
L’Urssaf Bourgogne nous a réservé cette semaine la primeur de ses résultats dans la lutte contre le travail dissimulé (lire page 5). Des chiffres (hélas) en hausse, prouvant que certains font des cocottes avec les déclarations à l’embauche, n’ont rien contre le troc « heures supplémentaires contre billet sous la table » et se contrefoutent que leurs petits trafics mettent en péril notre système social, une spécificité aussi française que la tête de veau. Car frauder aux cotisations va bien plus loin que la tentation de muscler un peu la trésorerie tout en se comportant comme un esclavagiste moderne dans les plus mafieux des cas. Creuser un peu plus le fameux « trou de la sécu », c’est mettre en péril le système de retraite par répartition, les indemnités du salarié en cas de maladie, d’accident du travail ou de grossesse... Bref, scier un peu la branche sur laquelle repose une partie du bon fonctionnement de notre tissu entrepreneurial et de l’attractivité de notre pays. C’est aussi l’occasion de démonter certains a priori : contrairement à une idée reçue, l’hôtellerie-restauration ne constitue que 2% des entreprises redressées, contre, par exemple, 35% pour les services. Les travailleurs indépendants, type autoentrepreneurs, ne sont pas à l’abri de contrôles, bien au contraire, car l’Urssaf a certaines compétences dans le croisement des données avec les collègues des impôts et les incohérences ont du mal à échapper à une bonne IA ; et si le travail dissimulé concerne, dans certains secteurs comme le bâtiment, des métiers peu qualifiés, il y a bon nombre de professionnels de santé parmi les fraudeurs. Étonnant, non ?, comme le disait le regretté Pierre Desproges quand il jouait au Monsieur Cyclopède (les plus anciens comprendront, pour les autres, voyez avec Wikimachin). Et pour ceux, tentés par la privatisation (voire la privation) complète des allocations et autres indemnisations, prions pour que le chirurgien ait correctement réussi l’ablation de leur dignité et de leur conscience...