Humeur

Sochaux must go on

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Emmanuelle de Jesus

Le mois de juin a sonné le début de la série noire pour les clubs de football en BFC. C’est d’abord Auxerre qui voyait son équipe, l’AJA, rétrogradée en Ligue 2 ; puis le DFCO dijonnais, relégué lui en National après une saison en enfer. Mais rien à voir avec le coup de tonnerre qui a frappé le Football Club Sochaux-Montbéliard (lire aussi en page 3), qui risque purement et simplement de disparaître à cause d’une gestion calamiteuse de ses finances. La faute à un propriétaire, le groupe chinois Nenking, qui n’a pas tenu ses promesses ; et à un directeur général, Samuel Laurent, que tous les commentateurs comme les supporters rendent responsable de la disparition programmée des « Lionceaux ». Localement, on se démène. Romain Peugeot, arrière-petit-fils du fondateur du FCSM, se posi- tionne en capitaine du renflouement, négocie avec le groupe Nenking pour racheter le club et obtient un soutien sans précédent des collectivités locales : « 3,7 millions d’euros » de promesses d’argent public selon son avocat Laurent Cotret venus fortifier un dossier « en béton armé » déclarait-il dans les colonnes de l’Équipe. Mais qui n’aura pas suffi à convaincre le Comité national Olympique et spor- tif français... Conscients de l’impact économique et social du club, les politiques montent au créneau : le 31 juillet, Gilles Platret enfilait son maillot de conseiller régio- nal pour demander officiellement à Marie-Guite Dufay de sauver « un véritable monument de l’his- toire, qu’il nous faut préserver ». Au soir du 2 août, Christine Bouquin (présidente du conseil départe- mental du Doubs), Damien Meslot (maire de Belfort et président du Grand Belfort), Charles Demouge, président du Pays de Montbéliard agglomération faisaient paraître un communiqué commun, en appelant au Comité exécutif de la fédération fran- çaise de football pour que le dossier de reprise soit réexaminé. Nicolas Pacquot, député Renaissance dans le Doubs a même assuré dans la presse qu’Em- manuel Macron se montrait « très préoccupé » par la situation des Lionceaux sochaliens... Certes, on pourrait s’étonner d’un tel emballe- ment politique autour d’un club de football. Ce serait oublier à quel point le football professionnel a depuis longtemps quitté la seule sphère spor- tive pour devenir un acteur économique à part entière d’une région et ce d’autant plus quand la région - c’est le cas pour Sochaux-Montbéliard - est elle-même étroitement liée à une seule filière industrielle, celle de l’automobile en l’occurrence et notamment à la famille Peugeot... Ce serait aussi minimiser l’impact sociétal d’un club de football professionnel lorsqu’il prospère dans un bassin économique sinistré. Or les conclusions de l’Emfor (spécialiste de l’information sur la formation, l’emploi et l’orientation en région BFC dont le travail est une aide à la décision pour les instances régio- nales) sont sans appel : dans son diagnostic préa- lable à l’élaboration du contrat de plan régional de développement des formations et de l’orientation professionnelles 2023-2028, il pointe une « zone d’emploi affichant notamment le taux de chômage le plus élevé de Bourgogne-Franche Comté, un taux de pauvreté supérieur à la référence régionale, une forte ancienneté au chômage et la plus forte part de la région de population vivant en quartiers prioritaires de la politique de la ville. En outre, le taux d’emploi de la population en âge de travailler fait partie des plus faibles de la région en particulier pour les seniors et les femmes soulignant des difficultés d’accès ou de maintien en emploi de ces populations ». Faire disparaître le FCSM et ses retombées économiques comme sociales serait donc enfoncer un clou de plus dans le cercueil d’une région moribonde.