
On ouvrait la radio (oui, il en reste qui le font), la télé (itou), on scrollait son téléphone, on scrutait les réseaux et c’était la litanie : les morts de Gaza, les morts de l’Ukraine, les blessés de Boulder, l’attaque de Puget-sur-Argens. Sang, sang, sang. Larmes et désespoir.
Et puis… Lois.
Lois Boisson.
Lois Boisson, de Dijon.
Inconnue sauf des initiés et des passionnés de tennis. Lois, si prometteuse déjà, que Roland-Garros lui avait fait parvenir l’année dernière une invitation pour se frotter aux joueuses du Grand Chelem. Mais voilà, le destin est parfois cruel et brise les espoirs comme il arrache les ligaments.
Oui mais…
Lois.
Lois est un roc, elle a un cap : revenir. Alors elle s’entraîne dès que sa santé le permet. Elle lance une cagnotte en ligne pour lui permettre de financer son retour. Seuls trois donateurs se cotisent pour quelques centaines d’euros. Mais elle s’accroche, elle a la gagne. Et cette fois-ci, elle honore l’invitation de 2024.
Et là…
L’incroyable.
Au premier tour, elle, la 361e mondiale bat la 24e.
Deux jours plus tard, elle passe le deuxième tour.
Deux jours encore, et une victoire.
Et on commence à s’emballer autour d’elle…
Le 2 juin, elle bat la 3e mondiale, le 4 la 6e et on se prend à rêver… Une Française en demi-finale de Roland Garros, on n’avait pas vu ça depuis 14 ans.
Oui le 5 juin, la pression était énorme et en face d’elle une vétérane de 21 ans ( !), déjà vainqueure en Grand Chelem, Coco Gauff. Alors elle a trébuché.
Mais cet espoir immense qu’elle a soulevé.
Ces minutes pendant lesquelles on ne respirait plus, les cris de joie dans les fanzones, voilà quelque chose qu’elle nous a donné et qui n’appartient qu’à elle pour l’éternité.
Et pendant ces minutes où l’on a oublié les morts, les larmes et le sang, où les seuls cris étaient des cris de joie, la vie était belle, alors pour ça, merci Lois et…
À l’année prochaine !