Humeur

En « deux sous » de tout

Lecture 5 min
Frédéric Chevalier (Crédit : DR)

En ce moment, le président de Dijon Métropole et maire de la ville, François Rebsamen compte ses sous et comme il a l’impression que le compte n’y est pas, donne des coups. Il joute ainsi avec le département de Côte-d’Or à qui il reproche un manque d’implication sonnante et trébuchante en direction des Dijonnais. Une petite musique contrée, lundi 25 mars, en session du conseil départemental par une présentation détaillée de François Sauvadet de la longue liste d’actions menées par sa collectivité en faveur de la métropole et des millions d’euros qui vont avec.

Si entre ces deux échelons de la politique locale l’harmonie semble retrouvée, la dissonance s’accentue en revanche avec la région. Là encore, François Rebsamen évoque un mauvais traitement de la part de Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional de BFC, envers la métropole. Sur les contrats Territoires en actions, le compte n’y serait pas selon l’édile si l’on prend en considération le ratio par habitant : « C’est moins que Chalon, Besançon ou Le Creusot… Pourquoi ? », lance-t-il.

Il reproche également à la présidente régionale de vouloir enclaver la Bourgogne Franche-Comté en ne soutenant pas financièrement l’Aéroport Dole-Jura, alors que lui a répondu positivement à l’appel au secours du département du Jura propriétaire du site depuis 2007. Un partenariat qui engagerait également la Côte d’or, la Saône-et-Loire et le Grand Dole pour sauver la structure dont la piste vétuste doit être entièrement refaite pour que celui-ci puisse conserver son agrément. Montant des travaux : sept millions d’euros. « Nous n’avons pas vocation à soutenir l’activité commerciale d’un aéroport qui n’a pas trouvé son modèle économique », a fait savoir Marie-Guite Dufay. Une position qui n’est d’ailleurs pas nouvelle et qui remonte bien avant la fusion des régions. Il est vrai que l’infrastructure n’a jamais trouvé son équilibre financier, concurrencé par les trop proches plates-formes de Lyon-Saint-Exupéry, Bâle-Mulhouse et Genève.

Depuis 2011, l’aéroport alimente des liaisons Ryanair vers le Maroc et le Portugal, ainsi que des dessertes estivales en Corse par Air Corsica… Si les passages sont là, les recettes, elles, demeurent dépendantes de millions d’euros de subventions. Alors, quand François Rebsamen évoque « un mépris pour cette diaspora qui n’aurait pas le droit de rentrer chez elle pour y passer des vacances », il frise le trou d’air intellectuel.

Dit plus crûment : ça vole bas. De ce grief, il fait le carburant d’une pirouette stratosphérique qui l’amène à conclure que le responsable de tous ses désagréments, c’est la fusion. Une opération aux forceps qui ne pouvait qu’être délétère selon lui. « Ça ne marche pas et ça ne pouvait pas marcher nous sommes trop différents. D’un côté, nous avons une terre de montagnards, de résistants, de citadelle, de lions de Belfort et de l’autre une terre de plaines, ouvertes, fondamentalement européenne…C’est pourquoi je pense qu’une scission est nécessaire ».

À l’inverse, Marie-Guite Dufay défend le rapprochement chiffre à l’appui : « La région BFC a investi 600 millions d’euros pour développer l’économie, la recherche, des filières, auparavant le cumul des deux régions, c’était 300 millions d’euros. » Alors que dire de ces querelles de clochers et de ces stériles combats de basse-cour ? Qu’ils sont d’un autre temps, c’est certain. Qu’ils nous font perdre notre temps, assurément. Qu’ils sont de nature à rassurer de potentiels investisseurs et à donner envie aux familles et entreprises de s’installer en BFC... aucunement.