Humeur

Les Premiers seront les derniers

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Emmanuelle de Jesus

Septembre arrive et avec lui, déjà, un nouveau Premier ministre, et deux mouvements sociaux, c’est la rentrée, la vraie, youpi. Entre nous, François Bye-Bye Bayrou a bien fait de ne pas lâcher la mairie de Pau, comme disait sûrement sa mère-grand : « Il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier », le voilà au chaud au moins jusqu’en 2026, on a failli avoir peur pour lui.

Mais revenons à la capitale où Saint Sébastien Lecornu, martyr de la Macronie en déconfiture, n’en peut plus de recevoir les syndicats dans son bureau comme autant de flèches, à l’image du sublime chrétien dont il porte le patronyme. Histoire de calmer le populaire, il a frappé très fort par décret en supprimant les derniers avantages « à vie » des anciens premiers ministres, qui concernaient l’usage d’un véhicule et d’un chauffeur et la protection policière. À partir du 1er janvier 2026, Édith, Alain, Édouard B. et les autres vont rendre les clefs et congédier leurs gens, aimablement payés par le denier public. Tu parles d’un Nouvel An. Vous me direz, ça fera toujours une économie sur les étrennes mais enfin, l’un dans l’autre, va falloir retourner en concession pour se faire expliquer la différence entre hybride et full électrique, c’est bien la peine d’avoir fait l’Ena.

Économie réalisée : 4,4 M €. Dette publique de notre pays : 3,345 Mds €, ce qui nous a valu une note dégradée de la part de l’agence Fitch (de AA- à A+) et Bayrou depuis Pau qui lance des incantations sur l’air de « Je vous l’avais bien dit ». Alors certes, sur un plan politique, cette petite estocade démagogique aux privilèges de nos ex-Premiers n’a pas de prix. Mais ce minuscule effort budgétaire ne résoudra ni le problème de la dette, ni ne comblera l’énorme déficit de confiance que la classe politique, chef de l’État en premier, affiche depuis des mois.

Sur ce, je ne saurais trop conseiller aux ex-meilleurs d’entre nous de renoncer à la voiture, surtout à Paris, et de prendre plutôt les transports en commun : ils y gagneraient une toute petite chance de ressentir pourquoi le peuple français, au nom duquel ils ont si souvent parlé, en a ras la casquette. Vous me direz : ça ne servira à rien, ils ne sont plus en fonction. Certes. Mais ils pourront toujours recycler ça dans un bouquin ou dans un dîner. Voire même, en choisissant bien leur rame et une heure de pointe, ils auront un aperçu de la vraie vie, celle qui vous heurte et vous fait voter extrême. Un truc impossible à comprendre quand on traverse l’existence dans une voiture avec chauffeur...