Humeur

Lettre à France

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Emmanuelle de Jesus.

Chère France, tu as inspiré des vers sublimes (« Que je te choisis, France et que, dans ton martyre/Je te proclame, toi que ronge le vautour/ma patrie et ma gloire et mon unique amour ! », merci au Bisontin Victor Hugo), des chansons (« Douce France, cher pays de mon enfance », merci au Fou chantant Charles Trenet)... Te voilà aujourd’hui devenue un slogan, aussi triste qu’un hashtag sur un réseau social : « France Services », « France Relance », « France 2030 ». Certes, cela manque de poésie mais c’est compréhensible, efficace et ça n’incite pas au débat. Plus problématique est « France Travail », le nom du futur guichet unique destiné aux demandeurs d’emploi, contraction du « J’ai besoin de remettre la France au travail » lancé par Emmanuel Macron.

On comprend bien encore l’ambition de faire simple et lisible, mais associer ainsi sans fioriture ces deux mots est un peu fâcheux : outre que cela rappelle furieusement le slogan pétainiste “Travail Famille Patrie”, cela sous-entend que le pays se la coule douce et doit fissa s’y remettre. Le symbole est fort et les mots ont un sens. Pôle Emploi, finalement, avait une connotation positive et un objectif de retour au travail affiché mais sans l’injonction de ce « France Travail » réducteur et un poil agressif. À ce titre, chère France, peut-être aurais-tu préféré qu’on te laisse tranquille...