Rien que la semaine dernière, pas moins de deux écoles enseignant le codage informatique ont ouvert (Holberton) ou annoncé (Coda) leur ouverture à Dijon. Le code, aujourd’hui, c’est comme le bac hier (voire avant-hier) : la voie de tous les possibles, l’Eldorado des lendemains qui chantent et du portefeuille de bitcoins, l’ascenseur social en vitesse vertige. Mark Zuckerberg et Bill Gates ont chanté les louanges de l’apprentissage du code dès le plus jeune âge - assez comique quand on sait que les gens de la tech interdisent les écrans à leurs gamins pour éviter de les abrutir trop tôt.
Pas sûre, en ce qui me concerne, que devenir les maillons d’un vaste univers informatique emmène l’humanité vers plus de bonheur… Mais le monde binaire allant de pair avec le manichéisme des opinions (je n’ose même plus qualifier cela de pensée) en marche, il semble clair que les gagnants de demain sont les codeurs d’aujourd’hui. Alors... (Très lointainement inspiré par le génial poème « If » de Rudyard Kipling)
Si tu ne chéris pas les livres de papier,
le gigot de huit heures,
les balades sans objet,
l’esprit parti ailleurs…
Si tes nombreux amis ont pour noms followers,
Que tu comptes et recomptes sur tes réseaux sociaux
Que ton smartphone est devenu ton pacemaker
Opérateur discret logé dans ton cerveau.
Si tu penses que la vie peut s’écrire en deux chiffres
Un 0 et un 1 pour ranger le chaos
Refuser le désordre mais devenir Sisyphe
D’un univers numéroté 2.0
Si pour avoir les codes il te faut donc l’apprendre
Et prendre ainsi ta place au monde de demain
Décrypter la matrice à défaut de comprendre
Que c’est bien elle au fond qui a lié tes mains.
Alors si à ces mots tu veux crier « boomer »
S’esclaffer de mes craintes, rires en feux d’artifice
Ta vie déjà tracée, ta vie de programmeur
Tu seras codeur, mon fils.