Humeur

Moulin à vent

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Frédéric Chevalier (Crédit : DR)

Le 26 mai, Dijon accueillait la deuxième COP régionale sur le climat et la biodiversité au parc des expositions et congrès. L’occasion de faire le point sur une année d’actions et de présenter une nouvelle feuille de route verte en présence de François Rebsamen dans son habit de ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Hasard du calendrier, c’est ce même jour que l’Assemblée nationale devait débattre de la proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », dite « loi Duplomb ». Une loi qui permet notamment la réintroduction, à titre dérogatoire pour la production de noisettes, de betteraves ou de kiwis, de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, tueur d’abeilles interdit en France depuis 2018. Débat, il n’y aura finalement pas eu, l’assemblée ayant voté, sous la pression des manifestants de la FNSEA, une motion de rejet afin d’envoyer directement le texte en commission mixte paritaire et ainsi éviter la bataille d’amendements dans laquelle les députés des groupes « Écologiste et social » et « La France insoumise » avaient décidé de se lancer. Deux jours plus tard, c’étaient aux zones à faibles émissions (ZFE) de faire leurs adieux. Leur suppression a été adoptée par les députés avec 98 voix pour et 51 contre et 6 abstentions. Je rappelle que l’objectif de cette loi était l’amélioration de la qualité de l’air, avec un enjeu majeur de santé publique, puisque 40.000 personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air. Dès lors, pour l’écologie et notre bonne vieille terre, la feuille de route verte de la COP régionale prend soudain des allures de ligne verte que suivent les condamnées à mort des prisons américaines le jour de leur exécution. Quand on interroge le ministre François Rebsamen quant à la valeur de cette déclinaison régionale de la Conférence des parties au vu du détricotage des mesures en faveur du climat et de la biodiversité à l’œuvre en France, on comprend bien vite que l’accélération sans précédent des efforts collectifs pour baisser significativement les émissions de gaz à effet de serre a du plomb dans l’aile (sans mauvais jeux de mots avec la loi éponyme). Car si le oui est massif sur la nécessité de la transition écologique, sa mise en place effective se pare de nombreux « oui, mais » délétères, à l’image des « il ne faudrait pas sombrer dans la décroissance », « faire dans la surtransposition des directives européennes », « être dans l’écologie punitive »… En résumé, la seule avancée à attendre en matière d’écologie gouvernementale viendra peut-être de la communication qui, à force de brasser de l’air, va finir par produire autant qu’un parc éolien off-shore.