, fait tomber tout bon sens à genoux, voit dans l’attaque à la voiture-bélier survenue le 31 décembre à la Nouvelle-Orléans, l’occasion de décrier la politique du président Joe Biden d’ouverture des frontières. On apprendra un peu plus tard que le responsable de la quinzaine de mort était un ex-membre de l’armée américaine ayant, comble de l’ironie, reçu une médaille de lutte contre le terrorisme. En France, pays aujourd’hui enlisé dans la dissension, notre champion s’appelle Emmanuel Macron. Celui qui a fait le pari de la dissolution pour apporter de la clarté au pays vient de reconnaître dans ses vœux télévisés à la nation que cela avait fait naître « pour le moment d’avantage de division à l’Assemblée que de solutions pour les Français », affirmant même dans un mea-culpa inédit chez Jupiter que : « La lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité et j’en prends toute ma part. » Sans dÉ-cOn-nER ! (À lire en prenant tout son temps et en insistant sur les voyelles pour bien signifier l’ironie). Il lui en aura fallu du temps… Les Français, qui ont pour eux de ne pas avoir à souffrir le handicap de l’intelligence hors-norme du chef de l’État, avaient, pour leur part, supputé toute l’abyssale bêtise d’une telle décision bien avant que ce dernier n’appuie sur le bouton rouge. Face à cette débandade du bon sens, où tout semble tenir plus des escaliers d’Escher que de la rassurante ligne droite, à défaut d’une drôle d’année palindrome, on signerait presque pour une année anarchique au sens de l’idéal de Proudhon, où l’ordre règne sans le pouvoir des chefs.