« CDD de six ans, renouvelables. Présence recommandée ou obligatoire de nombreux week-ends sur le lieu d’exercice des fonctions. Responsabilité pénale potentiellement engagée. Possibilité d’être insulté, violenté, de voir ses biens saccagés ou vandalisés, menaces de mort y compris sur l’entourage non exclues. Rémunération selon le lieu d’exercice, entre 990 et 5.700 euros par mois. »
Qui répondrait à une petite annonce ainsi rédigée ? Et pourtant, cette fiche de poste a séduit 34.888 candidats en 2020 : ils et elles sont les maires des communes françaises.
Mais l’attrait pour la fonction vient encore d’être salement écorné. Harcelé pendant des mois, victime d’un incendie criminel de son domicile le 22 mars dernier pour avoir accompagné l’installation, à la demande de l’État, d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile sur sa commune, le maire de Saint-Brévin-les-Pins Yannick Morez, a décidé de démissionner de son mandat de maire.
Reçu par la Première ministre, applaudi par les sénateurs, entendu par la Commission des lois, il n’en démord pas et va même quitter la commune – fermant du même coup son cabinet de médecin généraliste.
Si l’émotion est légitime, ce genre d’affaire n’est pas nouveau. En août 2019, le maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, mourrait après avoir été renversé par une camionnette pour avoir tenté de mettre fin à un dépôt sauvage de gravats.
Plus près de nous, en Côte-d’Or, le maire d’Ouges était violemment agressé en mai 2021 pour avoir voulu interrompre un rodéo urbain.
La maire de Bagnot, Mary-Claude Thurillat, violentée par un administré en 2018 pour un différend concernant le logement communal qu’il occupait…
Cela fait trois ans que le Sénat, via une consultation nationale ou l’Association des maires de France fait le triste décompte des incivilités, injures, menaces ou agressions subies par les maires dans l’exercice de leur mandat et le constat est toujours le même : comme les pompiers, les médecins (ne parlons même pas des forces de l’ordre), les élus de proximité ont rejoint la cohorte de ceux que leur fonction sociale ne protège plus de la violence.
Lors d’un échange il y a quelques jours avec le préfet de Côte-d’Or dans le cadre d’une rencontre sur les difficultés liées à l’exercice de leurs mandats, les maires du département lui ont fait part de cette menace qui désormais s’ajoute à leurs responsabilités. Sa réponse : porter systématiquement plainte.
Pas sûr que cela suffise à les rassurer : Mary-Claude Thurillat a dû attendre trois ans que son agresseur soit condamné, le maire d’Ouges espère une audience à la fin de l’année. Pourtant, c’est de la justice et d’elle seule que peut venir une réponse républicaine à ces atteintes insupportables aux premiers magistrats de nos communes.