Humeur

La trend (tendance virale) Starter Pack a...

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Emmanuelle de Jesus

La trend (tendance virale) Starter Pack a envahi les réseaux : en quelques clics, grâce à l’IA et quatre pauvres lignes de prompt qui se passent d’un compte à l’autre aussi rapidement qu’un virus de la grippe dans un tram bondé, une photo de sa trombine et quelques précisions sur les objets qu’on veut se voir accoler, on a été envahi d’images de quidam représentés en figurines avec les accessoires censés résumer leurs existences, le tout sous blister. Tout le monde ou presque s’y est mis, offrant au passage un aperçu que ce que l’humanité connectée a choisi d’offrir en partage de soi-même sur les écrans (spoiler : c’est pas foufou). Résumé des commentaires en dessous desdits Starter Pack : l’IA, c’est trop génial (oui, en termes de vocabulaire, c’est pas Edmond Rostand non plus). 222Ben non. Ce truc qui consiste à se transformer en joujou sous film comme un mauvais steak surgelé, c’est sûr que ça va faire rire Bernard de la compta et faire pouffer Christine du marketing qui vont s’empresser de générer leurs propres figurines mais en fait... c’est pas drôle du tout.

Pour info, une session de dix échanges avec ChatGPT génère en moyenne 0,12 g de CO2, estime une étude de Hugging Face, entreprise franco-américaine de l’IA qui développe des outils pour utiliser l’apprentissage automatique. Multiplier ça par le nombre de Bernard et de Christine et vous avez une idée du gaspillage écologique d’une telle tendance. Il y a quelques semaines, une autre trend consistant à se transformer en personnages inspirés des studios Ghibli a tellement fait chauffer les serveurs que les géants de la tech ont dû réguler les accès... On passe sur le plagiat d’un univers, sur le narcissisme bêbête de ceux qui font ça « pour se détendre, on fait ce qu’on veut », comme j’ai pu le lire quand j’ai osé émettre un avis moins béat que l’immense majorité des plastifiés... Non, on fait pas ce que l’on veut, quand on a un minimum d’aïdos, comme disent les Grecs, cette « honte » qui vous empêche de faire du mal. Parce que, enfants gâtés hyperconnectés, on n’est pas sans savoir que le monde virtuel a un coût écologique en eau, électricité et métaux rares bien réel. Alors, puisque nos métiers ont de plus en plus recours à l’IA et au digital, tâchons au moins de les utiliser avec un peu de conscience. C’est ça, la grandeur de l’intelligence humaine, face à l’artificielle.