Si les Ukrainiens et la diplomatie européenne n’attendaient, à raison, pas grand-chose de la visite d’État de Xi Jinping en France - pourtant régalé de « chair de tourteau et caviar, suprême de poulette de Bresse aux pousses d’épinards, galoche au thym et petites pousses, suivi de fraises de printemps et meringue craquante » lors du dîner de gala à l’Élysée – il en est quelques-uns qui ont salué comme il se doit la visite du président chinois sur le sol français : les viticulteurs bourguignons et plus précisément ceux détenteurs des appellations « Mâcon » et « Gevrey-Chambertin », désormais reconnues par la législation chinoise.
« Cet enregistrement est une très bonne nouvelle pour nos appellations et les progrès en termes de reconnaissance de nos droits. Cela est le fruit d’un travail de coopération exemplaire entre les acteurs de la filière bourguignonne et les services de l’État. Nous ne pouvons que nous en féliciter, se sont réjouis Thiébault Huber, président des vignerons bourguignons et Laurent Delaunay, président du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne. Dans notre esprit, il s’agit d’une première étape et ces deux appellations sont les modèles pour un enregistrement plus général de l’ensemble des appellations de Bourgogne ».
Prions Saint-Vincent que cette vue de l’esprit soit partagée par les Chinois. Prions d’autant plus que cette reconnaissance n’est pas exactement sans contrepartie : ainsi, la France soutient la candidature de la Chine à l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin, dont le siège est à Dijon) et, selon le communiqué de l’Élysée, la France « souhaite continuer de suivre le développement de l’industrie vitivinicole en Chine et est prête à améliorer conjointement avec la Chine le niveau de développement de l’industrie de la vigne et du vin ».
Septième marché export des vins de Bourgogne, la Chine pourra donc, avec la bénédiction française, effectuer un saut qualitatif pour ses 800.000 hectares de vignes (son vignoble est en 2e position mondiale derrière l’Espagne et juste devant la France). Et dans une dizaine d’années, au volant de nos voitures électriques chinoises, nous irons acheter du vin chinois, tandis que les riches ressortissants de l’Empire du Milieu, boiront des Grands crus importés de Bourgogne, là où ils possèdent d’ailleurs quelques-uns des plus beaux vignobles, à l’arrière de leurs voitures de luxe européennes…