Pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, le gouvernement a déployé en septembre 2020 le plan France Relance de 100 milliards d’euros pour relancer l’économie et l’emploi, autour de trois défis structurels de l’économie française : l’accélération de la transition écologique, la compétitivité des entreprises et la réindustrialisation, ainsi que le renforcement de la cohésion sociale et territoriale.
Afin de juger de l’efficacité de ce plan, un comité de suivi et d’évaluation indépendant a été mis en place. Présidé par Benoit Coeuré, économiste français, administrateur de l’Insee et membre du directoire de la Banque centrale européenne de 2012 à 2019, cette instance vient de publier un premier bilan qui compte bien des points positifs, au premier rang desquels : la rapidité de mise en place du plan et son côté “massif ”.
Le comité estime ainsi « qu’avec une croissance pour 2021 estimée à 6,25 %, le niveau d’activité économique d’avant crise devrait être retrouvé dès la fin de l’année, à la différence de l’Italie ou du Royaume-Uni. L’emploi salarié a dépassé son niveau d’avant crise, tandis que le chômage baisserait fortement à 7,6 % au troisième trimestre d’après l’Insee, soit en deçà de son niveau de fin 2019. Malgré la hausse de l’inflation, le pouvoir d’achat des ménages progresserait de 2 % en 2021 ». Voilà pour les satisfécits.
Quant aux réserves, elles laissent sous-entendre qu’à l’image du lièvre, de la fable, le gouvernement aurait fait le double pari de la rapidité plutôt que de l’efficacité et de la quantité plutôt que de la qualité. Et le comité de donner des exemples d’arbitrages d’urgence qui voient s’opposer : « l’efficacité énergétique des travaux financés au détriment de la structuration de la filière de rénovation énergétique ou encore l’innovation dans les procédés de production en lieu et place du rattrapage technologique… ».
De même, le groupe s’interroge sur les actions en faveur de « la modernisation des sous-traitants de l’automobile et de l’aéronautique quant à leur réelle capacité à contribuer à la transition écologique de ces secteurs ». In fine, France Relance pourrait ne pas transformer l’économie française autant qu’attendu, laissant le lièvre de la reprise nationale se faire une nouvelle fois dépasser.