Humeur

Le salaire de la peur

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Frédéric Chevalier. JDP

« Le capitalisme est déréglé ». C’est ce qu’a affirmé sur BFM Business Éric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts, ajoutant que : « Depuis 20 ans, il y a eu un accroissement des inégalités. Trop de revenus sont allés au capital et pas assez au travail [...] Les rendements de plus en plus élevés exigés par les investisseurs se font au détriment des salariés [...] Il me semble qu’il y a un réglage à faire. » Une correction qui passerait par une revalorisation des salaires, jugée d’autant plus urgente par le directeur de cette importante institution financière publique que « dans la période qui s’ouvre, on aura deux raisons de distribuer du pouvoir d’achat : l’inflation et la transition écologique, qui nécessitera de payer plus cher certains services de base ».

Avec en sous-titre la peur de voir naître au sein du peuple une légitime colère explosive. De quoi alerter la plupart des candidats à l’élection présidentielle, les poussant à multiplier les propositions pour offrir aux Français leur dose de pouvoir d’achat en plus. Et si le nombre est à la fête, l’originalité est restée au vestiaire. Ainsi, à gauche, les candidats, en bons camelots, répètent une course éculée à l’échalote, ferraillant sur le thème de celui qui proposera la plus importante augmentation du Smic. À droite, on nous ressort la triste mélodie du « coût du travail » et de ces si injustes cotisations salariales et patronales, qu’il suffit de baisser pour regonfler le salaire des Français.

Ils omettent au passage de rappeler à leurs électeurs, que ces charges diaboliques financent la majorité du sacro-saint système de protection sociale français et qu’ainsi leur tour de passe-passe fiscal se traduit in fine par, au choix, un recul forcé de l’âge légal de départ à la retraite, une réduction des droits au chômage ou toutes autres dégradations du service public.