
La semaine dernière, à peine les flonflons de la fête éteints et les derniers lampions itou, que François Bayrou nous faisait redescendre sur terre avec l’annonce de son plan d’austérité pour dégager 44 Mds €, un truc qu’on ne trouve pas sous le sabot d’un cheval. Parmi les pistes de travail sur lesquelles les analystes ont longuement glosé toute la semaine avec, en acmé, une exégèse sur le thème « Faut-il créditer les entreprises et mettre le service public à l’os ou le contraire » (j’ai eu l’impression d’un vieux débat Yvon Gattaz vs Georges Marchais), j’ai relevé ceci dans le discours de monsieur Premier (et c’est une citation exacte) : « De la même manière, j’ai toujours été frappé que les dispositifs médicaux et médicalisés, les fauteuils pour les personnes infirmes gravement malades, en fin de vie, les cannes anglaises, le nombre si important d’aides, de matériel mobilisé pour une personne gravement atteinte, il faut pouvoir les réutiliser après que la personne n’en a plus besoin, par exemple après qu’elle a disparu ».
Si je salue, chez l’agrégé de Lettres classiques, l’utilisation de l’indicatif et non du subjonctif à la suite de la locution « après que » ( « Il faut bonne mémoire après qu’on A menti », nous rappelle Pierre Corneille ), j’avoue que le fond de la proposition me laisse perplexe. Allons François, un peu de nerf, que Diable ! C’est un peu mou du genou, va au bout du truc ! 44 milliards, on va pas se contenter de recycler quatre béquilles et regonfler quelques fauteuils roulants, non, non ! Au lieu de ce tuning hospitalier, je te propose, moi, de faire aussi quelque chose de ces personnes « par exemple » après qu’elles ont disparu (étrange ce « par exemple », non ? À part quelques miracles à Lourdes qui, il est vrai, ne se trouve pas si loin de Pau, la bonne ville de notre Premier ministre, la fin de vie comme son nom l’indique, ça sent plutôt le sapin. Mais revenons à nos mourants). Pas simplement de les enterrer ou de les brûler, mais par exemple, d’en faire de la saucisse. Ou des croquettes à toutous. Après tout, surtout quand il est vieux, un utilisateur de fauteuils roulants, gavé de pain spécial senior et de bouillies innovantes, ça regorge de protéines, ce serait bête de gâcher. C’est même l’argument de Soleil Vert, le film de Richard Fleischer (désolée pour ceux qui n’auraient pas encore vu ce truc glaçant). Alors des économies oui. Le recyclage des matériels hospitaliers, te leurre pas François ça fait un bail que ça se fait déjà. Par contre, dans ces temps où une bonne majorité de nos chers compatriotes commencent à en avoir ras la casquette d’être tondus avant même que ça repousse, ce serait bien, au moins, de ne pas faire d’économies sur la dignité.