Humeur

Le quatrième pouvoir et les élections

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Antonin Tabard

Une Une qui dit tout ou un édito suffisamment assaisonné... Les médias occupent une place de choix lors des élections et face à l’opinion publique. Cet entre-deux tours l’a une nouvelle fois prouvé avec des prises de positions clairement affichées. Pour ne citer que quelques exemples, Les Inrockuptibles ont titré en Une, le 20 avril, « Non » en noir et en caractère gras pardessus un portrait cadré de sorte qu’on puisse imaginer reconnaître Marine Le Pen. De son côté, L’Obs a choisi une photo d’un meeting de la candidate RN masquée par des drapeaux, avec pour mention « Alerte nationale - Pourquoi Macron peut perdre / Comment Le Pen mettrait la France en péril », pour illustrer son numéro du 14 au 20 avril.

Enfin, le magazine économique Challenges a quant à lui opté dans son numéro du 13 avril pour une Une totalement noire avec un portrait en noir et blanc de Marine Le Pen au-dessus duquel on peut lire en gros caractères la mention « Danger ! » suivie de quatre lignes explicatives : « Déficit : +100 milliards / Europe disloquée / Institutions menacées / Xénophobie rallumée »... Le magazine toujours détenu en partie par LVMH (40%) affiche clairement son parti pris puisqu’en Une du 21 avril, il a cette fois préféré placer une photo en couleur du président sortant avec le message cette fois placé en dessous de la photo : « Social, retraites, santé, éducation... Ce qu’il veut faire ».

Libération avait déjà fait dans la sobriété le 7 mai 2017 en faisant apparaître « faites ce que vous voulez mais votez Macron » au centre avec un Emmanuel Macron détouré en pied de Une. Ce n’est pas pour rien si la presse et les médias sont souvent désignés par l’expression « quatrième pouvoir ». « Historiquement, le journal est intrinsèquement porteur d’engagement, il a toujours eu une couleur politique », explique l’historienne Isabelle Veyrat-Masson au Huffington Post, rappelant qu’un des premiers titres de presse a été fondé en 1631 pour couvrir l’action du Premier ministre le cardinal Richelieu.

Aujourd’hui, la prise de position est plus délicate, selon que les rédactions sont en quête de neutralité ou qu’elles défendent un journalisme d’opinion, et reste bien souvent dictée par un actionnariat... Marianne en a d’ailleurs fait les frais lorsque son actionnaire majoritaire est directement intervenu pour faire modifier la Une du 21 avril et ainsi remplacer le message initial « La colère... ou le chaos ? » par « Malgré la colère... éviter le chaos ».