Humeur

Le Pentagone a mauvaise presse

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Emmanuelle de Jesus

Mardi 14 octobre, l’administration de l’autocrate orange sous une mèche blondasse, AKA Donald Trump, nous a fait une nouvelle dinguerie via son ministère de la Défense, rebaptisé « ministère de la Guerre ». L’idée des galonnés : imposer aux journalistes, dont certains sont accrédités depuis des décennies pour couvrir l’actualité du Pentagone, de s’engager à ne pas obtenir ni publier d’informations non autorisées, et restreindre leur accès à certaines zones. Les journalistes ont eu quelques heures pour signer un document de 21 pages qui n’était ni plus ni moins qu’une invitation à se passer une muselière et devenir le chien de garde de l’État-major américain.

Sauf que, 4e pouvoir, ça veut encore dire quelque chose dans un pays qui a fait couler un Président dans les eaux profondes du Watergate et dans un bel élan, la presse a fait front pour refuser de faire coucouche panier- papattes en rond. Même les médias les plus Trumpisto-compatibles (pas certaine que ce néologisme fera florès) ont préféré faire leurs cartons que de se plier l’échine façon origami devant cette atteinte sans précédent à la liberté de la presse. Dans le même temps, rapporte France 24, « l’allié de Trump, le multimilliardaire Larry Ellison, proche de l’extrême droite, étend son influence en bâtissant un empire médiatique favorable au président ».

Alors, je sais, comparaison n’est pas raison. Mais quand même...

Quand un ancien Président de la République est jugé coupable d’association de malfaiteurs et qu’un media d’extrême-droite, Frontière, dénonce « une fake news » orchestrée par le site d’investigation Mediapart...

Quand les médias détenus par Vincent Bolloré, (grand ami des Sarkozy soi-dit en passant, conservateur pour ne pas dire réactionnaire exaltant un catholicisme dont même Roselyne Bachelot dénonce le rance), explosent en audience...

Quand la vénérable Monnaie de Paris attaque le média La Lettre pour « violation du secret des affaires » car ce dernier a osé publié une série d’articles sur des dysfonctionnements que même la Cour des comptes a épinglé dans un rapport...

Je me dit qu’un jour viendra où TOUS les journalistes, sans exception, auront à se poser la question de la muselière ou du carton. J’ai pour ma part, le museau sensible. Je crois très fort que mon travail n’est pas la licence de raconter n’importe quoi en l’appelant liberté de la presse. Je ne mesure pas non plus cette liberté à l’aune d’une laisse tenue par les pouvoirs politiques ou économiques. Conclusion : la vigilance est de mise... et les cartons au frais.