La France, qui adore donner des leçons, peut se targuer depuis plusieurs années de stagner dans le milieu de tableau des pays dans le classement Pisa, cette enquête internationale qui tous les trois ans (les résultats 2022 tomberont en décembre de cette année), compare les résultats des élèves issus de différents environnements d’apprentissage.
En 2018, dernière année de référence, la France obtenait 493 points dans le domaine de la compréhension de l’écrit, légèrement au-dessus des 487 points de moyenne dans les pays de l’OCDE, à égalité en Europe avec la Belgique, derrière l’Allemagne (498 points), la Chine occupant la première place (555) devant Singapour (549).
S’agissant de la lecture, l’enquête constatait que de plus en plus d’élèves considèrent la lecture comme une « perte de temps ». En pleine rentrée littéraire, voilà qui fait mal... Les résultats de la France en sciences et en mathématiques avec respectivement 493 et 495 points en mathématiques et en sciences fait légèrement mieux que la moyenne OCDE (489 points dans ces deux domaines).
Les deux premières places sont là encore occupées par la Chine (591 en mathématiques et 590 en sciences) et Singapour (569 en mathématiques en 551 en sciences). Un professeur écrirait sûrement un gros « peut mieux faire » sur une telle copie. Les raisons de la faillite de notre système éducatif sont nombreuses et selon l’échiquier politique vont du manque de moyens à la disparition de l’autorité et du respect du corps professoral.
Ça tombe à pic : lors de son discours de prise de fonction comme nouveau ministre de l’Éducation nationale, le bon élève du gouvernement Gabriel Attal n’a cessé de marteler que l’autorité serait à la base de son action. On attendait donc avec impatience ses premières annonces pour requinquer le respect dû aux professeurs et remonter les bulletins de notes de notre école.
On n’a pas été déçus : peut-être pour réveiller la torpeur d’une fin d’été caniculaire, le ministre a annoncé... l’interdiction du port de l’abaya, vêtement porté par les élèves musulmanes, au nom de la laïcité et de la neutralité religieuse. Et tant pis si le Conseil national du culte musulman s’insurge et parle non pas d’un vêtement religieux, mais « traditionnel » - l’Arabie saoudite, que l’on ne peut soupçonner de transiger avec la loi religieuse, a d’ailleurs pris la décision... d’interdire le port de l’abaya pour les étudiantes lors d’examens.
Et puisqu’on parle chiffons, Sabrina Agresti-Roubache, nouvelle secrétaire d’État chargée de la Ville, a elle une autre idée lumineuse : prescrire le port de l’uniforme scolaire, pour lutter contre les inégalités. Mais pas partout : dans les quartiers prioritaires de la ville. Un uniforme oui, mais pour les plus modestes. Drôle de manière de lutter contre la stigmatisation...
Enfin et sans vouloir embrouiller la bobine, comment feront les élèves face à un uniforme assigné qui reflètera leur état-civil et pas forcément le genre par lequel ils veulent être identifiés ? Trève de plaisanterie : notre éducation nationale va mal. Et ses professeurs ont besoin d’autre chose que des prescriptions de dressing pour lutter contre d’une part la baisse de niveau des élèves et d’autre part la remise en cause des valeurs républicaines par certains. Mais pour être ministre, il ne suffit pas du costume, il faut aussi avoir l’étoffe.