
Le 15 avril, les traits tirés mais le teint rose (les allers-retours Matignon-Pau pour gérer les affaires de la commune, ça fatigue mais le bon air du Béarn, ça ravigote), présentait, l’air grave, à une poignée de ministres, de parlementaires et autres cerveaux disponibles prêts à se mettre au service du pays, le plan d’action de sa dernière invention, le « Comité d’alerte sur le budget » et son slogan : « La vérité permet d’agir ». Si la France va mal, c’est que « Nous ne produisons pas assez, nous ne travaillons pas assez ». Voilà pour la vérité. Pour l’action, François Bayrou a proposé un calendrier « exigeant » dont le rythme laisse pantois : avant le 14 juillet (ben oui, la Fête nationale et le salut au drapeau à Pau, faudra pas que m’sieur le maire rate ça), une cohorte « d’orientations » et de « solutions », résultats de « consultations » et de « suggestions », nourries d’une « conférence des territoires » le 6 mai visant à accoucher d’une « stratégie pluriannuelle ».
Oh la, tout doux Bijou. La dernière fois que François Bayrou a dû accoucher d’une stragégie, c’est lorsqu’il a été nommé (en 2020) à la tête du Haut-Commissariat au Plan, résurgence du Commissariat général au Plan datant de 1946, chargé d’« éclairer les choix des pouvoirs publics, sur les questions démographiques, économiques, sociales, environnementales, sanitaires, technologiques et culturelles ». En quatre ans de présidence Bayrou, ce Haut-Commissariat au Plan aura produit... 18 études, plutôt moins bien ficelées que ce qu’avait pu produire par exemple France Stratégie (dont l’objet, c’est amusant, est d’« éclairer les choix collectifs sur les grands enjeux environnementaux, économiques et sociaux, notamment via des exercices de prospective et des évaluations de politiques publiques »). Dans le genre éclairage, le Haut-Commissariat au Plan de François Bayrou, avait par exemple commis une « stratégie de reconquête face à la dette Covid » dans laquelle il recommandait un « plan Marshall » de 200 à 250 Mds € de dépenses publiques. Un fanal dans la nuit qu’Emmanuel Macron s’est empressé de ne pas suivre, préférant la lampe-torche de France 2030 (30 Mds €).
Bref. François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan-plan et Premier ministre du bla-bla, nous demandant aujourd’hui de nous serrer la ceinture et de mettre un coup de collier bande de feignasses, c’est gavé abusé comme disent les sauvageons du Sud-Ouest. La seule certitude à propos de ce Comité d’alerte, c’est qu’il ira rejoindre la litanie des trop nombreux Comités Théodule de ce pays, machines à brasser du vent qui, hélas, n’ont même pas l’utilité des éoliennes. La dette française peut grossir tranquille, ce n’est pas François Bayrou qui ira la dégonfler.