Humeur

Vendredi (pas très) sain

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Emmanuelle de Jesus.

C’est peut-être le soleil, la proximité de Paris, le mot « Bourgogne » qui fait frétiller nos élus nationaux mais voilà deux vendredis de suite que de hauts personnages de l’État honorent le département de Côte-d’Or de leur visite, à chaque fois sur le thème de l’écologie : le 26 mai, Élisabeth Borne se rendait en forêt du Châtillonnais.

Les photos dans la presse nous ont montré une Première ministre détendue, assise sur un plaid, des feuilles à la main, pour présenter les mesures du gouvernement en faveur de la biodiversité. Gouvernement d’ailleurs très bien représenté : pas moins de quatre ministres (Marc Fesneau, agriculture et souveraineté alimentaire, Christophe Béchu, transition écologique et cohésion des territoires, Sarah El Hairy, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel et Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’écologie) entouraient la Première ministre, dans une vision que l’Académie des Beaux-Arts qualifierait sûrement de « bucolique ».

Rebelote vendredi 2 juin, où la petite commune de Fontaine-Française a vu fondre dans ses rues moultes forces de l’ordre et voitures officielles : la Présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, quatrième personnage de l’État, venait en effet y inaugurer le réseau de chaleur de la petite commune, entourée de deux députés, d’une sénatrice, de la sous-Prefète, du président du Conseil départemental...

Félicitons-nous que les précoccupations écologiques soient devenues des engagements politiques. Même si elles prennent une toute autre saveur lorsqu’on lit - je conviens qu’il y a des lectures plus divertissantes - le texte de loi transmis le 23 mai dernier par le Sénat à l’Assemblée nationale.

Il y est notamment question, si une évaluation conduite par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail concluait « à l’absence de risques inacceptables pour la santé et l’environnement », de permettre au ministre chargé de l’agriculture de délivrer dans le respect du réglement « instaurant un cadre d’action communautaire pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable », une autorisation d’utilisation des « aéronefs télépilotés ou contrôlés par intelligence artificielle pour la pulvérisation aérienne de produits phytopharmaceutiques ».

En langage clair : des drones bourrés d’intrants. Faudrait pas que ces engins, s’ils devaient être autorisés, circulent en Côte-d’Or un vendredi ensoleillé : avec un peu de malchance, ils pourraient tomber sur un ministre....